Forêts : pourquoi nous devons redoubler d’efforts alors que les gouvernements reculent
Forêts : pourquoi nous devons redoubler d’efforts alors que les gouvernements reculent
Alors que la planète vient de vivre l’année la plus chaude jamais enregistrée, les décisions politiques récentes n’ont pas été à la hauteur pour répondre à la crise climatique ni mettre un terme à la destruction des forêts. Après une COP30 décevante, l’UE a décidé de reporter et d’affaiblir la loi contre la déforestation. Résultat : les forêts restent extrêmement menacées... Et ce, malgré une mobilisation citoyenne forte. Avec votre soutien, nous continuerons à exiger des lois ambitieuses.
Organisée aux portes de l’Amazonie après une année entière au-dessus de 1,5°C de réchauffement - un signal d’alarme sans précédent - la COP30 aurait pu marquer un tournant historique pour notre avenir. Malheureusement, les résultats n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Et en particulier sur les sujets les plus urgents : la sortie des énergies fossiles et la protection des forêts.
Au même moment, l’Europe confirmait le report et l’affaiblissement d’une loi essentielle : le Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (EUDR). Une loi obtenue grâce à une mobilisation massive - plus de 210 ONG et 1,2 million de citoyen·nes – et qui aurait pu empêcher la destruction de 49,8 millions d’arbres par an. Face à cette menace, près de 18 000 belges ont une fois de plus réagi en seulement quelques semaines pour demander que cette loi ne soit pas vidée de son sens. Mais ces appels n’ont pas suffi.
Deux moments politiques clés – deux déceptions. Mais nous ne baisserons pas les bras.
Ce que la COP30 a (et n’a pas) livré
Les négociations de la COP30 se sont conclues fin de semaine dernière avec une série de petites notes positives. Citons par exemple la création d’un mécanisme de transition juste pour renforcer la coopération internationale. Mais aussi la reconnaissance de l’importance des peuples autochtones et des communautés locales, de l’océan et des forêts, ainsi que le rôle essentiel de la science.
Mais derrière ces « avancées » se cache une réalité plus décevante :
- Aucun accord pour mentionner clairement la sortie des énergies fossiles, malgré le soutien de 86 pays.
- Plus de 90 pays soutenaient un plan pour mettre fin à la déforestation d’ici 2030, mais la volonté politique nécessaire pour le concrétiser a manqué.
- L’UE, traditionnellement ambitieuse et forte, est arrivée divisée, incapable d’adopter une position forte et cohérente.
L'Europe veut "protéger les forêts"… tout en vidant sa propre loi de sa substance
Le 19 novembre dernier, nous avons remis notre pétition aux ministres compétents en Belgique. Ceux-ci se sont abstenus lors du vote, mais le Conseil et le Parlement européens ont confirmé la décision de retarder encore une fois l’application de cette loi, de simplifier son texte, d’affaiblir plusieurs de ses points clés, et d’ouvrir la voie à encore plus de révisions du texte encore avant son entrée en vigueur ...
En d’autres termes, ce qui devait être une avancée majeure pour la déforestation devient une coquille presque vide.
« L’Union européenne prétend lutter contre la déforestation, mais affaiblit en parallèle l’EUDR, Ce manque de vision met nos forêts en danger, et menace la résilience future de notre économie », déplore Marie Lebeau, experte forêts au WWF-Belgique.
Les conséquences sont graves. Cela crée de l’incertitude pour les entreprises qui avaient déjà investi pour se mettre en conformité ; dilue l’ambition d’une politique pourtant largement soutenue par les citoyen·nes ; et envoie un signal catastrophique: la protection des forêts n’est pas vraiment une priorité pour l’Europe.
La semaine d'après, le Parlement européen a soutenu cette proposition, et a suggéré des affaiblissements supplémentaires à apporter à la loi. Le vote final aura lieu au Parlement le 19 décembre 2025.

Les forêts sont nos alliées principales
Le manque d’ambition pour la protection des forêts est inquiétant : les forêts sont notre première ligne de défense face à la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Elles stockent d’énormes quantités de carbone, abritent 80 % de la biodiversité terrestre, régulent les cycles de l’eau, protègent les communautés locales et contribuent à notre sécurité alimentaire.
À la COP30, les gouvernements ont dit une fois de plus qu’ils voulaient agir. Mais sans décisions fortes, sans politiques cohérentes comme l’EUDR, et sans investissements massifs dans la protection des écosystèmes, ces promesses resteront des mots. Et la déforestation continuera, alimentée par la demande mondiale en soja, viande bovine, cacao, café, huile de palme, caoutchouc et bois.
Pénalisant ainsi notre avenir à toutes et tous. Car rappelons-le encore une fois : protéger les forêts, c’est protéger le climat, la nature et notre propre sécurité. Protéger les forêts, c’est protéger notre avenir.
Et maintenant, quoi ?
Dans le contexte actuel, les associations luttant pour la protection des forêts comme le WWF ont plus que jamais un rôle crucial à jouer en continuant sans relâche d’exiger des lois fortes et à travailler avec les entreprises et sur le terrain pour protéger les forêts restantes.
La pétition est désormais close, mais notre travail continue. Nous poursuivrons notre plaidoyer auprès des institutions européennes et notre action sur le terrain pour protéger les forêts.
Merci pour votre mobilisation : elle montre que les forêts restent une priorité majeure pour beaucoup d’entre vous. Ensemble, nous restons convaincu·es que tout est possible. Restez au courant de nos avancées et notre travail de plaidoyer politique par notre newsletter mensuelle.
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