Repéré en Belgique : le cerf en velours

Repéré en Belgique : le cerf en velours

Les cerfs peuplent la plupart des forêts de Belgique. Si vous avez la chance d’en croiser en juillet, vous apercevrez qu’une couche duveteuse recouvre leurs bois : il s’agit du velours. Qu’est-ce qu’un cerf en velours, à quoi sert cet attribut et comment le repérer, le photographe Michel d’Oultremont nous explique tout !

Contenu proposé en collaboration avec Michel d’Oultremont - Chaque mois, nous vous emmenons désormais à la découverte d’un animal à observer en Belgique en vous promenant en pleine nature. À travers l’œil aiguisé du jeune photographe animalier belge Michel d’Oultremont couronné de nombreuses reconnaissances internationales, apprenons à nous émerveiller de l’incroyable diversité et de la beauté qui nous entoure.

Portrait Michel d'Oultremont
Michel d'Oultremont

En général, c’est en septembre que le cerf arrive sous le feu des projecteurs médiatiques : c’est alors la période du brâme du cerf, qui gagne en popularité d’année en année. « Mais tout le reste de la vie du cerf est passionnante aussi ! C’est juste moins connu, parce que plus difficile à observer », remarque Michel d’Oultremont, photographe animalier belge.

C’est au mois de juillet que Michel d’Oultremont préfère les cerfs : lorsqu’ils sont au pic de la période « en velours ». Kesako ? On fait le tour en six faits surprenants.

Cerf en velours

Entre mars et juillet, le cerf est dit « en velours »

Chaque année, les bois des cerfs tombent à la fin de l’hiver. En une saison, qui peut durer entre 90 et 140 jours selon l’âge du sujet, les cervidés doivent refaire pousser l’entièreté de leurs bois, plus vigoureux et plus grands que l’année précédente.

Pendant la repousse, leurs bois sont irrigués de sang, et une fine couche de peau les recouvre. Cette couche qui donne un aspect duveteux est ce qu’on appelle le velours.

Jusqu’en été, la croissance des bois s’accélère de plus en plus… Pour s’arrêter tout net, à la fin du mois de juillet. « Avec un jeu hormonal incroyable, l’irrigation des bois en sang s’arrête aussi. La peau qui recouvre le bois meurt, et le cerf va alors se frotter pour se débarrasser de cette peau, cette sorte de velours. », explique Michel d'Oultremont.

Peu de structures naturelles poussent aussi vite que les bois d’un cerf

Ce phénomène naturel de croissance des bois de cerf a de quoi émerveiller.

« Les cerfs en velours, je trouve ça fascinant : c’est un peu mystérieux, il y a peu d’images, on ne sait pas très bien comment ça se passe. Et la croissance du bois est incroyablement rapide : au pic de la période de velours, le bois pousse de plus de deux centimètres par jour ! C’est comme si on faisait repousser un bras en une saison… »

Michel d'Oultremont
Cerf en velours

Les bois des cerfs sont sensibles pendant toute la période des velours

Les bois des cerfs sont sensibles pendant toute la période de croissance et de velours, puisqu’une peau les recouvre. Ce n’est qu’une fois que la peau meurt que la sensibilité disparait. C’est donc seulement à ce moment-là que le cerf peut commencer à se servir de ses bois comme arme de défense… Ce qui tombe bien, puisque ce moment coïncide avec la période du brâme du cerf, au début de l’automne.

Les bois des cerfs sont en réalité… de l’os

Les bois des cerfs sont plutôt blanchâtres, à l’origine, puisqu’il s’agit d’une structure en os. Mais ils prennent une couleur plus foncée à force d’être frottés sur des arbres. « La couleur des bois varie en fonction de l’arbre sur lequel les cerfs ont frotté leurs bois pour se débarrasser du velours. Par exemple, quand les bois sont presque noirs, c’est probablement qu’ils se sont frottés contre des épicéas. »

Il est difficile d’observer un cerf en velours

Pendant la période de velours, les cerfs sont très sensibles à leur bois, puisqu’ils sont recouverts de nerfs. Ils ne peuvent donc pas les utiliser pour se défendre ; pour cela, ils devront attendre septembre, lorsque leurs bois ne seront plus que des os dépourvus de sensibilité.

Pendant qu’un cerf est en velours, son taux d’hormones le rend plus craintif, surtout vis-à-vis de l’humain. Le cerf devient aussi plus nocturne, et reste dans des zones restreintes où sait qu’il aura la paix.

Tout cela fait qu’il est difficile de les observer à cette période. « Il y a beaucoup de cerfs en Belgique, mais ils peuvent se montrer très discret quand ils sont en velours. Il y a des années où je n’en vois pas un seul, alors que je passe des jours à l’affut. Il faut être particulièrement patient, mais aussi discret. Parce que si tu en vois et qu’il te repère, il changera d’endroit et tu ne le reverras plus. Par contre, si tu as la chance d’en trouver, tu peux te retrouver avec un clan de 20 cerfs autour de toi… Et ça c’est magique. »

Cerf en velours

Les cerfs ont besoin de vivre en clan pendant les velours

Pendant la période des velours, les cerfs vivent en clan : on peut voir parfois 20, 30 individus ensemble. Mais juste après, les besoins changent : pendant le brâme, en septembre et octobre, tout le monde se sépare… Pour se retrouver à nouveau en famille en novembre ou décembre et ce, jusqu’à leur séparation l’année suivante, vers la mi-août.  

« Pendant le brâme, où ils se tapent dessus. C’est parce que leur taux d’hormones augmente, alors ils ont besoin de rester seuls et voient les autres comme des méchants. Mais après, c'est rigolo, ils se retrouvent comme des vieux potes. », s’amuse le photographe.

La photo : cerf en velours, contre-jour

Cerf en velours, contre-jour

« C’est une photo que j’ai prise le matin. Un grand groupe de cerfs, que je suivais depuis quelques temps, est rentré plus tard que d’habitude : il y avait donc juste assez de lumière pour me permettre de prendre la photo à contre-jour. Je l’avais en tête depuis longtemps, donc j’étais très heureux d’y arriver.

Cette année, j’ai commencé cette année à aller à l’affut les cerfs en velours. J’espère que j’aurai encore la chance d’en photographier. », conclut Michel d’Oultremont.

Michel d'oultremont, photographe animalier
Originaire du Brabant-Wallon, Michel d’Oultremont est un photographe animalier passionné de faune sauvage. Depuis l’enfance, il capture l’instant sauvage, sans retoucher ses photos. Publié dans les plus prestigieux magazines animaliers, Michel d’Oultremont collectionne les récompenses internationales dont le « Rising Star Award » du Wildlife Photographer of the Year, remporté à deux reprises. Il collabore désormais avec le WWF, afin de faire découvrir les joyaux de notre faune sauvage et donner envie à toutes et tous de protéger cette nature fragile et magnifique dont nous avons toutes et tous besoin.

Jusqu’au 30 septembre 2022, Michel d’Oultremont vous invite à « Silly Silence ». Le long du sentier qui traverse le bois, des photos grand format frémissent au gré du vent, suspendues dans les arbres. Vingt clichés d'animaux sauvages issus de nos régions ou de contrées lointaines habillent les feuillages et surprennent le visiteur... Plus d'informations sur le site de silly.

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