Repéré chez nous : la buse variable

Repéré chez nous : la buse variable

Des griffes acérées, un bec puissant, un regard perçant… On pourrait presque confondre la buse variable avec un aigle, tellement sa carrure est imposante. Ce rapace, très commun en Belgique, peut s’observer en toutes saisons, tant en pleine nature qu’en ville. Pour mieux connaître, protéger et même photographier la buse, c’est ici que ça se passe !

Contenu proposé en collaboration avec Michel d’Oultremont - Chaque mois, nous vous emmenons désormais à la découverte d’un animal à observer en Belgique en vous promenant en pleine nature. À travers l’œil aiguisé du jeune photographe animalier belge Michel d’Oultremont couronné de nombreuses reconnaissances internationales, apprenons à nous émerveiller de l’incroyable diversité et de la beauté qui nous entoure.

Portrait Michel d'Oultremont
Michel d'Oultremont

1. Le portrait : la puissance de la buse

La buse est l’un des rapaces les plus communs de nos contrées. Elle est présente tant à la côte qu’à la campagne, ou même en ville. Contrairement à beaucoup d’autres, elle est diurne, et s’observe donc très facilement. Par ailleurs, son envergure est plutôt imposante : une fois ses ailes déployées, elle peut atteindre une environ 1,1 à 1,2 mètre !

« La buse, je l’aime parce que c’est un oiseau qui dégage de la force : c’est notre aigle à nous, et ça, ça me plait bien. Quand elle attaque, on voit la puissance de ses pattes et de son bec. Je la vois un peu comme le renard, mais en version volante. », explique Michel d’Oultremont.

La buse et sa couleur… pas typique

Sa couleur varie du blanc pur à des teintes très foncées… De là son nom de buse « variable » ; les différences entre les plumages sont typiques de l’espèce. « Un point presque commun à toutes les buses, c’est que la plupart ont un joli « V » sur le torse », précise Michel. Autre signe distinctif, qui permet de ne pas la confondre avec le milan royal ou le milan noir : sa queue est arrondie. Elle est aussi assez courte, contrairement à celle du busard.

La buse est une chasseuse hors pair

Avec sa vue perçante, la buse est une excellente chasseuse. « Elle mange presqu’exclusivement des micromammifères, comme des campagnols, des rats ou des mulots. De temps en temps, elle complète son régime alimentaire d’insectes comme des coléoptères ou de vers de terre. Mais elle ne chasse que très peu d’oiseaux, qui sont trop rapides pour elle. ».

La buse est une squatteuse de nids

Leur nid consiste en un gros tas de branches. « Un peu comme un nid de cigogne, mais en plus petit. Parfois, elle s’installe aussi clandestinement dans le nid d’une corneille ou d’un corbeau. ».

Buse variable

2. Repéré en février : la buse peut devenir un charognard

La buse s’adapte bien à un milieu changeant. En toutes saisons, vous aurez de grandes chances d’apercevoir une buse endéans l’heure si vous restez en lisière de forêts ou de champs. Mais elle n’adopte pas les mêmes comportements en été qu’en hiver.

« L’été, on la voit bien tourner dans le ciel ; elle utilise des thermiques, donc des colonnes d’air chaud. Grâce à ça, elle ne dépense presqu’aucune énergie. Elle plane en utilisant la même technique que les parapentistes. Mais l’hiver est plus compliqué pour elle : voler la fatigue, et la nourriture est moins facile à trouver.

La buse préfère alors se percher, et rester immobile. En hiver, on la voit donc souvent sur des perchoirs dans les champs par exemple, attendre le moindre mouvement qu’une proie potentielle fera. »

En hiver, quand les micromammifères sortent moins, la buse peut devenir un charognard. « C’est notamment le cas quand il neige. Les petits mammifères circulent alors dans la neige, et elle ne peut plus les voir. Alors elle cherche des animaux morts sur le bord des routes, ou dans la forêt. », précise Michel d’Oultremont.

Buse variable

Protéger la buse variable 

En Belgique, la buse se porte globalement bien. De nombreux perchoirs lui sont dédiés dans les champs cultivés. « C’est l’amie des agriculteurs et agricultures : elle permet de débarrasser le champ des petits mammifères qui pourraient abîmer les cultures. », explique Michel. Mais comme elle se situe en bout de chaîne alimentaire, elle peut malgré tout facilement se faire empoisonner.

« Ses proies, que ce soit souris, rats ou campagnols, se font souvent empoisonner. Donc si elle mange un animal empoisonné, elle pourra le supporter. Mais si elle mange 15, c’est différent.

Il y a aussi les gens qui empoisonnent les carcasses pour tuer les prédateurs comme les buses ou les renards. C’est illégal évidemment : la buse est un rapace et à ce titre, elle est protégée légalement. Mais ça n’empêche pas les gens mal intentionnés d’agir. ».

Pour aider et observer la buse, vous pouvez, si vous disposez d’un jardin, y installer dans le fond un grand perchoir en bois en forme de T. La buse pourra ainsi s’y reposer et scruter à son aise le moindre mouvement que ferait un petit mammifère.

En ville, pas de méthode pour l’observer : il faut avoir de la chance ! C’est un rapace qui est craintif de l’humain. Il est donc plus difficile à repérer et à approcher qu’un animal comme l’écureuil ou le geai des chênes.

Buse variable

La photo de la buse

« En février passé, j’étais parti du côté de Libramont. J’avais trouvé un renard mort sur le bord de la route, qui s’était malheureusement fait percuter par une voiture. Ce genre de carcasses attire beaucoup les buses mais, si je la laissais là, elles risquaient de se faire renverser à leur tour. J’ai donc déplacé la carcasse et je me suis construit un affut juste devant, bien camouflé. Après quelques heures seulement, trois buses sont venues se nourrir.

J’étais bien caché, donc elles n’ont pas eu peur de moi. J’ai pu les observer et les photographier pendant toute une semaine, jusqu’à ce qu’elles aient complètement nettoyé la carcasse de renard de toute sa chair. »

Buse variable

Le bonus : activité nature avec des enfants

Il arrive souvent de trouver, en bas de perchoirs, de poteaux électriques ou de nids, des pelotes de rejection. « Tous les rapaces font des pelotes de rejection. C’est leur système digestif qui rejette ce qu’elles ne digèrent pas des mammifères : les poils et les os, qu’elles régurgitent régulièrement en une pelote. », précise Michel.
À l’aide d’un peu d’eau, d’une pince à épiler et d’un peu de patience, amusez-vous avec des enfants à séparer les petits os, et à trouver quels mammifères le rapace a dévoré et régurgité.

Michel d'oultremont, photographe animalier
Originaire du Brabant-Wallon, Michel d’Oultremont est un photographe animalier passionné de faune sauvage. Depuis l’enfance, il capture l’instant sauvage, sans retoucher ses photos. Publié dans les plus prestigieux magazines animaliers, Michel d’Oultremont collectionne les récompenses internationales dont le « Rising Star Award » du Wildlife Photographer of the Year, remporté à deux reprises. Il collabore désormais avec le WWF, afin de faire découvrir les joyaux de notre faune sauvage et donner envie à toutes et tous de protéger cette nature fragile et magnifique dont nous avons toutes et tous besoin.

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