Pourquoi la biodiversité ordinaire est notre meilleure alliée
Pourquoi la biodiversité ordinaire est notre meilleure alliée
La biodiversité dite ordinaire est celle que l’on croise au quotidien, souvent sans s’y attarder. Pourtant, elle mérite toute notre attention : les espèces qui la composent sont celles qui nous rendent la grande majorité des services écosystémiques. Sans elles, pas d’avenir pour nous. Pourtant, discrètement, elles disparaissent, elle aussi. Il est temps de mieux la connaître, et de mieux la protéger.
Quand on pense « biodiversité », on imagine souvent des espèces iconiques : tigres, éléphants, récifs coralliens… Mais qu’en est-il des espèces que nous croisons chaque jour sans y prêter attention ? Un hérisson dans un jardin. Une coccinelle sur un plant de tomate. Une abeille qui butine. Un renard dans un champ. Un hêtre vieux de cent ans.
C’est ce que l’on appelle la biodiversité ordinaire : toutes les espèces communes qui nous entourent. Contrairement à la biodiversité extraordinaire, elle suscite moins d’émotion et d’émerveillement. Et donc, bien souvent, bénéficie de moins de mesures de protection. Pourtant, sans elle, pas d’air pur, pas de nourriture, pas d’eau potable, pas de climat régulé. Sans ces héros de l’ombre, nous ne serions pas là. En Belgique comme ailleurs, cette biodiversité du quotidien est aujourd’hui en danger. Et elle mérite qu’on la regarde, qu’on la respecte, et qu’on la protège.
Des régulateurs naturels
Certaines espèces jouent un rôle de régulateur au sein des écosystèmes, en maintenant un équilibre entre les différentes populations animales et végétales. Voici quelques alliés insoupçonnés :
Le renard roux, allié mal-aimé des cultures
Souvent considéré à tort comme un nuisible, le renard est pourtant un maillon essentiel. En consommant entre 6 000 et 10 000 rongeurs par an, il limite la prolifération de ces derniers dans les champs, ce qui réduit les risques pour les cultures et les maladies associées.

Le hérisson, régulateur des potagers
Egels zijn insecteneters. Ze eten naaktslakken, sprinkhanen, meikevers en duizendpoten. Ze behouden het ecologisch evenwicht van je tuin door de insectenpopulaties onder controle te houInsectivore invétéré, le hérisson se nourrit de limaces, sauterelles, escargots, hannetons ou mille-pattes. Il contribue à l’équilibre écologique des jardins, en régulant naturellement les populations d’invertébrés.

La coccinelle, nettoyeuse du potager
Elle compte parmi les rares insectes à susciter une sympathie unanime — et pour cause : en plus de son style sublime, la coccinelle est un prédateur redoutable contre les pucerons, acariens et cochenilles, qui nuisent aux plantes. Une seule coccinelle peut manger jusqu’à 100 pucerons par jour !

Des pollinisateurs indispensables
Saviez-vous qu’il existe, rien qu’en Belgique, plus de 350 espèces d’abeilles et de bourdons sauvages ? Loin des ruches, ces travailleuses de l’ombre assurent à elles seules 85 % de la pollinisation des plantes à fleurs. Certaines abeilles vivent seules, dans de petits trous ou cavités naturelles. D'autres, plus sociales, forment de petites colonies. Seule l’abeille domestique produit du miel – mais toutes contribuent à notre survie !
Leur rôle est en effet vital : environ 75 % des plantes cultivées dans le monde dépendent de la pollinisation pour se reproduire. Sans elles, pas de pommes, de tomates, de fraises ni d’oléagineux.

Des ingénieurs du sol
Ce que l’on voit rarement est parfois ce qui compte le plus. Les vers de terre, par exemple, sont de véritables architectes souterrains :
- En creusant leurs galeries, ils aèrent le sol, ce qui facilite l’infiltration de l’eau et l’absorption de l’oxygène par les racines.
- En enfouissant la matière organique, ils enrichissent la terre, la rendent plus fertile et plus vivante.
- Un sol riche en vers de terre peut absorber jusqu’à 100 fois plus d’eau qu’un sol mort, ce qui limite les risques d’inondation.
C’est pourquoi les scientifiques les qualifient « d’espèces ingénieures ».

Une disparition silencieuse
Malheureusement, cette biodiversité ordinaire subit un déclin rapide.
- En Europe, 60% des oiseaux des champs ont disparu en Europe depuis 1980.
- Les abeilles sauvages sont en forte régression à cause de la pollution, des pesticides, de la disparition des habitats et du changement climatique.
- Les hérissons voient leurs populations chuter, notamment à cause des routes, des clôtures infranchissables, de la pollution et de la fragmentation des milieux. Cette année, ils ont été classés dans la catégorie « quasi menacés » de la liste rouge de l’IUCN.
Mais ce recul dramatique passe souvent inaperçu… jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour faire marche arrière.
Comment les protéger ?
Évidemment, nous avons besoin d’actions à échelle internationale, mais aussi européenne, nationale, régionale et locale. En plus de cela, chacun·e d’entre nous a le pouvoir d’agir. Notamment cet été, en aidant par exemple les espèces vulnérables à faire face aux fortes chaleurs : vous trouverez tous nos conseils ici. Et en soutenant des associations locales, bannissant les pesticides, laissant une partie de votre jardin en friche…
Vous l’aurez compris : la biodiversité ordinaire n’est ni banale, ni remplaçable. Elle est le socle de notre vie quotidienne, de notre alimentation, de notre bien-être. En prenant soin d’elle, nous prenons soin de nous-mêmes. Et chaque petit geste compte : protéger un hérisson, planter des fleurs pour les abeilles, ou laisser vivre une coccinelle, c’est déjà faire d’un geste ordinaire, aux conséquences extraordinaires.
Le saviez-vous ? Un simple mètre carré de sol vivant abrite jusqu’à 10 000 vers de terre, 50 000 insectes et 1 milliard de micro-organismes. La vie grouille littéralement sous nos pieds !
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