Un an après les feux de forêt : la Grèce est-elle mieux préparée au pire ?

Un an après les feux de forêt : la Grèce est-elle mieux préparée au pire ?

Au cours de l’été 2021, les incendies dramatiques ont détruit environ 140 000 hectares de forêts en Grèce. Vous avez été nombreux et nombreuses à soutenir le WWF dans cette crise. Un an après les catastrophes, on fait le point.

Au pic des incendies catastrophiques de l’été 2021 en Grèce et en Turquie, vous avez été nombreux et nombreuses à soutenir le WWF. Grâce à vous, nous avons pu apporter de l’aide d’urgence : matériel, sauvetage des animaux en détresse, soutien aux pompiers. Encore merci : la différence fut majeure.

Mais vos dons ont également participé à un travail de plus longue haleine : une analyse approfondie sur la gestion de la restauration des paysages naturels. L’objectif ? Permettre de créer un pays aux forêts plus résilientes, pour éviter le pire à l’avenir.

Écosystèmes inflammables, prévention insuffisante

Des feux de forêt, il y en a chaque année en Grèce. Mais en 2021, ils se sont démarqués par leur intensité et leur caractère totalement incontrôlable. Plusieurs raisons à cela : la Grèce a connu son été le plus chaud depuis 30 ans. L’hiver avait été très doux, aussi. L’humidité était donc très basse, et les températures ont grimpé très haut : à plus de 40°C. Les nuits, pour ne rien arranger à l’affaire, restaient chaudes.

« Tout ça a rendu le pays très vulnérable. Et le changement climatique qui s’aggrave ne va faire qu’amplifier ces phénomènes. Nos écosystèmes deviennent de plus en plus inflammables, et tout peut rapidement nous échapper. » ; explique Εlias Tziritis, spécialiste des feux du WWF-Grèce et pompier volontaire.

Pourtant, le pays semblait plutôt bien préparé : « Après les feux catastrophiques de 2007, nous avons eu plus de pompiers, plus d’hélicoptères, plus de matériel. Aujourd’hui, nous avons en Europe la plus grande flotte aérienne d’Europe. Nous ne pouvions pas être mieux préparés ; mais malgré ça, les feux sont rapidement devenus incontrôlables. » 

La raison est simple : quand il y a de grands incendies sur une période limitée, le mécanisme de répression des feux ne peut pas faire face à lui seul, et s’écroule.

« L’année passée a été la preuve que le système en place est inefficace : on peut investir tant qu’on veut dans du matériel et des volontaires : si on n’investit pas dans la prévention, on peut très vite se faire dépasser. Ce système n’est pas résilient, parce qu’il ne peut pas faire face à un nombre croissant d’incendies. L’année passée, il y a eu 10 000 feux de forêt sur l’année. Mais il y en a eu seulement 10 à 15 qui ont été responsables des plus de 100 000 hectares brûlés ; le tout, sur une période de dix jours. », se souvient Εlias Tziritis.

Aujourd’hui, le ratio est assez déséquilibré : le gouvernement n’investit que 16 % dans la prévention, contre 84 % dans la force de répression.

Après l’été 2021, le WWF-Grèce avait donc un cheval de bataille : faire comprendre que la restauration d’aujourd’hui est la prévention de demain. Que la nature reste notre meilleure alliée.

One year after the fires in Greece

« La restauration d’aujourd’hui est la prévention de demain »

Le changement climatique est là : il faut donc faire avec, sans fermer les yeux sur un problème qui ne fera que prendre en ampleur au fil des années. À titre d’exemple, en ce début d’été, 300 feux se sont déjà déclenchés, rien que la semaine dernière.

Pour limiter le nombre d’incidents aux conséquences dramatiques, il faut travailler en priorité sur la résilience des paysages, et sur une meilleure gestion des forêts.

« En Grèce, nous avons deux problèmes principaux : d’abord, on n’a plus les mosaïques de paysages comme avant. Les gens se concentrent de de plus en plus dans les villes, il y a de moins en moins de petits agriculteurs ; et donc de moins en moins d’espaces ouverts, qui faisaient office de tampon.

Ensuite, comme il n’y a pas de gestion des forêts, la végétation morte est laissée en place. Mais les saisons sont de plus en plus chaudes et sèches. Donc ces arbres morts sont extrêmement inflammables : ils deviennent carrément des combustibles ! », insiste Εlias Tziritis.

Cette année, notamment grâce aux dons, le WWF en Grèce a réalisé une analyse des espaces affectés par les flammes. L’objectif est que les communautés locales, mais aussi le gouvernement s’en servent pour créer un système forestier bien plus résilient : restaurer, oui, mais intelligemment, avec une variété d’arbres et des espaces ouverts, prêts à accueillir une biodiversité riche.

« Les forêts, vous ne voulez pas qu'elles soient seulement résistantes au feu. Vous voulez qu'elles aient une valeur écologique, c'est une combinaison de différents critères. Ça ne se fait pas n’importe comment ni n’importe où. »

Cette année, les changements sont encore timides et lents de la part du gouvernement. Mais selon Εlias Tziritis, la prise de conscience est en marche ; et cela donne de l’espoir pour l’avenir.

« En 2021, grâce à notre travail politique intense, nous avons enfin été entendus. Pour la première fois, la prévention a fait partie du dialogue politique. Les changements sont encore maigres, mais nous espérons vraiment que les mentalités continuent à évoluer. » 

Merci d’avoir participé à cette avancée !

Bientôt plus d'infos sur la Turquie, un an après les feux.