La Planète des Singes existe, et nous devons la protéger
La Planète des Singes existe, et nous devons la protéger
Au nord de la république du Congo vit une dense population de gorilles des plaines occidentales, une espèce pourtant en danger critique d’extinction. Depuis 2018, le parc de Ntokou Pikounda qui les abrite s’est petit à petit débarrassé du braconnage, et évolue vers une conservation inclusive avec les communautés locales. Malheureusement, l’ombre d’une destruction massive de la forêt plane, contre laquelle le WWF compte bien lutter fermement.
À perte de vue, un paysage forestier, dense et sombre, s’épanouit aux côtés de la Bokiba, un affluent du fleuve Congo qui s’écoule paisiblement. « Il y a cinq ans, ici, c’était entrée libre pour les braconniers. Ils arrivaient par le fleuve, sans peur de se faire prendre. Ils installaient leur campement avec des congélateurs électriques et des groupes électrogènes, dans lesquels ils entreposaient la viande de brousse, pour la vendre dans les marchés urbains comme Brazzaville et Kinshasa », explique Pauwel De Wachter, gestionnaire au WWF-Belgique du projet de cogestion du parc national de Ntokou Pikounda.
Étaient particulièrement visés les éléphants de forêt, les buffles, et les crocodiles nains, très recherchés pour leur viande. « Les crocodiles nains, eux, n’étaient pas tués mais transportés vivants sur les bateaux, empilés les uns sur les autres, comme des briques, et attachés par leurs pattes. », ajoute Pauwel De Wachter.
Dans ces forêts se cachent aussi de lointains cousins : des gorilles des plaines occidentales. S’ils n’étaient pas directement visés par le braconnage, leur chair servait néanmoins régulièrement d’appât pour capturer les crocodiles nains.
Et la faune revint à Ntokou Pikounda
Heureusement, aujourd’hui, cette exploitation illégale de la vie sauvage semble déjà loin, à Ntokou Pikounda. « La vie sauvage revient dans le parc et vers la Bokiba », se réjouit Pauwel. Depuis 2018, les communautés locales, le WWF et d’autres partenaires ont repris les rênes du parc. Petit à petit, les patrouilles de gardes se sont organisées et l’accès aux rivières est contrôlé. Le braconnage est désormais quasi nul autour de la Bokiba.
Aujourd’hui, Ntokou Pikounda fait partie de ces rares lieux où la biodiversité se porte relativement bien. Un lieu où les gorilles des plaines occidentales (Gorilla gorilla gorilla), pourtant en danger critique d’extinction, prospèrent.
« Cette région est surnommée la Planète des Singes : il y vit plus de gorilles que d’humains ! », sourit Pauwel De Wachter. Les chiffres sont impressionnants : Ntokou Pikounda et ses environs pourraient compter plus de 10 000 gorilles. Dans certaines parties de la forêt, on peut compter quatre à cinq gorilles par km² - pour seulement 8 000 personnes dans les districts de Ntokou et Pikounda.
L’huile de palme, épée de Damoclès des gorilles des plaines occidentales
Évidemment, l’histoire ne s’arrête pas là, ce serait trop beau. Car une menace bien réelle vient ombrager l’avenir de ce tableau. Il flotte, entre les parcs nationaux de Ntokou Pikounda et d’Odzala, zone d’une extrême importance pour la circulation des espèces sauvages comme les éléphants et les gorilles, un grand point d’interrogation.
« Une palmeraie industrielle de 50 000 hectares cherche à s’y s’implanter ; ce serait une catastrophe pour les gorilles et la vie sauvage en général. » Si le projet venait à se concrétiser dans cette zone très faiblement peuplé et très riche en gorilles, il amènerait non seulement 3 000 travailleurs, mais aussi leurs familles, des commerces, des écoles, et services publics pour servir la nouvelle implantation humaine. – la zone compterait ainsi vite 30 000 personnes en tout. « L’habitat d’environ 1 000 à 2000 gorilles serait détruit ; et la chasse pour la viande de brousse dans les forêts environnantes prendraient une ampleur énorme. Tout ça, dans l’une des zones les plus préservées de la région. » insiste Pauwel De Wachter.
Par ailleurs, cette concentration entrainerait avec elle des risques sanitaires, telles des virus qui pourraient infecter les gorilles. Risque qui pèse très lourd sur l’espèce, génétiquement fort semblable aux humains, mais non armée d’anticorps pour lutter contre les maladies humaines.
Bref, une catastrophe pour cette importante population de gorilles des plaines occidentales. Une catastrophe aussi pour le reste de la faune sauvage comme les éléphants de forêt, les buffles, les panthères, les chimpanzés, les crocodiles nains, les perroquets rouges, le colobe rouge de bouvier et pour la biodiversité en général.
Conservation inclusive : l’humain au centre de la nature
C’est ainsi que, pour éviter le pire, le WWF a démarré des études de faisabilité pour convertir la concession d’huile de palme en une forêt protégée.
L’objectif de notre projet est que, d’ici 2030, le Parc national de Ntokou Pikounda et les forêts environnantes offrent un habitat sûr à des populations saines de gorilles, d’éléphants et d’autres espèces clés, où les communautés peuvent s’épanouir, tout en rendant le parc financièrement durable.
Si vous voulez nous aider à préserver cette population unique de gorilles et ce paysage d’une exceptionnelle diversité, adoptez symboliquement un gorille – grâce à un don mensuel, nous pouvons organiser au mieux notre travail sur le long terme.