Restaurons la nature : 1 euro investi rapporte jusqu’à 51 euros !

Restaurons la nature : 1 euro investi rapporte jusqu’à 51 euros !

Une nature robuste est généreuse : chaque euro investi dans la restauration d’une nature de qualité rapporte ainsi entre 8 et 51 euros. C'est ce que démontrent le WWF, Natuurpunt et Natagora dans un nouveau rapport

Dans ce rapport, intitulé « Restaurer la nature : un investissement qui rapporte », nous examinons trois projets belges de restauration de la nature, deux en Flandre et le troisième en Wallonie. Notre objectif était de déterminer dans quelle mesure ces investissements dans la nature étaient rentables d'un point de vue socioéconomique. Nous avons fait le choix d’exemples de restauration de prairies humides, de marais et de tourbières. Lorsque ces zones naturelles sont en bon état, elles peuvent stocker de grandes quantités de carbone, réduire l'impact des fortes pluies et constituer des réserves d'eau en période de sécheresse. À l’inverse, lorsqu’elles sont en mauvais état, ces zones naturelles dégradées peuvent en venir à émettre du CO2 ou à aggraver les inondations. 

Demerbroeken

Entre Aarschot et Diest se trouve l'une des vallées les plus précieuses de Flandre : la vallée du Démer. À l'origine, elle abritait des marais et des saulaies, mais l'intervention humaine a progressivement transformé son paysage. Le projet de restauration de la nature vise donc à diversifier la flore du Demerbroeken (prairies riches, marais de roseaux, forêts marécageuses, forêts de feuillus indigènes...), tout en améliorant la qualité et la connectivité de la zone naturelle.  

Demerbroeken

Le résultat ? Chaque euro investi en rapporte huit ! Grâce à notre restauration, la zone naturelle du Demerbroeken stocke 300 tonnes de carbone en plus, capte 3 700 m³ d'eau supplémentaires, évite 1,19 million d'euros de dégâts des eaux et crée 18 emplois dans le secteur du tourisme. Mais ce n'est pas tout : chaque année, nous économisons ainsi 40 000 euros en frais de soins de santé et ses zones humides filtrent 475 kg d'azote, améliorant ainsi la qualité de l'eau. Le délai d'amortissement de ces investissements ? Seulement 16 ans.  

Kastanjebos

Situé dans le Brabant flamand, le Kastanjebos est une réserve naturelle Natura 2000 de 165 hectares, connue pour la splendeur de ses tapis de fleurs. La restauration de ses prairies de fauche et de ses forêts marécageuses permet au Kastanjebos de recevoir 12 500 visites supplémentaires par an, soit 105 000 euros de revenus touristiques supplémentaires et deux nouveaux emplois dans le secteur de l'horeca. 

Kastanjebos

Les efforts de restauration permettent également au sol de retenir 100 tonnes de carbone supplémentaires, soit l'équivalent des émissions de deux millions de kilomètres parcourus en voiture, ce qui correspond à un coût évité de 23 000 euros par an en moyenne. Le retour sur investissement de la restauration du Kastanjebos ? Chaque euro investi en rapporte 51 – avec un délai de récupération de seulement sept ans. 

Plateau des Tailles

Le Plateau des Tailles est situé au cœur des Ardennes belges, un haut plateau de forêts, de landes humides et de tourbières. Dans le passé, ces tourbières ont été asséchées pour y planter des forêts de conifères. Pour restaurer la nature, il faut donc inverser le mouvement : supprimer le drainage non naturel et abattre les plantations de résineux afin que les tourbières puissent à nouveau remplir pleinement leur rôle. Autre avantage de les restaurer ? Ce haut plateau peut à nouveau accueillir des espèces rares, telles que la cigogne noire, la bécassine des marais, la gélinotte des bois et le pic cendré.  

Plateau des Tailles

Les processus de stockage du carbone se remettent ainsi progressivement en place : c'est au terme des 20 premières années que nous récolterons les principaux bénéfices de ces investissements. Et ceux-ci sont considérables. Avant la restauration, la zone drainée émettait plus de 320 tonnes de carbone par an ; dans 20 ans, le sol en captera 170 tonnes, soit une différence de 490 tonnes de carbone par an. La qualité de l'eau s'améliore également, car ces zones humides filtreront 280 kg d'azote de l'eau chaque année. En termes de loisirs, les retombées sont également significatives : avec 61 000 visites supplémentaires par an, les touristes dépenseront ensemble plus d'un demi-million d'euros de plus, ce qui se traduit par huit emplois supplémentaires. Les investissements sont donc rentabilisés en 12 ans, chaque euro en rapportant 25. 

La restauration de la nature : une évidence 

Ces trois études de cas ne laissent planer aucun doute : la restauration de la nature est un investissement rentable. Et encore, il ne s'agit là que des bénéfices de la restauration de la nature que nous pouvons mesurer et exprimer en euros. Et même dans ce cas, les recettes dépassent largement les investissements.

De otter die in het Blaasveldbroek 's nachts via een wildcamera gespot werd.
Cette loutre est récemment apparue sur l'une de nos caméras à Blaasveldbroek.

Quant aux bénéfices « cachés » de la nature, ils sont aussi précieux qu’inestimables. L'émerveillement suscité par les jacinthes sauvages de la forêt de Halle au printemps par exemple, ou le bonheur de savoir que les loutres sont de retour dans notre pays après des décennies d'absence... cela n'a tout simplement pas de prix.

Or aujourd'hui, 95 % des habitats naturels de Belgique sont en mauvais état. Malgré cela, nous nous permettons de passer à côté de cet énorme retour sur investissement… Il est grand temps d'investir dans la nature, et ainsi d’investir ainsi dans la santé, dans notre sécurité alimentaire et dans la prospérité de toute la population.