Sur les traces de la panthère des neiges au Népal

Sur les traces de la panthère des neiges au Népal

Installer des colliers GPS pour suivre les espèces clés est essentiel pour mener à bien notre mission de conservation. Une tâche assortie de nombreux défis, surtout pour une espèce aussi insaisissable que la panthère des neiges. Sheren Shrestha, responsable du projet au WWF-Népal, a mené à bien l'une de ces missions dans les hautes altitudes du parc national de Shey Phoksundo, au Népal. Il nous livre quelques pages de son journal de bord.

Début de la mission panthère des neiges – en route vers Dunai, 2000 m

Le jour du départ a sonné : cette expédition marque pour Sheren la troisième mission de pose de collier GPS dans le parc national de Shey Phoksundo, le plus grand parc national transhimalayen du Népal.  Une partie de l’équipe met le cap vers le premier point de ralliement à 2 000 mètres d’altitude. Le trac est à son comble. Malgré une préparation minutieuse de dix mois, et une équipe sélectionnée avec soin, Sheren sait que le succès de la mission dépend aussi d’un facteur imprévisible : la chance. Et l'objectif est ambitieux : il s’agit d’équiper deux panthères des neiges de colliers GPS en seulement deux mois.

Jour 2 – « Une panthère des neiges a bondi sur nous »

Le deuxième jour, notre équipe rencontre un éleveur de la région qui leur confie son dernier face à face avec une panthère des neiges :
« Je retournais à mon village avec mes animaux ; une panthère des neiges a bondi sur nous. Deux mules ont perdu l'équilibre et sont tombées dans la falaise en contrebas »

Évoquée sans animosité envers le félin, l’anecdote est néanmoins révélatrice de ce à quoi les habitant·es de cette région sont confrontés au quotidien. Pourtant, ces membres de communautés locales sont des alliés essentiels pour la protection de l’espèce et de son habitat. « Ce sont les mêmes qui se pressent à nos séances de formation, désireux d'apprendre comment protéger ce que d'autres pourraient appeler « l'ennemi ». Il y a beaucoup à apprendre de leurs traditions qui interdisent de nuire à la nature », précise Sheren dans son journal.

En route vers l'habitat de la panthère des neiges, 4 600 mètres d’altitude

Le 12e jour de trek, après avoir franchi un col particulièrement éprouvant, Sheren et le reste de l’équipe rejoignent le monastère de Shey Gumba. Là les attendent des scientifiques issus des communautés locales. La plupart d'entre eux seront affectés à des relevés de pièges photographiques ; d'autres se joindront à l'expédition de pose de colliers. Après quelques arrangement logistiques, le groupe se divise. Les deux équipes partent dans des directions différentes. Première mission : installer les pièges photographiques qui permettront de repérer les panthères des neiges dans les semaines qui viennent.

Et là, une panthère des neiges 

Une fois toutes les caméras installées, trois semaines passent. Aucun signe de l’animal que l’on surnomme « le fantôme de la montagne ». Au campement situé à 4 300 mètres d’altitude, Sheren et le reste de l’équipe prennent leur mal en patience.

Un matin, des exclamations enjouées résonnent dans le campement : « Hiun Chituwa ! » (« panthère des neiges ! »). Un des pièges photographiques a en effet immortalisé un jeune mâle. Coup du sort, il s’agit de la caméra la plus éloignée du campement, à quelques kilomètres en contrebas. Il n’y a pas une minute à perdre. Toute l’équipe se met en marche précipitamment.

Une panthère des neiges nommée Zeborong

Après un trek périlleux vers l’emplacement du piège photographique, l’équipe repère la panthère. Là, tout s’enchaine très vite. Le félin est anesthésié et transporté vers un replat pour plus de sécurité. En quelques gestes précis, les scientifiques prennent différentes mesures et le collier GPS est posé. Zeborong devient ainsi la 5e panthère des neiges à être équipée d’un tel système au Népal. En une heure à peine, l’affaire est bouclée et le félin se réveille ; Sheran et le reste du groupe attendent encore quelques instants sur place pour s’assurer que la panthère reparte sans encombre. Mission accomplie !

Clap de fin

Deux jours plus tard, une deuxième panthère est repérée, cette fois un peu plus proche du campement. L’opération se répète à l’identique, sans encombre. Le félin est baptisé « Samling », du nom du monastère local datant du XIIIe siècle. De retour au campement de base, Sheran et le reste de l’équipe demeurent encore deux jours afin d’établir la liaison satellite avec les deux colliers. Les données qu’ils transmettront seront cruciales pour mieux connaître le comportement et les déplacements des deux panthères. Ainsi, nos collègues du WWF-Népal pourront prendre les mesures adéquates pour assurer une cohabitation harmonieuse entre les félins et les communautés locales.

C’est grâce aux dons que nous recevons que nous pouvons mener des missions essentielles comme celles-ci, et participer à donner un avenir à la panthère des neiges. Merci de rendre cela possible !

À voir au cinéma : "La panthère des neiges", de Marie Amiguet et Vincent Munier

En ce début de printemps, c’est LA sortie cinéma que les amoureux et amoureuses de la nature se réjouiront d’aller voir. Après le livre, la BD et le roman graphique éponymes, voici le film !
Récompensé du César du Meilleur documentaire, ce premier documentaire signé Marie Amiguet suit de façon poétique la quête de l’écrivain Sylvain Tesson et du photographe Vincent Munier pour trouver l’insaisissable panthère des neiges. Entre réflexion sur la place de l’humain parmi les êtres vivants et véritable hommage au monde sauvage, il vous fera voyager de façon inédite dans les paysages époustouflants du haut plateau tibétain, peuplé de créatures extraordinaires.
Présenté en Belgique en partenariat avec le WWF, le film sera dans les salles à partir du mercredi 30 mars.

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