Le tigre, clé de la régénération de la nature

Le tigre, clé de la régénération de la nature

Notre dernière étude montre que tout le monde gagnerait à ce que les tigres sauvages disposent de 1,7 million de km² supplémentaire d'habitat restauré. Cette zone s'étend sur 15 pays, dont tous les États de l'aire de répartition actuelle du tigre et cinq États où il est considéré comme éteint - le Cambodge, le Kazakhstan, le Laos, le Pakistan et le Vietnam. Ce paysage représente plus de deux fois la taille de l'habitat actuel des tigres, et l’équivalent de la moitié de la superficie de l'Inde.

Notre nouvelle étude sur le tigre ("Restoring Asia's Roar : Opportunities for tiger recovery across their historical range ") souligne que de nombreux paysages, comme les montagnes Cardamom dans le sud-ouest du Cambodge, sont cruciales pour la survie du tigre. Mais pas seulement. Elles contribueraient aussi aux objectifs mondiaux d'atténuation du changement climatique, grâce à leur capacité de stockage de CO2. Enfin, elles apporteraient des avantages écologiques majeurs aux humains, à la faune et à la flore.

Les populations locales sont indispensables à la restauration de la nature 

Le rétablissement des populations de tigres dans ces paysages ne sera possible qu'avec le soutien et la coopération des communautés locales.

 Pour arriver à la conclusion des 1,7 millions de km² disponibles, l’impact humain dans la région a été un facteur majeur. La combinaison du soutien social (y compris des populations indigènes et des communautés locales) et politique en faveur de la conservation est un élément essentiel de tout accord conclu pour le rétablissement des tigres.

Il est crucial d'étudier le paysage social des zones où les tigres pourraient vivre et d'impliquer très tôt les communautés locales en tant que partenaires égaux dans le processus. Le retour des tigres doit profiter à toutes et tous de manière égale. Si l'on veut sécuriser les zones de récupération des tigres, il faudra mettre en place des mesures de conservation spécifiques à ces zones et adaptées à celles-ci, en partenariat avec les communautés locales.”, insiste Smriti Dahal, responsable communautaire de l'initiative Tigres vivants du WWF.

Le mouvement naturel des tigres

L'extension de l'aire de répartition des tigres dans de nombreux paysages pourrait être due en grande partie aux mouvements que les tigres effectuent déjà entre les zones. Dans tous les pays où l'on trouve actuellement des tigres, à l'exception de la Chine, la plupart des "nouvelles" zones se trouvent à moins de 100 km des populations actuelles de tigres, ce qui correspond à la distance sur laquelle les tigres peuvent se déplacer.

Des preuves récentes de ce comportement proviennent des contreforts himalayens du Bhoutan et de l'est du Népal. En 2020, des caméras installées dans le district d'Ilam au Népal ont enregistré un tigre à une altitude de 3 165 mètres - la plus haute altitude documentée pour les tigres dans le pays, à 250 km à l'est de l'aire de répartition connue des tigres au Népal.

Dans les zones de restauration potentielle où les tigres ont disparu, comme au Cambodge, au Kazakhstan et au Laos, la réintroduction active est sans doute la seule option pour la réhabilitation des tigres. Des actions pour réintroduire des tigres au Kazakhstan d'ici 2025 sont déjà en cours, en commençant par la restauration des populations de proies et l’implication des communautés locales.

L'avenir des tigres

Les tigres ont connu des moments difficiles pendant longtemps. En 100 ans, 95 % des tigres ont disparu - de 100 000, nous sommes passés à moins de 4 000. Ces dernières années, des moyens colossaux ont été déployés pour protéger les tigres, en mettant l'accent sur la lutte contre la perte d'habitat, la fin du braconnage et la gestion des conflits humain/animal.

Ces efforts portent leurs fruits, puisque le nombre de tigres au Bhoutan, en Chine, en Inde et en Russie est en augmentation et que le Népal a même doublé le nombre de tigres sur son territoire. Investir dans la protection des tigres et de la nature est donc payant !

Les tigres sont comme un baromètre du bien-être écologique ; la présence de tigres indique un environnement robuste et fonctionnel qui peut contribuer efficacement à la santé de la planète - ce dont nous avons besoin aujourd'hui plus que jamais. L'extension de l'aire de répartition actuelle du tigre - et l'amélioration du vaste éventail de biodiversité et de patrimoine culturel qu'elle englobe - reste le meilleur moyen de garantir un avenir durable à long terme pour le tigre bien-aimé d'Asie et pour toute la vie qui partage son habitat.", conclut Thomas Gray, responsable du rétablissement des tigres dans le cadre de l'initiative Tigers Alive du WWF.