COP16 sur la biodiversité : le « grand projet » pour sauver la vie sur Terre

COP16 sur la biodiversité : le « grand projet » pour sauver la vie sur Terre

Aujourd'hui commence la COP16 à Cali, en Colombie. Lors de la dernière conférence des Nations Unies sur la biodiversité, la COP15 à Montréal, 196 pays s’étaient accordés pour réviser et soumettre leurs plans et objectifs en matière de biodiversité. La majorité des pays n'ont pas tenu parole, et c’est également les mains vides que la Belgique se rend en Colombie.

Notre planète subit une crise de la biodiversité. C’est un constat partagé par tous les pays, et notre Rapport Planète Vivante, publié au début de ce mois, en réaffirme une fois de plus la gravité : en seulement 50 ans, la taille moyenne des populations d'animaux sauvages a chuté de 73 %. 

En réponse à cette urgence vitale, 196 pays ont adopté l’Accord de Kunming-Montréal Global Biodiversity Framework (GBF) lors de la COP15, en 2022. Cet accord fixait 23 objectifs de sauvegarde de la nature à atteindre pour 2030. Il prévoyait également la création de plans d’action pour inverser la perte de biodiversité d'ici 2030. 

Le cœur de cet accord est connu sous le nom de 30x30, ce qui signifie que d'ici 2030, le monde doit protéger 30 % de toutes les terres, de l’océan et des eaux douces. 

Comme première étape, les pays s’étaient engagés à soumettre des plans d'action nationaux révisés (National Biodiversity Strategies and Action Plans – NBSAPs) pour le sommet sur la biodiversité de l'ONU. Ces plans nationaux devaient montrer comment chaque pays contribuerait à stopper et inverser la perte de biodiversité d'ici 2030. 

Nous sommes deux ans plus tard, et aujourd'hui commence la COP16. Et le constat est accablant : la plupart des élèves n’ont même pas rendu leur copie. Seuls 34 plans d'action nationaux révisés et 103 objectifs nationaux mis à jour ont été soumis. Ce nombre risible est préoccupant, tout comme la faible qualité de ces plans… 

La Belgique fait partie des cancres : non seulement aucun plan n’a été établi, mais aucun ministre belge ne s’y déplacera.

Autres objectifs de la COP16

Outre faire le point sur les engagements des États, la COP16 présente deux autres objectifs principaux. 

  • Critères d’évaluation communs 

Le premier est de développer des critères pour évaluer l’efficacité des mesures prévues et des actions entreprises. Les États devraient adopter des règles communes, prêtes à être opérationnelles dès l’année prochaine.  

  • Le financement, casse-tête international 

Le second est de négocier les fonds disponibles pour agir en faveur de la biodiversité. Lors de la COP16, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 20 milliards de dollars par an à partir de 2025. Bien que le financement ait déjà bien évolué ces dernières années (7,3 milliards de dollars en 2015 contre 15,4 milliards en 2022), ce budget reste largement insuffisant par rapport aux besoins réels.  

Par ailleurs, lors de cette COP16, les pays en voie de développement devraient demander un nouveau fonds, exclusivement dédié à la biodiversité. Actuellement, l’enveloppe budgétaire allouée à la protection de la biodiversité fait en effet petite partie du Fonds mondial pour l’Environnement (FEM). Or, celui-ci est critiqué : les pays qui en auraient le plus besoin auraient peu de ressources pour le solliciter.

L’œil vigilant du WWF 

Nous avons développé un outil de suivi (le tracker) pour cartographier de manière claire quels pays ont soumis leurs plans révisés pour stopper et inverser la perte de biodiversité (et quels pays ne l'ont pas fait). Nous avons également analysé la qualité de ces plans : leur ambition, leur alignement sur les objectifs, leur faisabilité, etc.  

Capture d'écran de l'outil de suivi développé par le WWF pour analyser les plans d'action nationaux pour la biodiversité.

Une équipe du WWF est également présente en Colombie pour suivre la conférence. Nous formulons des recommandations politiques basées sur notre expertise en matière de conservation de la nature, nous veillons à maintenir un haut niveau d’ambition, nous essayons de mobiliser les fonds nécessaires et nous soulignons l'importance mondiale de la biodiversité pour l'humanité. 

Que pouvez-vous faire ? 

« Nature protects if she is protected » (La nature protège si elle est protégée), était le titre du document compilant les décisions adoptées lors de la COP CBD en 2012. Elle rappelait déjà que nous ne pouvons survivre sans une nature en bonne santé. Il est plus que temps que les belles paroles se traduisent en actions. 

Vous pouvez signer notre lettre ouverte, qui demande à nos dirigeant·es de créer un plan d'action national belge ambitieux et de veiller à ce que notre pays se décider à jouer son rôle.