Peut-on manger de la viande sans nuire à la planète ?

Peut-on manger de la viande sans nuire à la planète ?

Nous devons consommer de la viande et des aliments d'origine animale en fonction de ce que la planète peut produire de manière durable. Ou mettre en péril l'avenir de la vie sur Terre.

D’un point de vue mondial, ce que nous mangeons et la façon dont nous le produisons actuellement n'est bon ni pour nous, ni pour la planète. Par exemple : alors que plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim, plus de deux milliards de personnes sont obèses ou en surpoids.

Par ailleurs, une alimentation malsaine est la principale cause de maladies non transmissibles. Et pour couronner le tout, la façon dont nous produisons les aliments dégrade rapidement la planète : la production alimentaire est à l'origine de 70 % de la perte de biodiversité terrestre et de 50 % de celle de l’eau douce. Elle est aussi responsable d'environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre. C'est notamment ce qui ressort de notre dernier Rapport Planète Vivante 2022.

Certains aliments sont toutefois plus néfastes que d'autres pour la planète.

Les aliments d'origine animale ont généralement un impact plus négatif sur la nature que les aliments non transformés et d'origine végétale. Parmi eux, la production de viande, de produits laitiers et de fruits de mer font partie des plus nuisibles.

La viande : quel est le problème ?

La viande tend à avoir l'impact environnemental le plus élevé. En partie parce que le bétail produit des émissions de méthane au cours de son processus de digestion (qu'on appelle la fermentation entérique) ; mais aussi parce que la plupart de la viande provient de bétail nourri avec des céréales…

Cela signifie que l'empreinte environnementale ne se limite pas aux ressources utilisées pour le bétail. En effet, elles s’accumulent avec celles qui servent à produire les aliments destinées à ces animaux. L’impact est donc double.

Particulièrement, le bétail élevé de manière intensive dans de petits espaces est préoccupant. Leur régime alimentaire est composé de soja et de céréales. Or, la production de ces denrées entraîne la conversion de la nature à grande échelle, dans des espaces tels que les grandes plaines d'Amérique du Nord et le Cerrado brésilien. Cette conversion s’assortit systématiquement d’une grande perte de biodiversité et d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Faut-il changer nos habitudes alimentaires ?

Si cette question peut s’envisager tant du côté de la santé humaine que de la santé de la planète, la réponse peut être globale : la surconsommation nuit, à tout point de vue.

D’une part, la science montre que la surconsommation de viande, ainsi que d'aliments fortement transformés et de sucres raffinés, peut augmenter le risque de maladies cardiaques, de cancer et de diabète. À l’inverse, la consommation de fruits, de légumes et d'autres aliments végétaux entraîne des résultats positifs pour la santé humaine.

D’autre part, le GIEC insistait dans son dernier rapport sur le fait que les régimes alimentaires d’origine végétale représentent une opportunité majeure d'atténuer le changement climatique et de s'y adapter.

Il est toutefois important de reconnaître qu'une consommation modérée d'aliments d'origine animale peut faire partie d'un régime sain et équilibré. Et que dans de nombreuses régions du monde, la viande constitue encore une source vitale de nutriments qui se ne trouvent pas dans les autres aliments accessibles.

La santé de l'environnement dépend donc de notre capacité à éviter la surconsommation : il est tout simplement impossible de produire la quantité de viande actuellement consommée sans nuire à la planète.

repas varié

De la viande durable : mission possible ?

Certaines méthodes de production animale - le bétail en pâturage extensif, par exemple - peuvent avoir un impact positif sur l'environnement. Les recherches montrent que le bétail élevé dans des prairies naturelles bien gérées (par opposition aux forêts détruites pour faire place aux élevages) peut augmenter la quantité de carbone stockée dans le sol et contribuer à un écosystème de prairie biologiquement riche.

Par ailleurs, le bétail intégré aux terres cultivées fertilise naturellement la terre, ce qui réduit la nécessité d'appliquer des engrais synthétiques.

Et la nourriture produite en harmonie avec un écosystème sain est un véritable gagnant-gagnant. Par exemple, certains éleveurs et bergers contribuent à la sécurité alimentaire et améliorent les moyens de subsistance locaux en élevant du bétail sur des prairies naturelles, tout en jouant un rôle essentiel dans la gestion durable des terres.

Réalisme : nourrir toute la planète utilise beaucoup de ressources

Lorsque l'on réfléchit à notre avenir alimentaire, il faut tout de même garder à l’esprit une chose : nourrir des milliards de personnes nécessitera toujours une quantité importante de ressources naturelles.

Par exemple, même si nous devenions une planète entièrement végétalienne, la réalité est que nous utiliserions toujours approximativement la même quantité de terres cultivées que celle nécessaire pour nourrir les humains et les animaux aujourd'hui.

Mais la production alimentaire peut devenir positive pour la nature, en soutenant les écosystèmes résilients. Diversifier les méthodes de production et les types d’aliments font partie de la solution.

rizières

La voie à suivre

À l'échelle mondiale, nous devons consommer de la viande et des aliments d'origine animale en fonction de ce que la planète peut produire durablement.

Cela signifie qu'il faut réduire globalement la quantité de viande et d'aliments d'origine animale actuellement consommée. Mais il n'existe pas de solution unique.

La contribution de chacun d'entre nous sera en fonction de sa culture, de ses traditions culinaires, de son empreinte environnementale et de son profil de santé.

Dans certains endroits, la quantité actuellement consommée est bien supérieure à ce qui est sain pour les personnes ou la planète. Dans d'autres, la consommation de viande devrait en fait être augmentée pour aider à atteindre les objectifs en matière de santé et de nutrition.

Nos conseils pour une alimentation durable

Au WWF, nous soutenons une alimentation durable dans le cadre de notre projet #Eat4Change. Pour faire simple, nous avons mis en place quatre règles d’or à suivre au quotidien : 

  • Moins de produits d’origine animale : en consommant maximum deux à trois fois de la viande, charcuterie ou produits laitiers par semaine, nous ingérons largement la dose de protéines nécessaires.
  • Plus de végétal : légumes, fruits, légumineuses et céréales doivent être la base de l’alimentation.
  • Mieux choisir ses produits : de façon générale, préférer les circuits courts et les produits issus de systèmes de production durables.
  • Choisir local et de saison : afin de respecter le rythme de la nature et soutenir nos producteurs et productrices d’ici.

Pour des idées de recettes et des conseils à la pelle, rendez-vous sur notre page Mieux manger.

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