Fin septembre, nous avons reçu une nouvelle difficile à avaler : la Commission européenne veut abaisser le statut de protection du loup. Si la proposition passe, les loups pourront être chassés. Pourtant, la recherche scientifique est claire : ce n'est pas du tout une solution aux conflits existants. Au contraire. Par contre, l'installation de clôtures anti-loups a déjà fait ses preuves. Les expert·es de la Wolf Fencing Team fêtent d’ailleurs leur 150e clôture installée en Flandre, et montrent la voie d’un avenir où les humains vivent en harmonie avec les loups. 

Le retour du loup dans notre pays est une victoire pour la conservation. Mais comme ailleurs, la coexistence avec les grands prédateurs s’accompagne de défis. En particulier pour les propriétaires d’animaux d'élevage.  

Si cela ne dépendait que de la Commission européenne, les loups pourraient bientôt être à nouveau chassés ; le problème serait ainsi « réglé ». Et cela, alors même que la science nous dit que tuer des loups ne peut qu'engendrer davantage de conflits. En effet, si vous abattez un membre du couple reproducteur par exemple, la meute peut dans certains cas se séparer et les loups solitaires peuvent alors faire plus de dégâts, parce que moins bien « éduqués ».  

Clôtures anti-loups 

Mieux vaut prévenir que guérir, dit le proverbe. En voici une illustration : prévenir les attaques de loups est la méthode la plus efficace pour vivre en harmonie avec ce grand prédateur. C’est précisément pourquoi, en 2019, le WWF, en collaboration avec Natuurpunt et Natagora, a créé la Wolf Fencing Team Belgium (WFTB). Cette équipe performante, composée de bénévoles expérimenté·es et motivé·es, encadré·es par des professionnel·les, conseille les éleveurs et éleveuses et les aide à protéger leurs animaux contre les loups. 

Au début, les délais d’attente pour l’intervention de la WFTB étaient longs : la demande dépassait l’offre. Aujourd’hui, l’équipe s’est agrandie. Vous pouvez obtenir de l’aide dans un délai d’un mois. Vous pouvez solliciter leur expertise pour des conseils (quelles modifications apporter, quel type de matériel est nécessaire, en quelle quantité, etc.), mais aussi pour vous aider à réaliser les travaux. Vous avez effectué les aménagements vous-même et souhaitez faire vérifier votre clôture ? La WFTB peut aussi se déplacer dans ce cas. 

150 clôtures anti-loup en Flandre – un record ! 

En Flandre, la WFTB compte trois personnes fixes et pas moins de 60 bénévoles enthousiastes. Le 2 octobre, l’équipe a célébré l’installation de leur 150e clôture anti-loup. Elle a aussi effectué 748 visites de conseil. Et plus de 600 éleveurs et éleveuses ont demandé des subventions pour rendre leurs clôtures résistantes aux loups. Une performance impressionnante en peu de temps, surtout comparée à d’autres pays européens ! 

Cependant, il reste encore beaucoup à faire : dans la zone à risque du Limbourg, seulement 15 % des clôtures étaient résistantes aux loups au début de l’année 2024. Dans la province d’Anvers – où se trouve la louve Emma – les travaux n’en sont encore qu’à leurs débuts. La Wolf Fencing Team encourage donc les éleveurs et éleveuses à profiter maintenant des aides disponibles. 

La WFTB, aussi en Wallonie 

Ces dernières années, la Wolf Fencing Team s’est principalement concentré sur la Flandre. Désormais, l’équipe va étendre ses activités en Wallonie, où il reste beaucoup de travail. En effet, une vingtaine de loups vivent actuellement dans les Hautes Fagnes. En 2023, 13 attaques présumées de loups dans cette région ont été recensées, entraînant la mort de 25 animaux d’élevage. Beaucoup de fermes de cette zone n’ont pas encore adapté leurs clôtures à la présence du loup, facilitant ainsi son intrusion. La WFTB appelle donc massivement les éleveurs et éleveuses à agir dès maintenant. 

Apprendre à coexister 

Toutes les clôtures installées par la Wolf Fencing Team se sont révélées efficaces et fonctionnelles : aucune attaque n’a été signalée dans les pâturages protégés par la WFTB. De plus, une étude réalisée par Savanta en novembre 2023 pour l’Eurogroup for Animals montre un large soutien des citoyen·nes pour la protection du loup :  

• 68 % des répondant·es souhaitent que les grands carnivores, dont le loup, conservent leur statut de protection stricte.  
• 75 % estiment que les éleveurs et éleveuses doivent faire usage des mesures disponibles pour protéger leurs animaux contre les grands carnivores.  

La décision de la Commission européenne va donc à l’encontre de ce consensus social et du consensus scientifique. 

« Apprendre à coexister avec le loup est la seule véritable solution », déclare Corentin Rousseau, biologiste au WWF. «  À moins d'exterminer tous les loups - ce qui n'est pas le but recherché ! - les propriétaires d'animaux auront toujours besoin de clôtures résistantes aux loups. C'est une méthode efficace et durable. La vraie solution, c’est d’apprendre à vivre avec le loup », conclut Corentin.