Cet été encore, les feux dramatiques se répandent comme une trainée de poudre ; il n’échappe à personne que nous sommes entrés dans l’ère des extrêmes. Au printemps 2020 déjà, nous avions observé une augmentation de 13 % des feux de forêt par rapport à l’année 2019, elle-même déjà considérée comme une année record. Mais le changement climatique est-il seul responsable de ces catastrophes ? Prenez cinq minutes pour comprendre ces feux, leurs causes, et les solutions. Top chrono.

Avec les événements climatiques extrêmes qui se multiplient ces derniers mois, la planète semble d’un coup hausser le ton, comme pour illustrer en temps réel les conclusions sombres du dernier rapport du GIEC. Inondations, typhons, et puis bien sûr les feux dramatiques, il y en a pour tous les goûts et pour toute la planète. Nous avons rassemblé cinq informations primordiales pour comprendre l’enjeu des incendies, qui, tristement, ont fait leur entrée dans notre quotidien. Mais rassurez-vous : tout n’est pas perdu !

1. Le changement climatique et les feux de forêt se renforcent mutuellement

Presque tous les habitats, qu'il s'agisse de forêts, de steppes, de prairies, de savanes, sont sensiblement affectés par les conséquences des changements climatiques : changements dans le cycle des pluies, dans la quantité d'eau et d'humidité présente dans le sol, dans l'énergie des vents, dans les sécheresses fréquentes, dans l'assèchement, et dans la désertification progressive qui avance sur la planète au rythme de 11 millions d'hectares par an.

Plus facilement dit, un temps plus chaud et plus sec pendant une période prolongée facilite un début de feu de forêt, et rend sa propagation plus difficile à gérer. Et comme si cela ne suffisait pas, le changement climatique et les feux se renforcent : les énormes quantités de CO₂ dégagées participent au changement climatique, intensifiant à leur tour les feux de forêt, et ainsi de suite. Un cercle vicieux est en route. Résultat : les feux qui brûlent aujourd’hui sont plus intenses, plus grands, et durent plus longtemps qu’avant.

Par ailleurs, lorsque les forêts repoussent après les flammes, la végétation est souvent plus petite, plus sèche et plus jeune qu’avant. Selon les espèces, les arbres ont en moyenne besoin de 25 à 30 ans pour séquestrer leur quantité maximale de CO₂. Et comme l’intervalle entre deux incendies diminue, cette espérance de vie devient difficile à atteindre.

2. Certaines activités humaines sont directement à l’origine des feux

Outre sa part de responsabilité dans le changement climatique, l’humain est directement à l’origine, intentionnellement ou non, de 75 % de feux de forêt : dégradation, consommation non durable, déforestation, manque de gestion, abandon. Ainsi, tous les ingrédients des incendies dévastateurs sont soigneusement réunis.

Déclenchés par les mains malveillantes des pyromanes ou par celles, criminelles, des petits et grands intérêts, les incendies se transforment en un instant en véritables méga-feux : des bûchers toujours plus grands par la taille du front de flammes, par la surface traversée, par la vitesse de propagation, par la température atteinte. De véritables catastrophes environnementales, en queue de peloton du changement climatique.

Mais cela signifie aussi qu’une partie de la solution est à notre portée. Aucune baguette magique ne changera la donne en une nuit, mais avec des comportements adéquats, rien n’est perdu.

3. Les feux sont parfois bénéfiques

Les incendies de forêt déclenchés naturellement, généralement par la foudre, jouent un rôle important dans les cycles naturels. Ils entretiennent la biodiversité et la régénération des forêts, des prairies et des d'arbustes dans de nombreux écosystèmes différents. Ils éliminent la vieille végétation, rendent les nutriments au sol et permettent au soleil d'atteindre le sol de la forêt. Dans certaines forêts, les incendies se produisent naturellement à chaque saison sèche.

Certains arbres, comme les séquoias aux États-Unis, les eucalyptus en Australie et les pins dans le sud de l’Europe, ont même besoin de feu pour déclencher la libération des graines et la régénération. L’un des problèmes, cependant, survient notamment quand les incendies deviennent incontrôlables, et quand cela arrive, les dégâts peuvent être catastrophiques.

4. Les feux sont différents en Amazonie et en Europe

Dans l’hémisphère nord, une majorité des feux d’origine humaine est due à la négligence (brûlage d'ordures et de débris, accidents industriels, déversements agricoles…). En Europe, cela peut atteindre jusqu’à 95 % !

Dans les régions tropicales et subtropicales, les feux de forêt d’origine humaine sont le plus souvent intentionnellement déclenchés pour modifier l'utilisation des terres, pour le défrichement ou pour la préparation de nouvelles zones à cultiver… En plus d’être souvent des feux illégaux, ils peuvent par ailleurs devenir incontrôlables et avaler, en quelques heures seulement, des pans entiers de forêts.

5. Non, tout ceci n’est PAS une fatalité

Nous ne pouvons pas rester immobiles et regarder disparaître les poumons verts qui nous maintiennent en vie.

Au WWF, nous mettons le maximum de ressources en place pour prévenir les causes des incendies. Cet objectif est par exemple au cœur de notre campagne #Together4Forests, lors de laquelle plus d'un million de personnes ont réclamé une nouvelle loi européenne forte pour protéger les forêts et autres écosystèmes de la planète.

En ce moment même, cette loi est discutée entre gouvernements de l'UE. Cette nouvelle loi a le potentiel de réduire l'impact de la consommation de l'UE sur la nature et sur les droits humains, ainsi que de tenir les entreprises et les institutions financières responsables… Mais seulement si elle est à la hauteur des enjeux.

Cet été, vous pouvez demander aux députés européens de défendre une loi européenne ambitieuse sur la déforestation.

Comme l'indique très clairement le rapport du GIEC sur le changement climatique, l'objectif de 1,5 °C fixé par l'accord de Paris est en train de s’éloigner. Nous connaissons le problème, nous connaissons les solutions – il est maintenant plus que temps de les mettre en pratique.

Grâce à votre aide, nous pouvons aider à sauver les forêts du monde, essentielles à notre survie, et exiger des politiques enfin à la hauteur du défi qui se dresse devant nous lors de la COP27.