L’UE abandonne le loup à son triste sort : et maintenant ?

L’UE abandonne le loup à son triste sort : et maintenant ?

Le loup joue un rôle crucial dans notre écosystème, maintient l'équilibre des populations d'autres animaux sauvages et ne présente aucun risque pour les humains. Pourtant, cette espèce est sous pression : l'Union européenne vient d’adopter une proposition visant à abaisser son statut de protection. 

Qu'est-ce que la convention de Berne ?

La convention de Berne - ou Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe - a été signée le 19 septembre 1979 et constitue depuis lors l'un des traités internationaux les plus importants pour la conservation de la nature en Europe. Le principal objectif de ce traité est de préserver la flore et la faune sauvages et les habitats naturels, avec une attention particulière pour les espèces menacées d'extinction. Le loup, qui a été au bord de l'extinction pendant de nombreuses années, relève de cette convention et y bénéficie d'un statut de protection stricte. Jusqu'à aujourd'hui… 

Petite histoire du loup

Alors que le loup avait presque complètement disparu d’Europe, les mouvements de protection de l’environnement ont permis de le sauver de l’extinction juste avant qu’il ne soit trop tard. Toutefois l'augmentation progressive du nombre de loups en Europe, avec environ 20 000 animaux aujourd’hui, a multiplié les conflits liés au bétail. Sous la pression des éleveurs et des chasseurs, la Commission européenne a proposé en 2023 de réduire le statut de protection des loups afin de faciliter leur abattage. Une expérience personnelle de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pourrait avoir influencé son soutien à cette proposition : en 2022, son poney Dolly a été tué par un loup en Allemagne, ce qui a renforcé son attitude hostile à l'égard de ces animaux.

Qu'est-ce que cela signifie pour le loup ?

Abaisser le statut de protection du loup de « strictement protégé » à « protégé » permet de chasser les loups. Or il a été démontré scientifiquement que l'abattage des loups ne résout pas les conflits liés à la prédation sur le bétail : à l’inverse, d’autres mesures préventives telles que l’adaptation des clôtures se sont prouvées réellement efficaces. Et il ne faut pas négliger l’impact de l’abattage des loups sur la biodiversité, car la reconstitution de l’espèce est encore très fragile au niveau européen.  

Coup dur pour la science et la biodiversité

Le 26 septembre, une majorité d'États membres de l'UE a pourtant voté en faveur de la réduction du statut de protection des loups. Ce faisant, ces politicien·nes ont ignoré l'appel de centaines d'organisations et de centaines de milliers de citoyen·nes en faveur d'une coexistence pacifique avec les grands prédateurs. Cette décision met à mal des décennies de travail de conservation de la nature et met en péril le retour du loup en Europe. Enfin, elle crée un dangereux précédent pour d'autres espèces couvertes par la Convention de Berne. Comme le montre chaque année le rapport « Planète vivante » du WWF, la faune sauvage est soumise à des pressions extrêmes à travers le monde entier : ces espèces ont d’urgence besoin de plus de protection et non pas que l’on commence à altérer les quelques mesures de conservation existantes.  

Et maintenant ?  

La 44e réunion du Comité permanent de la convention de Berne qui se tiendra du 2 au 6 décembre 2024 examinera cette proposition de déclassement du statut de protection du loup. Lançons ensemble un dernier appel pour préserver sa protection. Le loup n’est pas le méchant de ce conte de fées : venons-lui en aide !