La mer du Nord, une centrale électrique verte – et notre nature ?

La mer du Nord, une centrale électrique verte – et notre nature ?

Notre mer du Nord devrait devenir la plus grande centrale d'énergie verte du monde. Cela va accélérer la transition énergétique, ce qui est une bonne nouvelle pour le climat. Mais quelles sont les conséquences pour la nature de la mer du Nord ? Les énergies renouvelables offshore peuvent – et doivent – offrir une solution win-win pour le climat et la biodiversité, grâce à une conception inclusive de la nature.

Le 24 avril 2023, la Coalition de la mer du Nord s'est réunie pour le deuxième sommet de la mer du Nord. Les quatre membres initiaux – Belgique, Danemark, Allemagne et Pays-Bas – ont été rejoints par la France, le Royaume-Uni, l'Irlande, la Norvège et le Luxembourg. La présidente Ursula von der Leyen y représentait la Commission européenne.

Outre les chefs d'État et les ministres de l'énergie, le sommet de la mer du Nord a également réuni tous les partenaires industriels qui travaillent dans le domaine de l'énergie offshore. Une ONG a pu donner son point de vue : en tant que membre de la coalition 4Sea[1] Sarah Vanden Eede, spécialiste des océans au WWF, a participé au sommet pour donner une voix à la nature.

Neutralité climatique d'ici 2050

L'Europe a de grandes ambitions. D'ici à 2050, l'ensemble de la production énergétique européenne doit être neutre sur le plan climatique. L'énergie renouvelable en mer joue un rôle clé dans ce contexte.

Saviez-vous que la Belgique produit presque cinq fois plus d'énergie éolienne en mer que la France ? Et que l'énergie éolienne en mer couvre déjà 50 % des besoins en électricité des ménages belges ? Notre pays est un pionnier en matière d'éoliennes en mer et vise à tripler sa capacité pour atteindre 6 GW d'ici à 2030.

La mer du Nord, la plus grande centrale verte du monde

La Belgique va également construire la première « île énergétique » au monde. Celle-ci constituera le premier élément d'un réseau européen d'énergie en mer auquel seront connectés les parcs éoliens de différents pays. Aujourd'hui, les pays de la coalition de la mer du Nord disposent ensemble d'une capacité éolienne offshore de 30 GW. D'ici à 2030, cette capacité devrait atteindre 120 GW et, d'ici à 2050, 300 GW. Cela signifie : de l'énergie verte pour 200 millions de familles.

Cette production d'énergie verte est essentielle pour la transition énergétique. Et la production locale d’énergie offshore rendra également l'Europe moins dépendante des autres pays. Résultat : une énergie plus abordable et une plus grande sécurité d'approvisionnement. De belles perspectives… mais que signifient ces projets pour la nature en mer du Nord ?

Win-win pour le climat et la biodiversité

Pour le WWF, c'est clair : les parcs éoliens en mer nous aident à lutter contre le changement climatique. Mais lors de la conception, de la construction, de l'exploitation et du démantèlement des parcs éoliens, la nature doit passer en premier. Sinon, nous travaillons peut-être à une solution à la crise climatique, mais nous exacerbons en même temps la crise de la biodiversité. Ce qui ne nous avance en rien…

Conception inclusive de la nature et circularité

Le fait de placer les parcs éoliens aux endroits les plus efficaces pour la production d'énergie pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la vie dans, sur et autour de la mer du Nord. Les voies de migration des oiseaux seraient perturbées, les bancs de gravier et d'huîtres détruits. Nous devons éviter cela à tout prix. La bonne nouvelle ? Après des années de recherche et de suivi, nous savons comment implanter des parcs éoliens tout en protégeant et en renforçant la biodiversité. Quelques exemples :

  • L'installation d'éoliennes entraîne une pollution sonore temporaire. Les marsouins en particulier en souffrent. Mais des doubles rideaux à bulles peuvent réduire le bruit.
  • La conception et les lieux d'implantation des éoliennes doivent minimiser le risque de collision pour les oiseaux.
  • Dans les parcs éoliens, nous pouvons choisir de ne pas autoriser les activités comme l'extraction de sable et la pêche. Cela leur permet d'offrir un refuge tranquille à la vie benthique - la vie des profondeurs.
  • Les éoliennes peuvent être très espacées les unes des autres, ce qui nous permet de restaurer les habitats entre celles-ci. Des recherches montrent que la biodiversité peut s'y épanouir !

Le choix des matériaux est également important. Certains types de matériaux offrent davantage de possibilités de stimuler la biodiversité – il convient donc de les privilégier. L’idéal est que ces matériaux proviennent de l'économie circulaire et/ou y retournent après utilisation.

Comment le sommet de la mer du Nord aborde-t-il la question de la biodiversité et des parcs éoliens ?

Les chef·fes d'État participant au sommet de la mer du Nord sont signataires de la déclaration d'Ostende. Selon cette déclaration, ils et elles s'engagent à « prendre les mesures nécessaires pour parvenir à un équilibre entre l'utilisation des énergies renouvelables, la biodiversité et la protection de l'environnement, et à contribuer à un écosystème marin sain et robuste »

Gewone zeester

Les points cruciaux selon le WWF et 4Sea

La coalition 4Sea – dont fait partie le WWF – s'efforce de faire de cet engagement une réalité. Par exemple, les membres ont déjà demandé des recherches scientifiques plus approfondies sur l'impact des parcs éoliens en mer. Ils exigent également des critères qualitatifs en matière de nature, d'environnement et de circularité pour la zone Princess Elisabeth. Il s'agit de la deuxième zone éolienne offshore de Belgique, située en partie dans la zone Natura 2000 « Vlaamse Banken ».  

Concernant le projet d’île énergétique, 4Sea a même participé à un processus de co-création sur la conception inclusive de la nature et la circularité. L'objectif : une île qui assure une protection maximale de la nature et renforce la biodiversité de la mer du Nord.

Le climat et la biodiversité méritent d’être au même niveau de priorité ; ils sont intrinsèquement liés. C'est pourquoi nous concluons en lançant un appel fort à nos responsables politiques : saisissez cette occasion de faire du climat et de la nature les grands gagnants !

Envie d’agir vous aussi ?

Conserver la nature ne suffit plus : nous devons aussi restaurer proactivement notre nature dégradée, et ce dès maintenant ! Faites savoir à vos responsables politiques que vous n'attendez rien de moins d'eux et d’elles. Signez notre pétition pour une loi européenne ambitieuse sur la restauration de la nature !


[1] 4Sea est une coalition qui rassemble le WWF-Belgique, Natuurpunt, Greenpeace et le Bond Beter Leefmilieu (BBL), afin d'agir ensemble au mieux pour la nature en mer du Nord et le climat.