Repéré en Belgique : le râle d’eau, l’oiseau qui imitait le cochon

Repéré en Belgique : le râle d’eau, l’oiseau qui imitait le cochon

Voici un oiseau peu connu qui ne manque pourtant pas de se faire remarquer quand on tend l’oreille : c’est le râle d’eau, qui porte très bien son nom. Depuis la fin de l’été jusqu’au début de l’automne, le râle s’octroie une pause migration bien méritée dans nos marais. Et accompagne sa visite de son cri… particulier. Rencontre de cet oiseau étrange avec le photographe Michel d’Oultremont.

Contenu proposé en collaboration avec Michel d’Oultremont - Chaque mois, nous vous emmenons désormais à la découverte d’un animal à observer en Belgique en vous promenant en pleine nature. À travers l’œil aiguisé du jeune photographe animalier belge Michel d’Oultremont couronné de nombreuses reconnaissances internationales, apprenons à nous émerveiller de l’incroyable diversité et de la beauté qui nous entoure.

Portrait Michel d'Oultremont
Michel d'Oultremont

Vous est-il déjà arrivé de vous balader dans des marais et d’entendre comme un bruit… de cochon en panique ? Si la réponse est oui, vous étiez sans doute proche d’un râle d’eau. « Il a la particularité de faire un bruit de cochon… qu’on égorge. On le reconnait super bien à ça. À l’affut, c’est grâce à son bruit qu’on peut le trouver. », explique Michel d’Oultremont.

Mais force est de constater que le râle d’eau est un résident semi-permanent de Belgique injustement inconnu, bien qu’assez commun.

Râle d'eau

Qu’est-ce qui fait le charme du râle d’eau ?

De la taille d’une poule d’eau, c’est-à-dire assez petit (moins de 30 cm), le râle d’eau est gris-brun, et arbore un long bec rouge, légèrement incurvé, qui lui donne une silhouette élégante. « J’ai beaucoup photographié cet oiseau quand j’étais plus jeune en septembre, avant que je découvre le brâme du cerf. Je trouve qu’il très est joli, avec son bec et son œil rouges. En plus, c’est un oiseau qui n’est pas connu, sans pour autant être rare. Il est juste discret, et assez nocturne, il faut être là très tôt le matin pour pouvoir l’observer avant qu’il aille se cacher le jour. »

Un peu comme la poule d’eau, le râle ne vole pas beaucoup ; il passe le plus clair de son temps au sol, à courir ou parfois à nager.

Où vit le râle d’eau et de quoi se nourrit-il ?

Le râle d’eau vit dans les marais et les roselières. « Il est principalement insectivore mais il mange un peu tout ce qu’il trouve dans la vase : insectes, larves, moustiques. Plus rarement il peut aussi pêcher des petits crustacés ou des petits poissons d’eau douce. »

À la fin du mois d’août est jusqu’en octobre, le râle d’eau est souvent de passage dans notre pays. « En Belgique, nous sommes pile sur sa route migratoire. Après, s’il fait trop froid et que son marais gèle, il descend souvent jusqu’en Espagne, parfois en Afrique. ».

En effet, c’est aussi simple que ça : si sa rivière ou roselière gèle, il ne peut plus s’alimenter. Il part donc en recherche de températures plus clémentes.

Quelle est la route de migration du râle d’eau ?

Le râle d’eau a une aire de répartition assez large. « Il n’est pas inféodé chez nous. Il vit un peu partout en Europe, on en trouve par exemple beaucoup au Danemark aussi. »

Souvent, lorsqu’il est de passage ici, entre août et octobre principalement, c’est qu’il descend ensuite vers l’Espagne. « Il ne migre pas sur de longues distances, il fait plutôt de petites migrations ponctuelles ; et si les températures sont correctes ici, il peut même rester chez nous toute l’année ».

Râle d'eau

Le râle d’eau est-il un oiseau social ?

Le râle d’eau est un oiseau plutôt solitaire ; vous n’en verrez jamais une plaine remplie. « Mais il ne cherche pas le conflit et accepte la présence des autres. Mais comme il vit un peu partout, il n’y a jamais de grandes densités de population. »

La proximité entre individus existe malgré tout. « En hiver, il arrive qu’on repère trois, quatres râles d’eau proches les uns des autres, si la zone est riche en nourriture. Et puis, pendant la reproduction, les deux parents s’occupent des jeunes. »

Où peut-on voir le râle d’eau en Belgique ?

Les marais et roselières ne sont pas souvent des endroits faciles d’accès. C’est ce qui participe également au caractère inconnu du râle d’eau.

En Belgique, si vous vous êtes donné comme mission de voir un râle d’eau, il y a cependant des options qui permettent de mettre toutes les chances de votre côté. « Dans la réserve naturelle du Marais d’Harchies, entre Mons et Tournai, on est presque sûr de pouvoir en voir si c’est pendant la bonne saison. Mais en fait, on va plus souvent l’entendre que le voir, puisqu’il est au ras du sol, et qu’il vole très peu. »

Comment peut-on protéger le râle d’eau en Belgique ?

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un animal en voie d’extinction, son habitat est, sans surprise, souvent menacé. « Sans gestion, les zones humides peuvent soit être détruites, soit devenir des forêts. Il faut conserver ces zones humides. Par exemple, il est possible de s’investir dans des comités de gestion des réserves naturelles pour couper les roselières, ce qui enclenche leur régénération. »

Michel d'oultremont, photographe animalier
Originaire du Brabant-Wallon, Michel d’Oultremont est un photographe animalier passionné de faune sauvage. Depuis l’enfance, il capture l’instant sauvage, sans retoucher ses photos. Publié dans les plus prestigieux magazines animaliers, Michel d’Oultremont collectionne les récompenses internationales dont le « Rising Star Award » du Wildlife Photographer of the Year, remporté à deux reprises. Il collabore désormais avec le WWF, afin de faire découvrir les joyaux de notre faune sauvage et donner envie à toutes et tous de protéger cette nature fragile et magnifique dont nous avons toutes et tous besoin.

Jusqu’au 30 septembre 2022, Michel d’Oultremont vous invite à « Silly Silence ». Le long du sentier qui traverse le bois, des photos grand format frémissent au gré du vent, suspendues dans les arbres. Vingt clichés d'animaux sauvages issus de nos régions ou de contrées lointaines habillent les feuillages et surprennent le visiteur... Plus d'informations sur le site de silly.