Accord européen historique contre la déforestation

Accord européen historique contre la déforestation

Les dirigeant·es de l'UE ont scellé un accord historique pour voter une loi contre la déforestation. Un succès immense pour la planète et pour la campagne mondiale #Together4Forests, menée par le WWF.

C’est une nouvelle qui fera date : cette nuit, le Parlement européen et les membres de l’UE ont conclu les négociations pour une loi européenne contre la déforestation.

Bientôt, l'UE n'autorisera plus l'entrée sur son marché de produits s’ils sont liés à la destruction des forêts : cela peut concerner le café, le cacao, le bois, l’huile de palme, la viande ou encore le caoutchouc.

Ce règlement est le premier au monde à s'attaquer à la déforestation mondiale. Il devrait réduire considérablement l'empreinte de l'UE sur la nature.

Rappelons qu’en 2017, l'UE était à l’origine de 16 % de la déforestation mondiale par le biais de ses importations. Un constat qui lui vaut la triste seconde place sur le podium des destructeurs de forêts tropicales, juste derrière la Chine, mais devant l’Inde et les États-Unis.

« En tant que bloc commercial majeur, l'UE va non seulement changer les règles du jeu pour la consommation à l'intérieur de ses frontières, mais elle va également inciter les autres pays qui alimentent la déforestation à modifier leurs politiques. La loi n'est pas parfaite, mais elle comporte des éléments forts. », se félicitait Anke Schulmeister-Oldenhove, responsable principale des politiques forestières au bureau des politiques européennes du WWF.

Cette bonne nouvelle pour la planète est également un signe encourageant pour la démocratie. « Cet accord montre que 1,2 million de citoyens, 217 ONG à travers le monde, des scientifiques, des leaders autochtones et des entreprises progressistes qui ont soutenu activement la campagne #Together4Forests ont enfin été écoutés. La déforestation ne finira plus dans les rayons des supermarchés et dans les assiettes de l'UE - c'est une victoire massive pour notre campagne. La société civile a montré son pouvoir une fois de plus », se réjouissait Liesbeth Van den Bossche, responsable de la campagne européenne au bureau des politiques européennes du WWF.

Les aspects positifs de cette loi contre la déforestation

  • Les produits devront être légaux, mais pas seulement

L'un des aspects les plus uniques de cette loi est qu’elle dépasse la simple légalité : pour entrer sur le marché européen, les produits doivent non seulement être légaux selon les normes du pays producteur, mais aussi exempts de déforestation et de dégradation des forêts.

  • Nombre important de produits visés

L’autre aspect extrêmement encourageant est le niveau d'ambition de la loi. Elle couvre en effet un large éventail de produits, comme le soja, le cacao, l'huile de palme, le bœuf, le café, le bois, ou encore le caoutchouc.

  • Traçabilité d’un bout à l’autre

Cette loi donnera également aux consommateurs et consommatrices la certitude que les produits ont été tracés jusqu'à leur lieu de production : on évite ainsi les failles potentielles dans les premières étapes de la chaîne d'approvisionnement.

  • Application garantie et pénalités

Enfin, une loi n'est bonne que si elle est correctement appliquée. Des contrôles annuels des entreprises et des produits sont prévus pour vérifier qu’ils respectent la législation, avec des pénalités le cas échéant.

Les aspects négatifs de cette loi contre la déforestation

Malgré une forte mobilisation citoyenne, des éléments importants ont été exclus.

  • Pas d’autres écosystèmes inclus

La loi ne prend en compte que les forêts. Les autres écosystèmes précieux comme les savanes n’en font donc pas partie… alors que nombre d'entre elles subissent déjà une pression immense, et sont d’essentiels refuge de la biodiversité, réservoirs à carbones et moyens de subsistances humains.

À titre de compromis, la Commission analysera la possibilité d'inclure d'autres écosystèmes naturels et réexaminera cette option un an après la mise en œuvre de la loi.

« C'est une honte que les autres terres boisées ne soient pas incluses dès le départ. Cela aurait fait une énorme différence pour les régions qui sont constamment menacées, comme le Cerrado brésilien - qui pourrait maintenant être confronté à une destruction encore plus importante en conséquence.», a appuyé Anke Schulmeister-Oldenhove.

  • Définition de la « dégradation des forêts » peu précise

La définition de la dégradation des forêts n'est pas suffisamment ambitieuse. Elle ne traite pas de la dégradation d'une forêt existante, mais de la conversion d'une forêt primaire ou en régénération naturelle en une plantation forestière.

  • Droits humains non mentionnés

Une autre occasion manquée est l'absence de reconnaissance claire des droits humains, en particulier des peuples autochtones et des communautés locales. Concrètement, le texte actuel limite la portée des droits humains aux lois nationales. Cela signifie que si certains droits des peuples indigènes ou des communautés locales ne sont pas reflétés dans la législation nationale, ils ne seront pas non plus protégés par le droit européen.

La suite des événements pour la loi contre la déforestation

Maintenant que la pierre angulaire de la nouvelle est convenue, les négociateurs et négociatrices se réuniront dans les semaines à venir pour finaliser le texte.

Le mouvement #Together4Forests, soutenu par plus de 200 ONG du monde entier, suivra de près la mise en œuvre de cette loi au cours des prochaines années. « Ce n'est pas encore terminé, ce n'est que la première étape. Nous avons les bases pour mettre fin à la déforestation, mais il faut maintenant que cela se concrétise », a conclu Anke Schulmeister-Oldenhove.

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