Un nouveau guide pour savourer du chocolat sans grignoter des hectares de forêt tropicale
Un nouveau guide pour savourer du chocolat sans grignoter des hectares de forêt tropicale
Bruxelles, le 5 avril 2023 – En cette période où le chocolat abonde plus que jamais dans les rayons des supermarchés, le WWF, en collaboration avec 36 universités et ONG dont Be Slavery Free, lance la Chocolate Scorecard, un outil permettant de comprendre l’impact écologique et social de la production de différents chocolats. En effet, le cacao est l’un des principaux facteurs de déforestation dans le monde. Grâce à cet outil, le WWF-Belgique espère influencer les consommateurs et consommatrices mais surtout les fabricant·es et supermarchés à se diriger vers un chocolat plus durable.
Le cacao est l’un des principaux facteurs de déforestation dans le monde. Rien qu’en Belgique, les importations de cacao et produits chocolatés nécessitent l’exploitation de 1,6 million d’hectares par an. Il a été évalué que 65 % de cette surface est liée à de hauts risques de déforestation [1]. La Chocolate Scorecard permet d’orienter les consommateurs et consommatrices vers des choix plus durables, en offrant une analyse des performances environnementales et sociales des plus importantes marques et fournisseurs de chocolat présents en Belgique.
La production de cacao, une des menaces principales pour les forêts tropicales africaines
Les forêts tropicales constituent une ressource naturelle essentielle dans la lutte contre la crise climatique, car elles absorbent une grande quantité de carbone. Le cacao est cultivé dans les forêts tropicales humides, majoritairement en Afrique de l’Ouest. Les producteurs et productrices de cacao perçoivent un revenu trop faible. Sur une barre de chocolat, 6 % uniquement du prix leur reviendront[2]. Par conséquent, les gens déforestent pour étendre leurs plantations et augmenter leur production. Les chiffres sont frappants : la Côte d’Ivoire et le Ghana ont respectivement perdu 94 % et 80 % de leur couvert forestier ces 60 dernières années, dont un tiers pour la production du cacao[3]. Par ailleurs, la culture du cacao est souvent associée au travail des enfants, puisqu'on estime qu'environ deux millions d'enfants travaillent dans les plantations de cacao[4]. Des mesures doivent donc être prises pour lutter contre le travail des enfants et assurer un revenu vital aux cultivateurs et cultivatrices de cacao, pour qu’ainsi humains et nature soient mieux protégés.
Les forêts tropicales humides d’Afrique de l’Ouest sont d’importants réservoirs de biodiversité. Leur dégradation et destruction menace la survie d’un grand nombre d’espèces, comme le chimpanzé. Aujourd’hui, ces primates ont déjà disparu de quatre pays africains et leur population est en baisse dans beaucoup d’autres. La dégradation des forêts contribue au déclin des espèces de primates dans toute l’Afrique tropicale. Les parcelles restantes d’habitat sont souvent petites et non reliées, laissant les communautés de chimpanzés isolées.
Des engagements contre la déforestation mais une mise en pratique défaillante
Le WWF, ainsi que 36 ONG et universités, a réalisé un examen des performances clés de durabilité de différentes grandes marques de chocolat, sur base d’un compte-rendu remis volontairement par ces entreprises. La Chocolate Scorecard a sondé les entreprises qui représentent près de 95 % du chocolat consommé dans le monde, des négociants aux détaillants. Les critères analysés sont notamment la déforestation, l’allocation d’un revenu vital au producteur et le travail des enfants.
Sur les 53 entreprises participantes, 48 ont mis en place une politique « zéro déforestation ». Ce sont souvent des promesses creuses car dans les faits, seuls 11 % des entreprises sont en mesure de retracer entièrement l’origine du cacao qu’elles utilisent. « La majorité des entreprises ont adopté une politique de non-déforestation. Cependant, les engagements pris sont trop rarement traduits en actions concrètes. Pour stopper la déforestation importée, nous avons besoin de la collaboration de tous et toutes, des producteurs et productrices à la chaîne de supermarchés », déclare Marie Lebeau, experte en commodités importées au WWF-Belgique.
C’est pour cette raison que le WWF plaide depuis plusieurs années pour un cadre réglementaire européen garantissant que les produits placés sur le marché européen ne sont pas issus de zones déboisées ou converties. Une loi contre la déforestation importée (EUDR) a été adoptée par le Parlement européen en décembre dernier et sera mise en application prochainement. Dans l’état actuel des choses, la Chocolate Scorecard souligne le fait qu’une majorité d’entreprises est loin d’être prête à répondre aux exigences de l’EUDR.
Un outil pour informer et aider les consommateurs et consommatrices belges dans leurs choix
La Chocolate Scorecard est un outil rapide et intuitif pour aider les consommateurs et consommatrices dans leurs décisions d’achat. Ils et elles pourront évaluer et choisir parmi les marques et distributeurs présents en Belgique faisant partie de l’étude. Par ailleurs, une combinaison de certifications indépendantes comme les labels « Fairtrade », et « Agriculture biologique » peuvent être déjà un premier indicateur d’impact environnemental ou social, bien qu’ils ne soient pas parfaits.
La partie n’est pas gagnée mais le WWF se félicite de la participation croissante des entreprises car elle reflète, même en cas de résultats mitigés, une volonté de transparence et de changement. Il est nécessaire d’encourager les entreprises à assurer la traçabilité et la transparence de leurs chaînes de valeurs et à garantir le respect des engagements de leurs fournisseurs, ainsi qu’à investir dans des modèles durables d’utilisation agroforestière des sols.
Contact presse :
Anaïs Maire, attachée de presse du WWF-Belgique, [email protected], +32 472 70 00 58
Matériel pour les rédactions :
- Photos disponibles ici et ici (merci d’apposer le crédit correspondant)
- Plus d’informations sur l’impact du cacao importé en Belgique ici
A propos du WWF :
Le WWF est une organisation indépendante de protection de la nature qui compte plus de 30 millions de sympathisant·es et un réseau mondial actif dans plus de 100 pays. La mission du WWF est de mettre fin à la dégradation de l'environnement naturel de la Terre et de construire un avenir dans lequel les êtres humains vivront en harmonie avec la nature, en conservant la diversité biologique du monde, en veillant à ce que l'utilisation des ressources naturelles renouvelables soit durable et en promouvant la réduction de la pollution et du gaspillage.
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