Cinq choses à savoir sur les couples de loups

Cinq choses à savoir sur les couples de loups

En cette Saint-Valentin, coup de projecteur sur les couples les plus hype du moment : les loups. Rituels de séduction, alliances durables, soins parentaux… plongeons dans l’intimité de ces créatures sauvages qui, depuis 2021, font famille en Belgique.

Souvent, l’histoire commence par une dispersion: un loup et une louve quittent leur cellule familiale pour fonder leur propre meute loin de chez eux. Akéla, par exemple, le mâle installé dans les Hautes-Fagnes depuis 2018, a parcouru 500 km avant d’être satisfait de son nouveau territoire. « Les loups peuvent parcourir de très longues distances avant de s’installer. C’est un bouclier naturel contre la consanguinité. À une telle distance de chez lui, il a moins de chance de tomber sur sa sœur, par exemple », explique Corentin Rousseau, biologiste chargé de projet au WWF-Belgique.

1. Les loups ne sont pas des animaux solitaires

Dans le cas d’Akéla, il ne manquait qu’un ingrédient à son épanouissement : une partenaire. Car contrairement à l’expression « être un loup solitaire », le loup n’apprécie que moyennement la solitude à long terme. Mais pour trouver la future mère de ses louveteaux, point d’application de rencontre ! De façon plus triviale, « le mâle marque son nouveau territoire à l’aide d’urine, de déjections ou de frottements. Si une femelle croise ces indices parfumés, et que l'odeur lui plaît, elle sait que le futur partenaire n'est plus très loin. Elle se met à sa recherche et lorsqu’enfin, ils s’aperçoivent, c’est gagné, ou presque. », précise Corentin Rousseau.  

2. Les loups prennent le temps de séduire avant de se reproduire

Les premiers mois d’une idylle sont consacrés à des rituels de séduction.

« La femelle parcourt alors le territoire avec le mâle - ou vice-versa si c'était la femelle qui attendait le mâle. La plupart du temps, le couple se forme alors. Mais il arrive que la sauce ne prenne pas ! Et que l’un des deux individus quitte la zone… », explique Corentin Rousseau.

C’est ce qui est probablement en train de se produire au nord du pays avec la louve Emma, observée il y a quelques temps avec un mâle qui, depuis, aurait déserté les lieux.

Mais si la sauce prend, les jeunes loups ont des attitudes qui pourraient s’apparenter à du « flirt » : ils s’approchent l’un de l’autre en poussant de petits gémissements, se blottissent l’un contre l’autre, se mettent même la bouche dans le nez, se toilettent de façon occasionnelle… Bref, ces quelques semaines de charme permettent de se divertir avant de passer aux choses sérieuses. Les premiers sons des oiseaux du printemps lancent l’alerte : il est l’heure !

En même temps, le couple prépare les travaux d’extension de leur cocon. La femelle cherche des terriers, les agrandit, en prépare plusieurs au cas où elle devrait fuir avec ses petits. Il n’y a plus qu’à patienter !

Louveteau de Akéla et Maxima avec un mâle de souche italo-alpine

3. Ils vivent entre neuf mois et deux ans avec leurs louveteaux

Après deux mois de gestation, la louve donne naissance à sa portée annuelle, qui comptera entre trois et sept petits. C’est alors que la vie de famille commence !

Contrairement à une idée répandue depuis les années 1940, le mâle « alpha » ne règne pas en despote agressif sur le reste de la meute soumise. Le clan prend plutôt des allures de cellule familiale complexe, où le couple principal domine naturellement, de par son rôle de parent. Les autres membres du clan sont habituellement les petits de l’année, ainsi que certains jeunes de la portée précédente. « En général, ils restent deux ans maximum avec leurs parents. Les loups de plus de 20 mois qui restent encore deviennent un peu les « Tanguy » de la bande. Et dans de très rares cas, en tout cas en Europe, certains oncles et tantes ou autres parents éloignés, voire des étrangers adoptés, peuvent aussi parfois être acceptés. », énonce Corentin Rousseau.

Quoi qu’il en soit, les loups du couple principal, et en particulier la louve, représentent le « ciment » de la meute. C’est ce couple qui maintient l’ordre social, et attention - que personne d’autre n’ait l’audace de se reproduire sous leur garde !

Si tout va bien, la vie sexuelle des parents ne reprendra… qu’au printemps d’après. Et ce sera reparti pour un tour.

Wolf in het bos

4. Si l’un des parents meurt, la meute peut exploser

En principe, les jeunes loups quitteront donc la meute vers l’âge d’un ou deux ans en chasseurs aguerris... À moins qu’un événement tragique ne vienne tout bouleverser.

« Si le mâle ou la femelle du couple est tué, la meute peut exploser, et créer beaucoup de dégâts, parce que les jeunes se retrouvent sans repère et sans savoir bien chasser. Résultat, ils s’attaquent plus souvent à la facilité : des moutons ou autres animaux d’élevage. C’est pour ça que tuer les loups peut être totalement contre-productif », insiste Corentin Rousseau.

C’est notamment ce que nous avons craint l’été passé en Flandre quand August, le père de la meute, s’est fait renverser par une voiture. Heureusement, la meute est restée soudée.

En Belgique, nous ne sommes jamais à l’abri de ce genre de drames : le territoire compte 5 km de routes par km². Raison de plus pour bien protéger les troupeaux grâce aux clôtures électriques qui s’avèrent très efficaces.

5. La fidélité légendaire des loups n’est pas une règle absolue

On dit souvent que les loups sont des animaux « loyaux » en amour ; qu’une fois qu’ils ont trouvé un·e partenaire, c’est pour la vie. C’est souvent vrai, mais il y a des exceptions.

D’abord, la mort de l’un des deux peut pousser le veuf ou la veuve à former un nouveau couple. August, avant le drame de cet été, avait rencontré Noëlla en 2020, après la disparition tragique de la louve Naya en 2019.

Il arrive aussi que certains mâles s’attachent à plusieurs femelles. Ce cas a notamment été observé dans le parc du Yellowstone, aux États-Unis, où un loup mâle était surnommé de façon très explicite « Casanova ».

La plupart du temps cependant, les couples restent « fidèles »… Et ont, ensemble, plusieurs portées de louveteaux. Ainsi, Akéla et Maxima en ont déjà eu trois depuis 2021 !

Des louveteaux attendus ce printemps

À l’heure actuelle, la Belgique compte quatre meutes (trois en Wallonie, une en Flandre). Nous espérons donc de nouvelles portées au printemps.

Louveteaux de Akéla et Maxima

De notre côté, nous continuons de travailler à la fédération de nombreux acteurs pour donner au loup la place qu’il mérite en Belgique, tout en aidant à protéger les élevages grâce à la Wolf Fencing Team.

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