Bientôt 75 lynx en Belgique ?

Bientôt 75 lynx en Belgique ?

Des oreilles pointues surmontées de petits pinceaux noirs, une courte queue, de longs favoris qui ornent sa tête ronde… Le lynx est de retour dans notre pays ! Petit bémol : il est seul au monde. Pas de compagne en vue pour assurer la descendance. Notre félin est-il condamné à rester seul ? C’est l’objet de notre nouvelle enquête sur cet animal énigmatique, dont voici les conclusions.

Depuis des décennies, des rumeurs quant à son retour circulaient. Mais depuis 2020, plus de doute : un lynx eurasien vit dans la vallée de la Semois. Une nouvelle étape majeure, après au moins quatre siècles d’absence en Belgique. Mais un seul lynx ne suffit pas – sans compagnie, l’histoire pourrait se conclure bien vite, et tristement. Nous avons voulu en savoir plus. Alors avec cette question -  y a de l'espoir pour notre grand félin solitaire ? -, et bien d’autres, nous nous sommes tournés vers des scientifiques de l'Université Humboldt, à Berlin.

De lynx in de Semoisvallei
Le lynx dans la vallée de la Semois

L'analyse approfondie de leurs expert·es a apporté de bonnes nouvelles : il existe deux zones clés dans le sud de notre pays où environ 75 lynx pourraient s’épanouir !

 Où se trouvent ces zones clés ? À l'ouest de l’Ardenne (à la frontière avec le Parc Naturel Régional des Ardennes français) et dans l'Eifel (au sud-est, à la frontière avec l'Allemagne). Et comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous, le massif ardennais relie ces deux zones-clés – et constitue d'ailleurs un habitat adapté pour le lynx, lui aussi.

Alors, qu'ils viennent !

Des lynx pourraient donc vivre en Belgique, mais... Comment vont-ils trouver leur chemin jusque chez nous ? Les chercheurs et chercheuses berlinois·es ont également répondu à cette question. Actuellement, une dizaine de populations de lynx sont présentes dans les États membres européens, et des lynx de deux de ces populations pourraient migrer ici ! Ils pourraient venir du Jura ou des Vosges et de la Forêt Palatine.

Mais vont-ils le faire ? C'est là que le bât blesse. La population la plus proche – celle de la région des Vosges-Palatinat – est à environ 180 km de la vallée de la Semois et ne compte qu'une quinzaine de lynx. Celle du Jura franco-suisse est plus grande (140 lynx), mais se trouve à 300 km de la vallée de la Semois. Or en général, les lynx parcourent « seulement» entre cinq et 130 km… Surtout que, dans notre cas, ils devraient surmonter des obstacles tels que des routes et des rivières. Enfin, ce sont surtout les mâles qui entreprennent de telles migrations. Des mâles, comme notre lynx solitaire. Nous voilà bien.

Quel avenir pour le lynx en Belgique ?

Les chances que notre lynx belge rencontre naturellement une compagne dans la vallée de la Semois sont donc très minces. Mais cela ne signifie pas que l'espèce n'a pas un bel avenir dans notre pays ! Nous avons des habitats adaptés, connectés par des corridors écologiques aux habitats des populations de lynx voisines. Et, bien que nous devions faire preuve de patience avant que ces lynx n'étendent progressivement leurs territoires jusqu'à chez nous, cela reste possible.

En attendant le retour du lynx, le WWF ne reste pas les bras croisés. En collaboration avec des partenaires comme le Parc National de la vallée de la Semois, nous voulons rendre notre pays plus accueillant pour les lynx. Comment ? En restaurant, reliant et protégeant la nature, bien sûr !

Par exemple, nous aménageons des lisières forestières et des espaces ouverts dans la forêt, et restaurons les habitats menacés pour en faire des « réserves forestières intégrales » - ce qui signifie qu'aucune exploitation forestière n'y est autorisée. Outre le lynx, toute la biodiversité en bénéficie : depuis les chats sauvages jusqu’aux tritons palmés.

Cohabiter avec les lynx

Contrairement aux renards et aux loups, persécutés avec acharnement pendant des siècles et pointés comme les grands coupables dans les contes pour enfant, le lynx n’a jamais souffert de sa réputation. Par sa discrétion naturelle, on connait aussi moins son écologie que celle de ses comparses. Cependant, une chose est sûre : le félin reste le grand carnivore qui cause le moins de dommage au bétail et aux biens humains. « Les lynx sont très différents des loups. Ils attaquent rarement les animaux de ferme et, s’ils le font, ils ne tuent qu’un animal ou deux. Ils ne font donc pas un carnage dans un troupeau », rassure Corentin Rousseau, biologiste au WWF-Belgique.

Quant à nous ? « Nous n’avons pas à craindre une attaque de lynx. Les lynx sont des animaux très timides », souligne Corentin Rousseau. « Je n’ai jamais entendu parler, ni lu dans la littérature, qu’un lynx aurait déjà attaqué un humain ».

Vous voulez en savoir plus sur le lynx ?

Vous voulez en savoir plus sur l’anatomie des lynx, où ils vivent exactement, comment ils chassent et se nourrissent, ou comment ils grandissent de chaton à grand félin ? Vous voulez connaître leur histoire, en Belgique et en Europe ? Imaginer à quoi ressemblerait la cohabitation avec les lynx ? Et les freins qui empêchent les lynx de venir chez nous ? Vous trouverez toutes les réponses à ces questions – et bien plus encore – dans notre tout nouveau rapport, « Un futur pour le lynx en Belgique » Consultez-le ici !