Ces écogardes qui protègent notre planète

Ces écogardes qui protègent notre planète

On imagine souvent un·e écogarde comme une personne en uniforme qui protège les animaux sauvages. C’est vrai, mais les écogardes font bien d’autres choses ! Ce sont les gardien·nes de notre planète, protégeant chaque jour 15% de toutes les surfaces terrestres et environ 7% de l’océan. Les écogardes aident par exemple les communautés locales à se former à l’agriculture durable ou informent les touristes sur les espèces qui vivent dans les parcs. Les écogardes collectent aussi des données scientifiques et entrent en action en cas de catastrophes naturelles. Enfin, leur travail permet aux humains de vivre en harmonie avec les animaux sauvages. Découvrez ici le métier exceptionnel de quatre écogardes.

Cohabiter avec les ours

Beren bij vuilnisbakken
Une ourse et ses trois oursons près de poubelles à Băile Tușnad.

C’est entre les montagnes de Harghita et celles de Bodoc, dans un écrin de forêts, que se niche le village de Băile Tușnad. Ses 1.400 habitants ont des voisins très particuliers : les ours bruns. L'écologiste László Gál a consacré sa vie à ces créatures majestueuses.

László Gál

Pendant la nuit, László’s patrouille les rues de Băile Tușnad, à la recherche d’ours. Ce qui les attire dans ce village ? « À cause du nourrissage artificiel pour la chasse et de l'écotourisme, ils se sont habitués à ce que les gens leur laissent de la nourriture. Ils en sont donc venus à considérer les poubelles comme une source de nourriture », explique László. 

L'incursion d'ours dans le village est une menace pour les humains comme pour les animaux. Un seul individu peut causer tellement de dégâts qu’on pourrait croire qu'ils sont 30 à se promener dans les parages. C'est pourquoi László surveille les ours de près : « Parfois, je reste au même endroit pendant deux ou trois heures. Je sais qu'ils vont venir, mais je ne sais pas quand », raconte-t-il. « Parfois, je me fie aux aboiements des chiens. Il arrive aussi que nous recevions des notifications via notre application, TusnadEcoBearWatch ». 

Monitoring et collier GPS

László travaille avec l'équipe d'intervention d'urgence. « Si nous repérons un ours, nous analysons d'abord s'il y a des dégâts, si l'animal est dangereux… En fonction de cela, nous décidons si nous posons un collier GPS sur l'ours avant de le reconduire en forêt, ou si nous le déplaçons simplement plus loin. Grâce aux colliers GPS, nous apprenons à les connaître : pourquoi viennent-ils en ville ? Comment se comportent-ils ? Ces informations nous aident à prévenir les difficultés. » 

Vivre avec des prédateurs est un défi, mais les habitants de Băile Tușnad se sont adaptés. « Bien sûr, personne ne souhaite rencontrer un ours dans sa cuisine. C'est exceptionnel, mais cela arrive ! C'est pourquoi les maisons sont protégées par des clôtures électriques », explique László. « Les poubelles doivent aussi être correctement scellées : c'est là que le bât blesse. C'est pourquoi nous poursuivons nos efforts de sensibilisation : nous parlons aux familles, aux écoles… La nature n'a pas besoin de nous pour survivre, c'est nous qui avons besoin d'elle. Nous devons donc vivre en harmonie avec elle. » 

Le retour des animaux sauvages, signe d’espoir

Neushoorn
Un rhinocéros dans la réserve de Majete.

En Roumanie, les clôtures maintiennent les ours à l’extérieur des villages ; au Malawi, elles maintiennent les lions et les éléphants à l'intérieur du parc. Billiat Zidana est responsable de l'application de la loi dans la réserve faunique de Majete. 

« Enfant, je plantais des arbres dans la forêt de mon école – c’était mon premier contact avec la conservation », raconte Billiat. « Je voulais devenir écogarde mais au début, ma famille n'était pas d'accord. C'était trop dangereux ! Aujourd'hui, elle comprend pourquoi il est si important de protéger notre faune et notre flore ». 

La réserve faunique de Majete est un bel exemple de gestion réussie. Lorsque notre partenaire African Parks a repris sa gestion en 2003, le parc était dépourvu d'animaux sauvages. En 20 ans, ils y ont introduit 3.000 animaux de 17 espèces. « J’ai vu des lions et des rhinocéros revenir dans le parc ! C’est l'une de mes meilleures expériences en tant qu’écogarde. Mais le braconnage reste un problème, notamment pour les pangolins et les éléphants. C'est pourquoi nos patrouilles sont si importantes », explique Billiat « Mais notre travail me donne de l'espoir pour l'avenir ». 

Billiat Zidana

 
Être une femme écogarde en Thaïlande

Olifanten in Thailand
Kudde olifanten in Kui Buri National Park

Dans le Parc national de Kuiburi, au sud-ouest de la Thaïlande, Kirati Morthip et Woraya Makal font parties des rares femmes à occuper le poste d’écogardes.

Kui Buri est connu pour ses éléphants d'Asie. Kirati Morthip travaille donc à sensibiliser les touristes, mais aussi à minimiser les conflits entre ces éléphants et les communautés locales. Elle est cheffe d’équipe, un poste que les femmes occupent rarement. « Tout travail qu'un homme peut faire, une femme peut le faire aussi. Parfois même mieux ! » plaisante pourtant Woraya Makal, une autre écogarde du même parc. Comme ses collègues, elle part en patrouille 15 jours par mois, documente les mouvements de la faune, relève les pièges des braconniers… « Notre travail consiste aussi à collecter des données et à faire des études scientifiques, botaniques… » explique Kirati.

Woraya Makal

Woraya admet qu'elle est parfois critiquée en tant que mère pour avoir choisi une profession qui la sépare de ses fils. Mais Kirati est optimiste pour l’avenir : « Les gens avaient l'habitude de penser que nous étions faibles en raison de notre genre, mais cela a changé. Les femmes écogardes sont aujourd'hui présentes sur de nombreux sites. »