Repéré en Belgique : le blaireau, prince de la nuit

Repéré en Belgique : le blaireau, prince de la nuit

Le blaireau, plus grand mustélidé de Belgique, se reconnait en un clin d’œil. Pourtant, il se fait discret, et ne sort qu’à la tombée de la nuit. Se rétablissant petit à petit en Belgique, ce gros plantigrade mérite d’être connu au-delà de ses bandes blanches et noires caractéristiques. Rencontre avec le photographe animalier belge Michel d’Oultremont.

Contenu proposé en collaboration avec Michel d’Oultremont - Chaque mois, nous vous emmenons désormais à la découverte d’un animal à observer en Belgique en vous promenant en pleine nature. À travers l’œil aiguisé du jeune photographe animalier belge Michel d’Oultremont couronné de nombreuses reconnaissances internationales, apprenons à nous émerveiller de l’incroyable diversité et de la beauté qui nous entoure.

Portrait Michel d'Oultremont
Michel d'Oultremont

Gros nez, petits yeux, lignes noires et blanches, corps encombrant et court sur pattes : vous l’aurez deviné, c’est notre blaireau. Bien que connu de tous, notre plus grand mustélidé de Belgique, animal nocturne, se fait très discret. « C’est notre prince de la nuit. On l’aperçoit plus qu’on ne le voit vraiment bien. Son ombre, sa tête, c’est le mystère de la nuit. Et il est beau. », s’attendrit Michel d’Oultremont.

Pendant longtemps, le blaireau se faisait pourchasser en Belgique, et s’y portait donc mal. Désormais protégé, il se rétablit peu à peu. « Avant, il ne vivait que dans des endroits très reculés comme en Ardenne mais maintenant qu’il se rétablit, il s’étale et se rapproche. Il y en a même un qui a été observé à Bruxelles ! », explique Michel.

WWF blaireau

Le blaireau, reconnaissable mais surprenant

Sa caractéristique physique première, ce sont ses lignes noires et blanches qui strient sa tête. Du reste, peu le connaissent vraiment. Par exemple, sa taille peut impressionner quelqu’un qui ne l’a jamais rencontré en vrai. « Le voir en face à face, ça étonne souvent, parce qu’il est plus grand qu’on le pense. Il a la taille d’un chien moyen ! »

Il peut en effet peser jusqu’à 20 kg et mesurer jusqu’à 75 centimètres de long. Court sur patte, le blaireau se déplace pourtant rapidement. En laissant derrière lui… Des petites traces d’ours. « On peut facilement reconnaitre son empreinte : elle est comme celle de l’ours, mais en plus petit. »

Son corps gris est recouvert d’une épaisse fourrure. « Ses poils sont très fins et d’une grande densité, donc idéal pour affronter le froid de l’hiver. Mais c’est aussi pour ça que ses poils étaient recherchés pour en faire une brosse à raser. »

Le blaireau, le clan maniaque du terrier

Le blaireau vit dans un terrier en cellule familiale. Ce clan est composé d’un couple de « parents », accompagné des blaireautins de l’année en cours et de l’année d’avant. Ils peuvent facilement vivre à huit. « Il peut arriver aussi qu’il partage son habitat avec des renards. On voit alors le renard sortir d’un trou, et le blaireau de l’autre. »

Le plus souvent, les terriers sont des patrimoines familiaux : ils sont occupés de génération en génération.

« Le terrier est super bien organisé : ils aménagent les chambres avec tout ce qu’ils peuvent trouver de douillet comme de la mousse, de la paille, des feuilles mortes. Il y a une pièce où ils stockent de la nourriture pour l’hiver et quand les petits viennent de naître. On y trouve des aliments non périssables comme des noix par exemple. Et puis il y a leurs latrines, en général en dehors du terrier. Ce sont comme des petites toilettes sèches.

Ils prennent vraiment soin de leur terrier. On sait qu’un terrier est occupé quand il y a de la terre fraîche devant, parce qu’il passe son temps à nettoyer. »

WWF blaireau

Quand le blaireau, prince de la nuit, sort manger…

C’est à la tombée du jour que le blaireau s’active. « Avec ses tout petits yeux et ses petites oreilles, le blaireau voit et entend très mal. Il fait tout avec son museau. La nuit, il sort, se gratouille, joue avec les autres petits, puis part à la chasse. »

« Le blaireau, c’est un omnivore et surtout un grand opportuniste. En se baladant, il va sentir un petit escargot – et hop, il va le croquer. Puis il va trouver une petite noix, qu’il va engloutir, ou des petits fruits, des œufs, des insectes et ainsi de suite. Il peut même manger des petits rongeurs mais évidemment ce n’est pas un as de la chasse, donc il fait ce qu’il peut. Il peut aussi devenir charognard, mais seulement s’il le faut vraiment. »

En automne, il prépare ses provisions. Car si le blaireau n’hiberne pas comme la marmotte, il hiverne, comme les ours : cela signifie qu’il ralentit le rythme. Il dort beaucoup, mange surtout à l’intérieur, mais peut sortir si c’est vraiment nécessaire et si les températures sont clémentes.

WWF blaireau

Pourquoi dit-on que le blaireau est un nuisible ?

Dans les années 1980, le blaireau était en mauvaise posture en Belgique : victime de gazage ou de déterrage intempestifs, sa population déclinait à vue d’œil et dans des conditions particulièrement cruelles. Mais depuis 1990, il a acquis un statut de protection en Belgique.

« Le gazage n’existe plus mais, malheureusement, le déterrage est toujours autorisé en France. Ça veut dire que les chasseurs peuvent creuser jusqu’à les trouver dans leurs terriers et les tuer à la pelle ou au fusil… une méthode très barbare. Tout cela parce qu’il est considérés comme nuisibles pour les cultures ; alors que leur impact reste assez limité quand on le laisse tranquille, comme en Belgique. », explique Michel d’Oultremont.

Depuis sa protection, le blaireau se porte mieux en Ardenne, et s’étend maintenant jusque dans le Brabant-Wallon et en Flandre !

Comment photographier un blaireau ?

« Il faut l’attendre jusqu’à la tombée de la nuit. Parfois, il sort juste au moment du coucher du soleil, ce qui peut être très beau.

Quand on se met à l’affut avec le blaireau, en fin de journée, le plus important est d’être à bon vent. Comme il a un très bon odorat, c’est indispensable. Si c’est le cas, il est génial à photographier. Du fait qu’il ne voit pas bien, il peut parfois venir très près. J’ai déjà eu des blaireautins qui butaient contre le filet de camouflage ou qui venaient renifler le trépied !

De plus, il ne craint plus trop l’humain, puisqu’il n’est plus chassé. Il est donc très curieux. », se réjouit Michel d’Oultremont.

WWF blaireau

Un dernier mot pour le blaireau ?

« Le blaireau, ça a une connotation péjorative. Quand on dit à quelqu’un « t’es qu’un blaireau », c’est une insulte. Pourtant, il est super propre, super intéressant, super malin. C’est donc une très bonne chose de se faire traiter de blaireau…

Et il faut le protéger ! Il n’a déjà pas une espérance de vie très longue : cinq, six ans. Mais en plus, sa première cause de mortalité est l’accident de la route. Donc à la campagne : ralentissez ! », conclut Michel d’Oultremont.

Michel d'oultremont, photographe animalier
Originaire du Brabant-Wallon, Michel d’Oultremont est un photographe animalier passionné de faune sauvage. Depuis l’enfance, il capture l’instant sauvage, sans retoucher ses photos. Publié dans les plus prestigieux magazines animaliers, Michel d’Oultremont collectionne les récompenses internationales dont le « Rising Star Award » du Wildlife Photographer of the Year, remporté à deux reprises. Il collabore désormais avec le WWF, afin de faire découvrir les joyaux de notre faune sauvage et donner envie à toutes et tous de protéger cette nature fragile et magnifique dont nous avons toutes et tous besoin.

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