742 nouvelles espèces découvertes dans le Bassin du Congo
742 nouvelles espèces découvertes dans le Bassin du Congo
Des grenouilles munies de griffes, des serpents aveugles ou encore une chouette qui « miaule » : depuis 2013, les scientifiques ont découvert au moins 742 nouvelles espèces de plantes et d'animaux dans le Bassin du Congo.
S'étendant sur 200 millions d'hectares, le Bassin du Congo traverse la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Cameroun et la République du Congo. Cet immense territoire abrite une biodiversité époustouflante, qui ne cesse d’émerveiller. Au cours des dix dernières années, les chercheurs et chercheuses y ont identifié 742 nouvelles espèces. Et en voici quelques unes.
Un hommage à Sir David Attenborough
Le nom scientifique Sirdavidia solannona vous évoque vaguement quelque chose ? C’est normal : cette plante tire son nom du célèbre biologiste britannique Sir David Attenborough. Elle pousse dans le parc national des Crystal Mountains au Gabon, à une altitude de 300 à 600 mètres. Cette plante élancée, pouvant atteindre six mètres de haut, se distingue par ses fleurs rouges ornées d'étamines jaunes.
Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel
Au Gabon, les chercheurs et chercheuses ont découvert une nouvelle espèce de killi, Aphyosemion aurantiacum. Bien que ces poissons mesurent seulement 3,9 cm de long, leurs écailles aux reflets arc-en-ciel les rendent remarquables. À ce jour, ils n’ont été observés qu’à trois endroits le long de la rivière Wézé, dans la réserve présidentielle de Wonga-Wongué au Gabon. Ces poissons préfèrent les ruisseaux forestiers étroits et les mares jonchées de racines et de feuilles mortes où ils peuvent se cacher.
Maîtres du camouflage
En 2015, six espèces de grenouilles à griffes ont été décrites, dont Xenopus allofraseri, que vous pouvez admirer en haut de l’article. Mais l’une des découvertes les plus fascinantes est celle du crapaud géant congolais, Sclerophrys channingi. Ce dernier possède un mécanisme de défense étonnant : il imite à la perfection la vipère venimeuse du Gabon. Selon les scientifiques, c’est le seul exemple connu de crapaud singeant un serpent toxique pour échapper à ses prédateurs.
Une espèce qui en cache une autre
Parmi les 42 nouvelles espèces de reptiles découvertes figure Mecistops leptorhynchus. Avant 2018, les scientifiques pensaient que ce crocodile appartenait à la même espèce que le crocodile cuirassé (Mecistops cataphractus). Cependant, des analyses approfondies ont révélé que ces deux populations sont génétiquement distinctes depuis plus de huit millions d’années. Cette divergence serait liée à la formation de volcans dans la région actuelle du Cameroun, créant des barrières infranchissables pour les crocodiles.
Parlons aussi des serpents aveugles. Prenez Afrotyphlops chirioi, par exemple. Bien qu’ils soient qualifiés d’aveugles, ces reptiles possèdent des yeux recouverts de petites écailles translucides. Adaptés à la vie souterraine, ils vivent dans des nids de fourmis et de termites.
Chat ou chouette ?
De petite taille, des plumettes sur les oreilles, des ailes courtes et arrondies, et une queue courte… Ça ne vous dit rien ? Voici d’autres indices : il vit dans les arbres, se nourrit d’insectes et pousse un cri ressemblant à un miaulement. Il s’agit du Petit-duc de Principe (Otus bikegila), une espèce découverte en 2022 sur une petite île au large de la Guinée équatoriale. Fascinant, non ?
Le graal : un mammifère
Découvrir une nouvelle espèce de mammifère est rare. C’est donc une véritable trouvaille que celle des chercheurs et chercheuses en République démocratique du Congo : le lesula (Cercopithecus lomamiensis). Observé dans le bassin de la Lomami, cet adorable singe timide était déjà connu des communautés locales, mais restait inconnu de la science. Désormais, nous savons qu’il vit en petits groupes familiaux de cinq membres maximum, et qu’il partage son temps entre la recherche de nourriture, le toilettage et le repos.
Des écosystèmes fragiles à protéger
Ce ne sont là que quelques-unes des découvertes étonnantes faites par des centaines de scientifiques issus d'universités, d'organisations de conservation et de centres de recherche entre 2013 et 2023. Le WWF a rassemblé toutes ces nouvelles espèces dans un rapport intitulé Une nouvelle vie dans le Bassin du Congo : une décennie de découvertes d’espèces (2013-2023). Ce rapport ne prouve pas seulement la richesse de la biodiversité du Bassin du Congo : il montre aussi à quel point il est urgent d'intensifier les efforts de conservation dans les écosystèmes fragiles du poumon de l'Afrique.
C'est ce qu'affirme Jaap van der Waarde, directeur des programmes de conservation du WWF dans le Bassin du Congo : « Nous sommes en train de perdre rapidement l'incroyable richesse du Bassin du Congo. Les forêts cèdent la place au développement – un développement dont ces pays ont besoin – et le changement climatique a déjà des effets tangibles. Les images satellites montrent que la forêt tropicale s'assèche. Alors qu'elle était d'un vert profond, elle ressemble aujourd'hui davantage à un terrain de football jauni. Les arbres produisent moins de fruits. Mais il y a encore tant à découvrir dans le Bassin du Congo. Ensemble, évitons que ces richesses ne disparaissent avant que nous n'ayons eu l'occasion de les cartographier. C'est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement, les communautés locales et les populations autochtones, ainsi qu'avec les ONG partenaires, afin de veiller à ce que les nouveaux développements soient durables. Ensemble, nous protégeons la faune et la flore tout en améliorant les conditions de vie dans les pays du Bassin du Congo. »
Comment aider ?
WWF-Belgique est également actif dans le Bassin du Congo, notamment dans le parc national de Ntokou-Pikounda, au nord du Congo. Ce parc abrite des gorilles, des chimpanzés et des éléphants de forêt. En collaboration avec les communautés locales, nous travaillons à une gestion durable des ressources (comme la pêche) et testons des méthodes innovantes pour favoriser une coexistence harmonieuse entre les humains et les éléphants.
Envie d’aider à protéger les forêts où vivent ces magnifiques animaux ? Vous pouvez adopter un gorille dès aujourd’hui !