Il faut sauver les derniers dauphins de l’Irrawaddy du Mékong

Il faut sauver les derniers dauphins de l’Irrawaddy du Mékong

« George le solitaire », tel était le surnom donné au dernier dauphin de l’Irrawaddy au Laos. Il s’est éteint en février dernier. Cette triste nouvelle nous incite à redoubler d’efforts là où l’espoir est encore permis. C’est le cas au Cambodge, où nous suivons depuis plus de 20 ans la petite population de dauphins de l’Irrawaddy à Kratie. Mais le temps presse, car les pressions exercées sur l’habitat des dauphins ont dramatiquement augmenté ces derniers mois. 

En mars dernier, nous avons appris la mort du dernier dauphin de l’Irrawaddy au Laos. Le monde de la conservation savait la population locale de dauphins condamnée depuis 2016. Les barrages hydroélectriques, l’enchevêtrement dans les filets de pêche, l’isolation et la pollution lui ont été fatals.  

L’espèce est donc désormais localement éteinte dans cette partie du fleuve Mékong. Mais en aval, dans la portion cambodgienne de la rivière, un espoir subsiste pour cette sous-espèce. Mais pas question de perdre une minute de plus. Les trois populations riveraines de dauphins de l’Irrawaddy sont classées « en danger critique d’extinction ». 

Protéger les dauphins de l’Irrawaddy du Cambodge 

Dans la province de Kratie, à l’est du Cambodge, le WWF-Belgique et ses partenaires mettent tout en œuvre depuis 20 ans pour sauver la fragile population locale de dauphins de l’Irrawaddy. Et le défi est de taille. Ces sympathiques cétacés à l’air rieur sont menacés par les mêmes facteurs que ceux qui ont contribué à l’extinction des dauphins du Laos. À la barre, nous appelons les filets maillants.  

Ces filets de pêche qui dérivent sont de véritables rideaux de mort pour les dauphins de l’Irrawaddy. Pris au piège, ils s’asphyxient et se noient en quelques minutes à peine. Et malgré une interdiction stricte d’utiliser de tels filets, la pratique reste courante parmi une partie des populations locales. Chaque mois, 72 écogardes de rivière, issus des villages environnants, désamorcent en moyenne 3600 mètres de filets maillants. 

Nos collègues au Cambodge mènent également de nombreuses campagnes de sensibilisation à l’importance du dauphin auprès de la population. Initiée par le WWF, la Journée du dauphin connaît par exemple un grand succès chaque année à Kratie.  

Ces dernières années, des résultats encourageants ont même pu être observés pour l’espèce que l’on surnomme « le sourire du Mékong ». 

De 2016 à 2020 : du déclin à la stabilisation, un regain d’espoir pour l’espèce

En 2018, après des décennies de déclin, la population de dauphins de l’Irrawaddy au Cambodge était passée de 80 à 92 individus en deux ans. Une augmentation exceptionnelle de près de 10 %. Deux ans plus tard, en 2020, le gouvernement cambodgien rejetait pour de bon le projet de barrage hydroélectrique de Sambor. Cette construction menaçait non seulement des millions de personnes dépendant du fleuve pour leur sécurité alimentaire, mais aussi l’équilibre entier de cet écosystème unique et précieux. Les dauphins de l’Irrawaddy du Mékong auraient été condamnés si une telle construction était venue entraver le libre débit du fleuve. L’annonce du rejet du projet du barrage de Sambor avait marqué un tournant majeur et positif dans la poursuite de la protection de l’espèce au Cambodge. 

Malheureusement, la situation s’est dégradée à nouveau en 2021

Malgré nos efforts sur le terrain, les effets liés à la crise sanitaire se font encore durement ressentir. De nombreuses personnes sont retournées vivre en milieu rural et exercent davantage de pression sur les écosystèmes. Les pratiques de pêches non durables, telles que l’utilisation de filets maillants dérivants et la pêche à l’électrocution ont causé la mort de neuf dauphins en 2021. C’est pourquoi il est crucial d’augmenter les efforts de protection de l’espèce. En mettant en place davantage de patrouilles sur le fleuve, et en améliorant leur équipement. Mais pas que...

Une technologie innovante pour protéger les dauphins de rivière 

La première cause de mortalité chez les dauphins de l’Irrawaddy est l’enchevêtrement dans les filets de pêche. Et avec un taux de natalité très bas, la moindre perte entraîne des conséquences désastreuses pour l’avenir de l’espèce. En 2021, le WWF a lancé un projet innovant en Indonésie pour protéger les dauphins de l’Irrawaddy vivant dans le fleuve Mahakam. Ce projet pilote a prouvé que les émetteurs d'ultrasons électroniques attachés aux filets de pêche contribuent à dissuader les dauphins de rivière de s'en approcher trop près. Grâce à cela, ils courent moins de risque d’être pris au piège dans les mailles serrées et de mourir noyés.  

« Le projet innovant des émetteurs s'est avéré bénéfique tant pour les dauphins de rivière que les communautés riveraines, qui ramènent plus de poissons lorsque les ultrasons sont actifs », a déclaré Daphne Willems, responsable du projet « River Dolphin Rivers Initiative » mené par le WWF. 

« La réduction des conflits entre les dauphins et les pêcheurs est au cœur des efforts mondiaux visant à sauver les six espèces de dauphins de rivière. Il est donc urgent d'étendre le projet d’émetteurs d’ultrasons électroniques aux autres régions abritant des populations de dauphins de rivière », a-t-elle ajouté. 

Cette même technologie sera appliquée dans les mois qui viennent pour les dauphins du Mékong. Des ateliers seront notamment organisés pour que les pêcheurs issus des communautés locales puissent équiper leurs filets avec les émetteurs. Avec cette technologie, nous pourrons offrir un répit salvateur à la fragile population de dauphins de l’Irrawaddy. Nous vous tiendrons informés de l’avancée du projet ! 

Agissez avec nous pour les dauphins, faites partie de la solution !

Adoptez symboliquement un dauphin : en faisant un don mensuel, vous contribuez à la protection des dauphins de l’Irrawaddy de façon durable. 

Ensemble, nous pouvons protéger les dauphins de L’Irrawaddy au Cambodge avant qu’il ne soit trop tard.