Repéré chez nous : la barge à queue noire

Repéré chez nous : la barge à queue noire

Du haut de ses fines pattes, la barge à queue noire (Limosa limosa) est de retour chez nous après avoir passé son hiver au Sud. Bien que communes en Belgique, les populations de barges à queue noire sont de moins en moins abondantes au fil des années. Faute à la pollution et la disparition des zones humides. Redécouvrons avec le photographe Michel d’Oultremont la silhouette fine de cet oiseau qui mérite d’être plus connu.

Contenu proposé en collaboration avec Michel d’Oultremont - Chaque mois, nous vous emmenons désormais à la découverte d’un animal à observer en Belgique en vous promenant en pleine nature. À travers l’œil aiguisé du jeune photographe animalier belge Michel d’Oultremont couronné de nombreuses reconnaissances internationales, apprenons à nous émerveiller de l’incroyable diversité et de la beauté qui nous entoure.

Portrait Michel d'Oultremont
Michel d'Oultremont

Portrait : la barge à queue noire, un oiseau migrateur menacé

La barge à queue noire (Limosa limosa) est un limicole migrateur : un petit échassier, de moins d’un demi-mètre, qui se nourrit dans les zones vaseuses. Avec son long bec et ses hautes pattes, elle peut se servir avec précision des petits invertébrés qui vivent dans les zones humides. En plus de cette silhouette caractéristique, la barge a une petite bavette orange qui la rend reconnaissable en un regard.

« J’aime bien la silhouette élégante de la barge à queue noire et son comportement, avec son vol lent. Je trouve qu’elle mérite d’être mise en avant, parce qu’elle souffre beaucoup de nos activités humaines. Beaucoup plus que de nombreuses espèces de chez nous. C’est triste évidemment, elle n’a rien demandé. », explique le photographe Michel d'Oultremont.

En Belgique, on peut malgré tout encore l’observer entre le printemps et l’automne. Surtout dans les polders le long de la côte, mais aussi dans des étangs, marais et prairies humides. Elle est particulièrement sensible aux changements d’un paysage, aux pesticides, etc. Résultat : ses effectifs sont en chute libre.

J’ai vu une différence flagrante en seulement quelques années. Il y a dix ans, quand j’ai commencé à photographier la barge à queue noire, j’en voyais 30, parfois 50 sur la journée. Maintenant, dans ces mêmes zones, ce n’est pas rare que je n’en voie plus du tout.

Barge à queue noire

Repéré en mai : les petites barges à queue noire sortent de l'oeuf

Les barges à queue noire reviennent d’un long voyage hivernal : elles descendent parfois jusqu’au Sénégal pour passer les mois les plus froids. De retour au pays, elles commencent à parader.

Elles vivent en groupe une majeure partie de l’année : d’une vingtaine d’individus à plusieurs milliers ! Mais en période d’accouplement et jusqu’à la prise d’indépendance des petits, c’est chacun chez soi. Les mâles deviennent très territoriaux : ils défendront bec et ongles le petit territoire qu’ils partagent avec leur femelle. « À cette période-là, ils n’aiment pas avoir des voisins très proches. Pas comme les mouettes dont les nids sont collés-serrés. », ajoute Michel.

Barge à queue noire

Les barges à queue noire repèrent une petite cavité au sol, dans les herbes : c’est là qu’elles pondent leurs œufs. En mai, c’est la période de la naissance des jeunes.

L’espèce est nidifuge : cela signifie qu’un ou deux jours après leur naissance, les jeunes quittent le nid, comme les oies. Ils vont suivre leur mèreet vont très vite chercher eux-mêmes la nourriture. Femelles et mâles élèvent leurs petits ensemble. Car le danger n’est jamais très loin.

En effet, la prédation est élevée à cette période : les martres et les renards se régalent de cette jeune chaire. « Mais les parents protègent très bien leur progéniture. C’est comme les oies. Tu peux te faire attaquer violemment si tu ne dégages pas de sa zone. C’est pour ça qu’en mai, il faut les observer de très loin, pour ne pas les déranger. », précise Michel d’Oultremont.

Début octobre, les petits ont pris assez de force pour le long voyage qui les attend. Ils partent vers le sud, et reviendront quelques mois plus tard, pondre à leur tour.

Comment protéger la barge à queue noire

Pour protéger la barge à queue noire, il faut une sensibilisation collective. « La protéger est plutôt une mission pour les communes. Les barges ont besoin de zones humides, qu’il faut donc protéger. Il n’y a rien que l’on puisse faire de façon individuelle : on ne peut pas la nourrir, ni les attirer. En fait, ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de les laisser tranquille. Et les observer de loin. »

En effet, les barges ne sont pas très farouches. C’est donc à nous de les observer à distance, pour ne pas les déranger.

Barge à queue noire

La photo de la barge à queue noire : le combat de mâles

« Quand je veux photographier des barges à queue noire, je me couche et me camoufle dans une prairie. Et c’est eux qui décident de venir proche de moi ou non. Grâce à cet affût discret, ils viennent parfois à trois mètres de moi ; mais je ne les dérange pas. Ce n’est pas moi qui m’approche et les stresse.

Pour cette photo, je me suis orienté en contre-jour, pour avoir la silhouette des oiseaux. Le soleil était déjà levé, ils ont commencé à crier. C’est un combat typique entre deux mâles qui se disputent un territoire. Ils volent, ils se prennent le bec, ils prennent de l’altitude. Jusqu’à ce que l’un lâche ; alors l’autre a gagné. », conclut Michel d'Oultremont.

Barge à queue noire
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MICHEL D'OULTREMONT, PHOTOGRAPHE ANIMALIER
ORIGINAIRE DU BRABANT-WALLON, MICHEL D’OULTREMONT EST UN PHOTOGRAPHE ANIMALIER PASSIONNÉ DE FAUNE SAUVAGE. DEPUIS L’ENFANCE, IL CAPTURE L’INSTANT SAUVAGE, SANS RETOUCHER SES PHOTOS. PUBLIÉ DANS LES PLUS PRESTIGIEUX MAGAZINES ANIMALIERS, MICHEL D’OULTREMONT COLLECTIONNE LES RÉCOMPENSES INTERNATIONALES DONT LE « RISING STAR AWARD » DU WILDLIFE PHOTOGRAPHER OF THE YEAR, REMPORTÉ À DEUX REPRISES. IL COLLABORE DÉSORMAIS AVEC LE WWF, AFIN DE FAIRE DÉCOUVRIR LES JOYAUX DE NOTRE FAUNE SAUVAGE ET DONNER ENVIE À TOUTES ET TOUS DE PROTÉGER CETTE NATURE FRAGILE ET MAGNIFIQUE DONT NOUS AVONS TOUTES ET TOUS BESOIN.