Repéré en Belgique : le renard, prédateur timide mais téméraire

Repéré en Belgique : le renard, prédateur timide mais téméraire

Le renard roux a beau être omniprésent dans notre pays et dans nos histoires d'enfance, on le connait finalement assez peu. En juin, les renardes cherchent activement de la nourriture pour leurs renardeaux. C’est le moment idéal pour observer ces prédateurs charmants. Faisons plus ample connaissance et démêlons le vrai du faux grâce au regard aiguisé du photographe passionné de nature, Michel d’Oultremont.

Contenu proposé en collaboration avec Michel d’Oultremont - Chaque mois, nous vous emmenons désormais à la découverte d’un animal à observer en Belgique en vous promenant en pleine nature. À travers l’œil aiguisé du jeune photographe animalier belge Michel d’Oultremont couronné de nombreuses reconnaissances internationales, apprenons à nous émerveiller de l’incroyable diversité et de la beauté qui nous entoure.

Portrait Michel d'Oultremont
Michel d'Oultremont

Qu’on l’aime ou qu’on le craigne, le renard ne laisse pas indifférent. Michel d’Oultremont, lui, voue un amour sincère à ce petit carnivore. « J’aime beaucoup photographier le renard. En plus d’être beau, il a quelque chose de très émouvant. On sent que c’est un animal qui réfléchit, comme tous les prédateurs. Il a un regard saisissant, si vif. ».

Il est loin d'être le seul artiste à s'être épris de cette belle fourrure rousse : des oeuvres incontournables comme Le Petit Prince (Antoine de Saint-Exupéry), les fables de Jean de La Fontaine ou encore les films de Walt Disney ont tous offert une place de choix au renard. Malgré tout, qui peut se vanter de le connaître vraiment ?

Renard en gros plan

Avant tout, les bases : à quoi reconnait-on le renard ?

D’une longueur d’environ 80 cm, et d’une taille d’environ 50 cm, le renard (Vulpes vulpes) s’apparente un peu à un chien de taille moyenne. On l'appelle aussi renard commun, voire renard rouge, et anciennement goupil.

On peut trouver des renards blancs ou noirs, mais en général, c’est bien le roux qui caractérise le carnivore. « L’été, sa fourrure peut virer au brun, voire au gris sur son plastron avant. C’est en hiver, avec son poil épais, qu’il est le plus élégant : tout roux, avec une bavette blanche. », explique Michel d’Oultremont.

Comme les chiens, il mue deux fois par an. Ses poils tombent et repoussent avant et après l’hiver.

En Belgique, où vit le renard ?

Le renard roux est le prédateur terrestre le plus commun de Belgique, tant au nord qu’au sud. Et peu importe le paysage : agricole, côtier, forestier et urbain, tout lui convient. Il vit dans un terrier dans lequel grandissent les renardeaux pendant environ six mois, jusqu’à leur indépendance.

« On retrouve aussi le renard à Bruxelles : il a bien compris qu’il n’y est pas chassé, et qu’il y a énormément de nourriture à trouver, notamment dans les poubelles. »

Renard dans un champ

Que mange le renard, et pourquoi attaque-t-il les poules ?

Le renard est un carnivore qui mange de tout : dans la nature, il s’accommode tant des petits et micromammifères comme des souris, lapins ou lièvres, que des oiseaux ou des insectes.

Il est aussi assez opportuniste. En ville ou dans les villages, le renard cherche la facilité : il mangera les restes des poubelles… Ou les poules domestiques mal enfermées. Une manie qui lui vaut une piètre réputation.

Pourtant, qui peut lui en vouloir de se servir là où c’est simple ?

« C’est normal qu’il veuille manger des poules qui ne sont pas protégées correctement. C’est là, devant lui, accessible… C’est comme si vous mettiez un bol de bonbons devant un petit enfant, et qu’après, vous étiez étonné qu’il en ait mangé. »

Quand a-t-on le plus de chances d’observer le renard en Belgique ?

« Il y a deux périodes idéales pour observer le renard pendant l’année : en février, quand les renards sont en rut et ne pensent qu’à faire leur progéniture. Et en été, quand les renardes ne pensent qu’à nourrir leur progéniture. », explique le photographe.

Début juin est une période idéale pour observer les renardeaux. En effet, les portées de l’année naissent fin mars, début avril. En juin, les renardeaux ont déjà bien grandi. Ils ne sont plus allaités ; ils mangent des proies que leur rapporte leur mère.

« Les renardeaux commencent à vadrouiller autour du terrier. Ils sortent toutes les deux, trois heures. C’est le moment où on peut observer des interactions entre renardeaux, ou entre les petits et leur mère.

Les petits sont aussi plus insouciants : ils n’ont pas encore appris à craindre l’humain, et se laissent donc bien photographier. »

Pour observer les renardes adultes, c’est plutôt au petit jour ou à la tombée de la nuit que ça se passe. « Chez nous, le renard a un comportement semi-nocturne, mais ce n’est pas tout à fait naturel. Il s’est adapté à la démographie humaine de Belgique. Il a appris à se méfier des humains aussi. Au Canada par exemple, là où les humains ne les dérangent pas, les renards sont diurnes. »

Renardeau dans un champ

Où a-t-on le plus de chances d’observer le renard en Belgique ?

En juin, c’est le moment de la fauche des champs. « Les rongeurs qui avaient creusé leurs galeries dans le foin se retrouvent d’un coup à nu. Les champs deviennent alors des frigos ouverts pour les prédateurs comme les renards : ils n’ont qu’à se servir. »

Par ailleurs, à cette période, la renarde est plus téméraire que le reste de l’année. Parce qu’en juin, la jeune mère n’a un seul objectif : ramener assez de nourriture pour ses renardeaux. Elle est donc moins craintive que le reste de l’année. C’est le moment de bien protéger ses poules. Et de sortir l’appareil photo.

 « Si on s’installe devant un champ tout juste fauché, on peut facilement voir le renard, c’est quasiment garanti. Souvent, je m’allonge, et je me recouvre de foin. Quand je suis camouflé comme ça, et que je suis à bon vent, le renard me prend pour une botte de fois, et il ne se méfie pas. Et il peut alors s’approcher d’assez près. », remarque le photographe.

Renard dans un champ

Le renard, utile ou nuisible à la nature ?

Les renards ont souvent la mauvaise réputation d’amener des maladies, de se reproduire de façon exponentielle, ou d’être des tueurs de poules professionnels s’ils ne sont pas régulés. « En réalité, le renard est extrêmement utile à son milieu. En tant que prédateur, il participe à l’équilibre de son écosystème. », insiste Michel d’Oultremont.

Le renard est aussi le meilleur allié des agriculteurs, mais ça, on n’en parle pas assez. En un an, il nettoie les champs en mangeant jusqu’à 3000 rongeurs. Aucun produit phytosanitaire n’égale ça !

Il faut savoir une autre chose importante sur les renards : ce sont des animaux qui s’autorégulent. « Si on les laisse tranquille, il ne peut pas y avoir de surpopulation de renards. En fonction de la nourriture et de la place disponible, ils auront plus ou moins de jeunes, mais ils ne seront jamais trop. »

Tuer des renards ne fait que perturber les territoires établis. Tirer sur une renarde qui a des jeunes, par exemple, permettra à d’autres de venir s’implanter sur son territoire, et ainsi de faire proliférer inutilement l’espèce.

« En Suisse, par exemple, la chasse au renard est interdite. Mais ils ne souffrent pas de surpopulation. Ce qu’on appelle chez nous « réguler » la population des renards est un non-sens. C’est une façon de se donner bonne conscience pour pouvoir tirer sur l’animal. Mais la chasse au renard, c’est une passion, rien d’autre. Il faut l’assumer. »,  soutient le photographe.

La photo : renarde en chasse, de Michel d’Oultremont

Renarde qui tient une proie

« C’était au lever du jour, je m’étais camouflé à la lisière d’un champ tout juste fauché. La renarde a le poil humide à cause de la rosée du matin. Et elle me regarde de face, parce que c’était encore à l’époque où j’avais un appareil qui faisait un petit « clac clac » au déclenchement, et ce petit bruit l’a intriguée. Elle s’est approchée, sans être effrayée. Et puis elle a continué à chasser. Elle a attrapé six campagnols, et elle est partie avec son butin dans sa gueule, pour les amener à ses petits renardeaux. », se souvient Michel d'Oultremont.

Michel d'oultremont, photographe animalier
Originaire du Brabant-Wallon, Michel d’Oultremont est un photographe animalier passionné de faune sauvage. Depuis l’enfance, il capture l’instant sauvage, sans retoucher ses photos. Publié dans les plus prestigieux magazines animaliers, Michel d’Oultremont collectionne les récompenses internationales dont le « Rising Star Award » du Wildlife Photographer of the Year, remporté à deux reprises. Il collabore désormais avec le WWF, afin de faire découvrir les joyaux de notre faune sauvage et donner envie à toutes et tous de protéger cette nature fragile et magnifique dont nous avons toutes et tous besoin.

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