La loutre est bien présente dans la Semois

La loutre est bien présente dans la Semois

Bonne nouvelle pour la biodiversité : la présence de la loutre dans la Vallée de la Semois est scientifiquement confirmée ! C’est ce qui ressort de l’analyse ADN de l’eau que nous avons réalisée dans la région avec nos partenaires. Une excellente nouvelle aussi pour les parcs naturels actifs dans la vallée qui portent l’une des quatre candidatures au titre de Parc national belge.

Le suspense est levé : la loutre vit bien dans la Vallée de la Semois. Depuis des années, un voile de mystère planait autour de la présence ou non de la loutre dans le cours d’eau. Au cours des dix dernières années, pêcheurs, agents des forêts (DNF) ou naturalistes semblaient occasionnellement l’apercevoir. Tous les deux ans environ, l’un ou l’autre indice laissant supposer son existence étaient découverts

Mais il restait difficile de d’affirmer avec certitude que la loutre habitait durablement la région. Nos nombreux pièges photos illustraient la diversité biologique qui régnait dans la vallée… sans jamais capturer notre mustélidé préféré. Grâce à des tests ADN, c’est aujourd’hui chose faite.

Vallée de la Semois

Loutre, montre-nous ton ADN environnemental

« Nous avons utilisé une technique innovante qui se base sur ce qu’on appelle l’ADN environnemental. », explique Corentin Rousseau, chargé de programme au WWF-Belgique. « Chaque espèce, que ce soit dans l’eau ou sur la terre, relâche dans son environnement des fragments de son ADN. La loutre, par exemple, le fait à travers son urine, ses poils, ses déjections, etc.

Nous avons sélectionné 17 endroits stratégiques dans la Vallée de la Semois. À chaque endroit, nous avons prélevé des échantillons d’eau, parfois distants de plusieurs kilomètres », ajoute Corentin Rousseau. « Selon la concentration d’ADN dans l’eau analysée, nous obtenons différents seuils de certitude quant à sa présence ou non. »

Résultat : trois des 17 zones abritent la loutre avec certitude : les régions de Vresse-sur-Semois, Mortehan et Chiny. Quatre autres zones indiquent des traces probables, deux donnent des résultats peu clairs, et huit des résultats négatifs.

La loutre, bonne nouvelle pour son environnement

La loutre est une espèce d’importance capitale pour l’équilibre de son écosystème. Sa présence atteste de la bonne santé de son habitat. « Il faut pas mal de choses pour qu’une habitat de loutre soit qualifié de très bon : beaucoup de nourriture, une végétation luxuriante, et une eau de qualité. »

Si elle est là, c’est donc que les choses vont bien. Depuis des années, le WWF et le Contrat de Rivière Semois-Chiers travaillent à faire de la Vallée de la Semois un véritable paradis : notamment en restaurant des berges et des frayères (les frayères sont des lieux où les poissons se reproduisent), et en installant des « loutroducs », c’est-à-dire des passages à faune sous les ponts, qui évitent aux loutres de devoir traverser les routes.

« Il est important de restaurer nos rivières et la protection de la loutre est le moyen idéal d'y parvenir. D'autres espèces comme la cigogne noire, le martin-pêcheur, le cincle plongeur, diverses espèces de poissons, les libellules, les plantes indigènes et le chat sauvage en profitent également. C'est pourquoi la loutre est considérée comme "espèce parapluie" : sa conservation profite à de nombreuses autres espèces. », précise Corentin Rousseau.

Vallée de la Semois, candidat au titre de Parc national

La confirmation de la présence de la loutre tombe au bon moment. Bientôt, la Belgique se dotera  de nouveaux Parcs nationaux  – jusqu’à aujourd’hui, notre pays n’en compte qu’un seul, situé en Flandre : le Parc national des « Hoge Kempen » (Haute-Campine). La volonté est aujourd’hui de permettre à d’autres espaces naturels de bénéficier de ce titre. Le titre est par ailleurs assorti d’un fonds de près de 18 millions d’euros pour la gestion, la restauration, et la protection du parc ainsi que l’accueil des citoyens dans certains secteurs.

Le Parc national de la Vallée de la Semois est l’un des quatre candidats. Ses plus de 30 000 hectares abritent une grande variété d'espèces animales et végétales. Les pentes rocheuses de la vallée offre de nombreuses possibilités aux plantes et aux insectes. Les forêts sont vastes et les rivières peu polluées. Beaucoup de facteurs sont ainsi réunis pour y développer un havre accueillant pour la biodiversité  notamment à deux espèces animales clés : la loutre et le lynx. Et les analyses ADN renforcent cette vision d’avenir ; pour autant que les moyens d’actions puissent être renforcés.

Vallée de la Semois

Le plus intéressant reste à venir

Maintenant que nous avons des indications quant au lieu de vie des loutres, le plus intéressant est à venir : « Ces résultats nous permettent de mieux positionner nos pièges photos, pour suivre la présence de la loutre, savoir s’il y a des femelles qui ont donné naissance, etc. De plus, nous pouvons concentrer nos actions de restauration là où les loutres ont été détectées pour qu’elles aient un impact maximal. »

Corentin Rousseau installe une caméra piège
Corentin installe un piège photos
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