Nous avons relâché 6 500 esturgeons dans le Danube pour sauver l’espèce

Nous avons relâché 6 500 esturgeons dans le Danube pour sauver l’espèce

Le 29 juillet dernier, nous avons relâché 6 500 milliers d’esturgeons dans le Danube, en Bulgarie. Cette action est une étape cruciale dans notre mission de sauvegarde de l’une des espèces les plus menacées au monde.

Les esturgeons, ces géants préhistoriques qui nagent dans les rivières et mers depuis plus de 200 millions d’années, sont aujourd’hui au bord de l’extinction. La dégradation de leur habitat, les routes migratoires bloquées par les barrages et les activités fluviales intensives participent à la vulnérabilité de l’espèce. Comme si cela ne suffisait pas, même si leur pêche est totalement interdite dans le Danube et la mer Noire, ils sont encore victimes de braconnage, à cause de la forte demande de caviar sur le marché noir. 

Résultat des courses : l’esturgeon est l’une des espèces les plus menacées de la planète. Ils sont classés comme en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’UICN.

Pourquoi les esturgeons sont essentiels à la santé des rivières

Les esturgeons ne sont pas seulement des créatures fascinantes, qui peuvent atteindre plus de six mètres de long, peser plus de 1 000 kilos, et vivre jusqu’à cent ans. Ce sont surtout des indicateurs de la qualité des rivières : propres, libres et vivantes. Leur présence témoigne de la bonne santé du Danube, le deuxième plus long fleuve d’Europe. Car en tant que grands prédateurs, ils se situent au sommet de la chaîne alimentaire et sont les gardiens de l’équilibre dans leur écosystème. En protégeant les esturgeons, nous protégeons donc aussi la biodiversité des rivières d’Europe.

Il est essentiel pour l’équilibre des écosystèmes fluviaux que ce prédateur continue d’exister ici. C’est pourquoi cette mission est si importante, et pourquoi cette réintroduction a été un moment aussi spécial

Céline De Caluwé, biologiste et Program Manager au WWF-Belgique
Céline De Caluwé a participé à la réintroduction des 6 500 esturgeons

Un projet transnational ambitieux

Pour assurer l’avenir de cette espèce si proche de l’extinction, il fallait un projet à grande échelle et une mobilisation massive. 13 partenaires répartis dans neuf pays européens ont mis la main à la pâte pour assurer durablement leur survie. 

D’abord avec le projet LIFE-Boat4Sturgeon, qui vise à créer une banque génétique pour les quatre espèces d’esturgeons encore présentes dans le Danube. Les petits naissent et sont élevés sur un bateau, le tout premier de ce type en Europe. C’est de là que viennent nos 6 500 esturgeons russes (Acipenser gueldenstaedti), relâchés à l’âge de trois mois (et d’une taille d’environ 15 cm). 

Tous ont été marqués d’un petit point orange. Cela permettra de les identifier lors de nos prochaines observation comme appartenant à la cohorte de 2025. Mais on ne les verra pas de sitôt : ils sont partis pour un long périple pour rejoindre la mer noire (500 km). Les survivants ne reviendront dans le Danube pour se reproduire que dans quinze ans. 

 
L’objectif à long terme est de relâcher 1,6 million de jeunes esturgeons dans le Danube d’ici 2030, afin de renforcer les populations existantes et de leur redonner une chance de survie. 

LIFE-Boat4Sturgeon en action.

À côté de la réintroduction, le WWF et ses partenaires s’efforcent d’amoindrir les menaces qui pèsent sur l’espèce. En effet, travailler sur les conséquences n’est évidemment pas suffisant, il faut aussi prendre les causes de leur disparition à bras le corps. Ainsi, nous nous attelons à démanteler des barrages hydroélectriques inusités et à améliorer la qualité de l’habitat, par exemple. 

Last but not least, lancé en juillet à Bucharest, le projet #MonSturintheDanube met en place un système de surveillance commun permettant de suivre les populations d'esturgeons et leurs habitats dans l'ensemble de la région. 

Ce système permettra d’agir plus rapidement et plus intelligemment, en utilisant des données réelles pour protéger les frayères et lutter contre les menaces telles que le braconnage et les infrastructures nuisibles. 

Petit rappel utile : ne vous rendez pas complices 

Enfin, terminons par un rappel très utile : tout produit fabriqué à partir d'esturgeons sauvages est illégal et nuit aux quelques populations d'esturgeons restantes ainsi qu'aux revenus futurs des pêcheurs. Évitez donc tout produit de ce type.  

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