Un nouveau loup en Belgique ? La Wolf Fencing Team est déjà prête !

Un nouveau loup en Belgique ? La Wolf Fencing Team est déjà prête !

« Abattre les loups est contreproductif : la vraie solution, c’est d’apprendre à vivre ensemble. »

Il y a quelques mois, une quatrième meute de loups a été découverte en Belgique : le loup est bien de retour chez nous, et c’est une bonne nouvelle pour la nature et la biodiversité ! La meilleure réponse à ce retour n’est certainement pas d’affaiblir le statut de protection du loup, comme l'a suggéré en septembre Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. En revanche, nous devons mieux protéger les animaux de nos pâturages. Corentin Rousseau du WWF et Sophie Clesse de la Wolf Fencing Team nous expliquent comment adapter les clôtures peut les rendre dissuasives pour les loups et ainsi protéger les animaux d’élevage (voir photos ci-dessous).  

Après une longue période d'absence, on estime qu'environ 25 loups seraient aujourd’hui présents dans les forêts de notre pays. Trois meutes ont été identifiées dans les Hautes Fagnes, une autre dans le Limbourg et deux loups dispersants ont été repérés près de Noorderkempen (province d’Anvers). Sa présence provoque parfois des remous, notamment en Flandre où les loups vivent plus près des animaux d’élevage.  

« Le loup peut s'attaquer aux animaux d’élevage, et nous voulons éviter celaà tout prix », explique Corentin Rousseau, biologiste au WWF. La bonne nouvelle, c'est que les gouvernements flamand et wallon subsidient les mesures préventives, telles que l'achat de matériel pour rendre les clôtures « dissuasives pour les loups ». Toutefois les éleveurs et les éleveuses ont parfois besoin d’aide pour l'installation de ces clôtures adaptées, et c’est là qu'intervient la Wolf Fencing Team. 

Cent vingt centimètres de haut 

L'installation d'une telle clôture résistante aux loups peut représenter beaucoup de travail, ainsi que des difficultés techniques. Et ce travail s'ajoute à toutes les autres tâches que les propriétaires de bétail ont déjà à accomplir. « C’est pour les aider que nous avons créé la Wolf Fencing Team, en coopération avec Natagora et Natuurpunt », explique Corentin Rousseau. « Nous avons formé un groupe de professionnel·les et de bénévoles qui viennent sur le terrain pour aider les propriétaires d'animaux à installer ces clôtures. Nous avons déjà aidé plus de 1.000 éleveurs et éleveuses en Belgique, et les retours sont positifs. » 

Ce qui rend une clôture dissuasive pour les loups ? Sa hauteur et son voltage. « Dans le cas d’une clôture typique en grillage ursus, nous commençons par placer un premier fil électrifié à 15 ou 20 cm du sol, le long de la clôture (à l’extérieur), pour empêcher le loup de se faufiler en dessous », explique Sophie Clesse de la Wolf Fencing Team. « Puis nous plaçons un deuxième fil électrifié en haut de la clôture (toujours à l’extérieur), à 120 cm de hauteur, afin que le loup ne puisse pas sauter au-dessus. S'il touche l’un des fils, il reçoit un choc électrique et abandonne sa tentative. » 

En Flandre, quelque 4.000 éleveurs et éleveuses vivent dans le voisinage des loups. Plus de 1.000 d'entre eux ont déjà demandé de l'aide à la Wolf Fencing Team. « D'ici trois ans, nous espérons avoir aidé la majorité des éleveurs et des éleveuses », se réjouit Corentin Rousseau. « En Wallonie, nous développons l'initiative avec nos partenaires depuis quelques mois et espérons venir aussi en aide à de nombreux éleveurs » 

Compréhension mutuelle 

Jusqu’à présent, les clôtures installées par la Wolf Fencing Team fonctionnent : aucune d’entre elles n'a été franchie. Toutefois, il est important que les propriétaires vérifient régulièrement leur installation. Le voltage de l'électricité qui y circule peut être réduit par une branche qui serait tombée sur un fil ou par de l’herbe devenue trop haute. Mais utiliser un voltmètre permet de détecter ce type de problème. 

Une autre conséquence de la collaboration entre la Wolf Fencing Team et les éleveurs ? Des profils très différents se rencontrent sur le terrain et s’entraident. Cela favorise le dialogue et la compréhension mutuelle. « Nous évitons les débats polarisés et travaillons ensemble à trouver une solution », souligne Corentin Rousseau.

Jeunes loups  

En Flandre, il est possible d'obtenir des subsides pour l'entretien de ces clôtures adaptées, ce qui n’est pas le cas en Wallonie. La pression est moins forte dans le sud du pays, mais les loups y sont plus nombreux : une vingtaine de loups vivent actuellement dans les Hautes Fagnes, et dans cette zone de présence permanente, 13 attaques probables de loups ont eu lieu en 2023, entraînant la mort de 25 animaux d’élevage. A noter que de nombreux élevages de cette région n'ont pas encore de clôtures adaptées à la présence du canidé qui peut alors pénétrer aisément dans les prairies. 

« Nous voulons prévenir plutôt que guérir », ajoute Sophie Clesse. En effet, une nouvelle meute a été découverte cet été dans les Hautes Fagnes. « Avec le temps, les louveteaux quitteront la meute et s'installeront peut-être dans une zone où il y a plus d'animaux d’élevage. » Les jeunes loups quittant la meute sont des chasseurs peu expérimentés, et les moutons peuvent leur apparaitre comme une solution de facilité.  

De plus, les propriétaires wallons de moins de 10 animaux ne peuvent pas bénéficier de subvention pour rendre leurs clôtures résistantes aux loups, contrairement à leurs homologues flamands. « Le gouvernement wallon devrait adapter ses critères d'octroi de subventions afin que tout le monde puisse être aidé » explique Corentin Rousseau. 

Ursula von der Leyen 

Tout cela nous amène aux déclarations de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui présagent de nouveaux rebondissements à venir… Elle avait proposé en septembre 2023 de réduire le statut de protection accordé au loup, ce qui permettrait de l'abattre plus facilement. Mais cela n’apporterait pas de réelle solution aux conflits que le loup peut provoquer.  

« Supposons que l'on abatte la moitié des loups d’Europe, les loups restants trouveront toujours le moyen de s'introduire dans un troupeau de moutons », explique Corentin Rousseau. « Abattre des loups peut également avoir l’inverse de l’effet escompté : si vous abattez un membre du couple reproducteur, la meute peut dans certains cas se séparer et les loups solitaires peuvent alors faire plus de dégâts », ajoute Sophie Clesse.  

« À moins d'exterminer tous les loups - ce qui n'est pas le but recherché ! - les propriétaires d'animaux auront toujours besoin de clôtures résistantes aux loups. C'est une méthode efficace et durable. La vraie solution, c’est d’apprendre à vivre avec le loup », conclut Corentin Rousseau. 


Reportage photo dans les Hautes Fagnes

Corentin Rousseau explique ici le fonctionnement des clôtures dissuasives pour les loups. © Hans Moyson / WWF-Belgique
Sophie Clesse et Corentin Rousseau. © Hans Moyson / WWF-Belgique
© Hans Moyson / WWF-Belgique
© Hans Moyson / WWF-Belgique
© Hans Moyson / WWF-Belgique
© Hans Moyson / WWF-Belgique
© Hans Moyson / WWF-Belgique
© Hans Moyson / WWF-Belgique