La COP29 rend sa copie, c'est insuffisant

La COP29 rend sa copie, c'est insuffisant

Les résultats de la COP29, annoncés au terme de deux semaines de négociations tendues, ont de quoi inquiéter. L’accord sur le financement climatique adopté est insuffisant pour faire face à l’ampleur de ce qui nous attend, et pour répondre aux besoins des pays en développement. Par ailleurs, plus aucun signal clair n’a été envoyé concernant la réduction des émissions ou l’abandon progressif des combustibles fossiles.

Peu, voire pas de signaux au vert en cette fin de COP29. Ses résultats risquent de faire reculer l'action climatique au moment même où il est le plus crucial de l'accélérer. Après deux semaines de négociations tendues et polarisées, les pays ont conclu un accord sur le financement du climat qui est loin de répondre aux besoins des pays en développement.

« Le monde a été abandonné par la faiblesse de l'accord sur le financement de la lutte contre le changement climatique. En cette période charnière pour la planète, cet échec menace de faire reculer les efforts mondiaux de lutte contre la crise climatique. Et il risque de laisser les communautés vulnérables exposées à l'escalade des catastrophes climatiques. Il s'agit d'un coup dur pour l'action climatique, mais il ne doit pas retarder les solutions qui sont désespérément nécessaires dans le monde entier » a déploré Manuel Pulgar-Vidal, responsable mondial du climat et de l'énergie au WWF.

Un financement insuffisant et incertain

Les dirigeant·es du G20 ont réaffirmé la nécessité d'augmenter rapidement et substantiellement le financement de la lutte contre le changement climatique, en le faisant passer de plusieurs milliards à plusieurs milliers de milliards. Mais l'engagement de 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 est loin d'être à la hauteur de cette ambition, sera trop tardif et ne correspond pas à ce qui est nécessaire pour soutenir l'action climatique vitale dans les pays en développement.

Nous estimons en effet avoir besoin, pour un réel changement de paradigme, au minimum de 1000 milliards de dollars. Ce budget servirait en majeure partie à soutenir les pays en développement dans leur transition énergétique et à s’adapter au changement climatique.

À titre de comparaison, notez par exemple que les subsides accordées aux énergies fossiles atteignent 7000 milliards de dollars par an…

À la dernière minute, une feuille de route visant à augmenter le financement jusqu'à 1300 milliards de dollars pour les pays en développement a été ajoutée au texte, mais il y a peu de raisons de faire preuve de confiance quant à l'obtention de ce niveau de financement. La future présidence brésilienne aura besoin de l'engagement de toutes les parties pour gérer ce processus de feuille de route en vue d'un résultat significatif d'ici la COP30 à Belem, afin de garantir la mobilisation de montants financiers substantiels.

Pas de progrès sur la réduction des émissions

Aucun signal clair n’a été donné quant aux réductions des émissions. Or, faut-il le répéter, il y a urgence : si les États ne mettent pas rapidement en place des actions concrètes pour réduire les émissions, l’objectif des 1,5°C sera définitivement hors de portée. « Il est inacceptable que cette COP ne fixe pas d’objectifs clairs pour réduire les émissions et éliminer les combustibles fossiles. Si les pays développés ne respectent pas les engagements financiers nécessaires, les communautés vulnérables continueront de subir les effets dévastateurs de la crise climatique. », s’insurgeait Fernanda Carvalho, experte en politique climatique au WWF.

La nature, grande oubliée

Nous exigions aussi un signal clair qui lierait nature et climat, qui sont deux faces de la même pièces : on ne peut sauver l’un sans sauver l’autre. Mais le texte final, s’il fait référence à des « synergies et interdépendances », ne va pas beaucoup plus loin. Aucune mention, par exemple, sur le rôle des écosystèmes tels que l’océan et les forêts dans l'atténuation du changement climatique et l'adaptation à celui-ci. Aucune tentative de faire progresser les travaux synergiques entre les COP climat et biodiversité. Les projets de textes ne mentionnent pas non plus les solutions fondées sur la nature.

Vers une COP30 décisive

L’accord final de la COP29 reflète des compromis insuffisants et des décisions reportées. La présidence brésilienne de la COP30 devra mobiliser toutes les parties pour garantir des progrès tangibles. En attendant, les efforts des organisations comme le WWF sont cruciaux pour renforcer les processus multilatéraux et maintenir l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C.

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