Le WWF installe un « loutroduc » en Wallonie

Le WWF installe un « loutroduc » en Wallonie

Un écoduc pour les loutres, ou « loutroduc », a été spécialement construit pour assurer la continuité écologique de l’habitat de la loutre d’Europe dans la Vallée de la Semois, en Wallonie. C’est l’une des actions mises en place par le WWF-Belgique et ses partenaires pour protéger l’espèce en Belgique. 

Le WWF a inauguré ce mercredi un « loutroduc » à Vresse-sur-Semois, en collaboration avec le Contrat de rivière Semois-Chiers. La loutre d’Europe (Lutra lutra), une espèce en danger critique d’extinction en Belgique, y reste extrêmement discrète, même si elle n’a jamais vraiment disparu de la Wallonie.

Elle avait totalement déserté la Flandre, mais sa trace est à nouveau observée dans la vallée de l’Escaut depuis une dizaine d’années. On estime aujourd’hui qu’une dizaine d’individus parcourt notre territoire. Par ses actions, le WWF-Belgique souhaite aider la population de loutres à se rétablir afin de garantir sa survie à long terme dans le pays, en reconnectant certaines zones humides et cours pour étendre l’habitat de l’espèce et renforcer naturellement ses chances de survie et de reproduction. 

À quoi sert un « loutroduc » ?

Le mustélidé a besoin de 20 à 40 kilomètres de rivières et de rives pour se déplacer et se nourrir.

Seulement voilà. Dans leurs déplacements, les loutres ont en commun une phobie étrange : elles ne nagent pas sous les ponts. Les ponts dépourvus de berges ressemblent à des tunnels sombres… Un chemin lugubre peu accueillant pour les loutres. Au péril de leur vie, elles préfèreront traverser au-dessus du pont. Sur la route, donc.

Aux Pays-Bas, où l’espèce est plus fréquente, une étude a démontré que près de 28 % de la population de loutres meurt chaque année à la suite d’une collision avec un véhicule1. Le « loutroduc » est en quelque sorte une berge artificielle sous le pont, qui permet à la loutre de circuler en toute sécurité.  

Avec la construction d’un loutroduc, le problème est réglé : la loutre peut alors passer sous les ponts, les pieds au sec, et bien protégée. Et le loutroduc, contrairement à ce qu’indique son nom, n’accueille pas uniquement la loutre…

Le loutroduc, sous la route à Vresse-sur-Semois

Faire traverser la loutre, et bien plus encore

Ce passage à faune devrait accueillir de nombreuses autres espèces : fouines, martres, écureuils et renards y sont aussi les bienvenus. C’est en tout cas ce que devraient bientôt révéler les images de la caméra-piège installée à l’entrée du loutroduc.  « Protéger et restaurer l’habitat de la loutre, c’est aussi aider de très nombreuses autres espèces. C’est une espèce « parapluie ». Par exemple, pour que la loutre ait assez de nourriture, nous restaurons également des frayères*, ce qui profite à beaucoup de poissons. En travaillant pour la loutre, on travaille à la restauration de tout l’écosystème de la rivière », explique Corentin Rousseau, biologiste au WWF-Belgique. 

*Structures mises en place pour favoriser la reproduction des poisons.

Corentin Rousseau installe une caméra-piège

Une collaboration étroite avec plusieurs acteurs

En Wallonie, le WWF-Belgique collabore avec les différents acteurs impliqués dans la gestion des cours d’eau dans le cadre des « Contrats de rivières », afin de restaurer l’habitat de la loutre et d’améliorer les populations de poissons. Diverses actions ont été entreprises en concertation avec les gestionnaires des cours d’eau et de leurs berges, comme la restauration de frayères, la levée d’obstacles à la libre circulation des poissons ou la végétalisation de berges. 

Cette dernière action passe également par l’arrachage d’espèces exotiques envahissantes de végétaux, qui laisse les berges à nu et prive les loutres de cachettes une fois l’hiver venu. Un travail d’élimination de la Balsamine de l’Himalaya a dès lors été réalisé sur 52 kilomètres de berges et notamment dans la réserve Natagora d’Orchimont, toute proche du loutroduc de Vresse-sur-Semois.

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