Ces créatures des grands fonds marins au style incroyable

Ces créatures des grands fonds marins au style incroyable

Parmi les nombreux trésors que recèle notre planète, les grands fonds marins sont les écosystèmes que l’on connait le moins. Pourtant, la vie qui s’y déroule, loin de la nôtre, y est foisonnante… et haute en couleur ! Nous vous emmenons, le temps d’une apnée, à la découverte de quelques-unes des espèces fascinantes et d’un style inimitable que l’on peut y rencontrer.

Imaginez plonger dans l’océan avec un masque et un tuba. Maintenant, nommez les espèces que vous pourriez y apercevoir. Vous n’auriez pas de mal à trouver plusieurs exemples : poulpes, crabes, coraux, cétacés, poissons, étoiles de mer, requins, méduses...

Maintenant, imaginez ce même exercice, mais à 200, 1 000 ou 4 000 mètres de profondeur. Un peu plus difficile, n’est-ce pas ? Peut-être décririez-vous un endroit hostile, sombre et désert. Mais des espèces, combien pourriez-vous en citer ? Probablement assez peu. Pourtant, ce sont bien des lieux fourmillants de vie !

Le problème, c’est que nous connaissons encore très mal les grands fonds marins. Voyez plutôt : l’océan recouvre 71 % de la surface terrestre. Et seuls 5 % en ont été réellement explorés. Les abysses sont un monde à part à l’intérieur de notre monde, qui renferme encore bien des mystères. Car la pression y est si forte, la température si glaciale, et la lumière si faible, que nous avons, encore aujourd’hui, beaucoup de mal les étudier.

Pourtant, l’océan est à l’origine de la vie sur Terre. Il nous offre aussi la moitié de notre oxygène, une source de nourriture pour des milliards de personnes, et permet de réguler le climat. Et malgré nos peu de connaissances, nous savons qu’il y règne une diversité incroyable d’habitats différents. Et ces habitats abritent au moins un million d’espèces différentes, selon les dernières estimations scientifiques. Elles sont fascinantes d’adaptabilité, survivant parfois dans des conditions si hostiles qu’il ne nous est même pas permis d’y accéder, pas même à bord d’un sous-marin. C’est ainsi que nous connaissons mieux la surface de la Lune que le fond de notre propre océan !

Une diversité mystérieuse aux look fabuleux

Nous pouvons classer les espèces des grands fonds marins en deux catégories : les espèces benthiques (du grec benthos, « profondeur »), qui passent la majeure partie de leur temps sur le plancher océanique, et les espèces pélagiques (du grec pelagikos, « de la haute mer »), qui passent la majeure partie de leur temps à nager dans l’eau.

Dans cette biodiversité mystérieuse, certains ont des looks si extraordinaires qu’on les croirait prêts pour le Met Gala des abysses. Mais au-delà de leurs apparences stylées, et tout comme pour les espèces terrestres, toutes ces espèces jouent un rôle clé dans leur environnement. Il est donc de notre devoir de les protéger de l’influence humaine néfaste. Même celles que l’on voit rarement. Même celles que l’on ne connait pas encore.

Le poulpe Casper

Cette étrange petite pieuvre des grands fonds a été observée jusqu’à 4 000 mètres de profondeur au large d’Hawaii ! Son apparence très pâle lui a valu le surnom de Casper. Espèce benthique, elle arpente les fonds et les rochers, et installe ses œufs à la tige d’une éponge morte, et les enveloppe de son corps. Il peut rester ainsi des années, sans se nourrir, jusqu’à l’éclosion de sa progéniture, qui signe le moment de sa mort.

Le monstre poulet sans tête

Il s’agit d’un genre de concombre de mer des abysses - il vit à près de 6 000 mètres de profondeur.  Son nom vient du grec ancien et signifie « qui rêve ». Les plus jeunes sont translucides : on peut voir leur tube digestif rempli de sédiments. Adultes, ils mesurent entre six et 25 centimètres de long.

La baleine de Cuvier

Les cétacés sont connus pour se venir jouer à la surface de l’océan. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils y vivent exclusivement. La baleine de Cuvier, par exemple, détient le record de la plongée la plus profonde des mammifères plongeurs : jusqu’à 3 000 mètres de profondeur !

Cuvier’s beaked whale

La pieuvre « Dumbo »

Cet octopode porte un surnom fallacieux, qui est né d’une erreur de traduction. En réalité, il ne s’agit pas d’une pieuvre (espèce benthique), mais d’un octopode (espèce pélagique). Il est pourvu de huit bras, partiellement liés entre eux par une membrane, et de nageoires puissantes qui ressemblent légèrement à des… oreilles. Lui aussi adepte des profondeurs, il a été observé jusqu’à 4 000 mètres.

Le crinoïde

Sur photo, on le confondrait volontiers avec une plante, mais il s’agit bien d’un animal. Car rappelons-le : au-delà de la zone pélagique (maximum 200 mètres), la photosynthèse ne se produit pas. Aucune plante ne pousse donc au-delà de cette limite. Le crinoïde, lui, est un organisme fascinant pourvu d’un squelette calcaire articulé. Ses longs bras flexibles lui permettent de filtrer le plancton dans l’eau et de s’en nourrir. Et surtout, il a déjà été observé à plus de 9 000 mètres de profondeur !

Red stalked sea lily crinoid

La grande rouge

Seuls 23 spécimens de cette grande méduse sphérique ont été observés jusqu’à aujourd’hui. Son corps peut atteindre près d’un mètre de diamètre ! Autre caractéristique, ses bras aux allures de langue varient en nombre – de quatre à sept.

Le Grandgousier-pélican

Avec son corps d’anguille et sa tête disproportionnée, le Grandgousier-pélican a une bouche qui représente un quart de la longueur de son corps, et qui lui sert de filet de pêche. Au bout de sa queue, un petit organe lumineux permet d’attirer ses proies – poissons, planctons ou crevettes. Il a déjà été observé à plus de 7 500 mètres de profondeur !

Trésors fragiles

Désormais, quand vous imaginerez l’exercice de plongée dans les grandes profondeurs, vous aurez quelques images à coller à votre imaginaire. Et vous saurez, désormais, que ces grands espaces mystérieux sont tout sauf des déserts sans vie.

Pourquoi est-ce important ? Car même dans les tréfonds de notre océan, si éloignés de toute vie terrestre qu’elle y a très peu évolué depuis des millions d’années, nos actions pèsent. Le changement climatique et l’exploitation des grands fonds marins sont des menaces qui, sans prise de conscience et action de notre part, risquent bien de faire basculer l’ordre des choses. Et de pousser l’océan, dont nous dépendons tous et toutes, au-delà d’un point de non-retour.

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