« Même dans une situation si désespérée, une intervention adaptée peut conduire à des réussites »

Bruxelles, le 11 décembre 2023 – Aujourd'hui à Dubaï, lors de la COP28, la nouvelle Liste rouge des espèces menacées a été dévoilée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce qu’elle révèle ? La crise climatique menace un nombre toujours plus important d'espèces animales, telles que le saumon de l'Atlantique et les tortues vertes. Heureusement, il y a aussi de bonnes nouvelles : les efforts de conservation déployés pour sauver les espèces portent leurs fruits, comme en atteste l’exemple de deux espèces d'antilopes qui étaient au bord de l'extinction. 

Le rapport de l’UICN relève qu’un quart des espèces de poissons d’eau douce sont menacées d'extinction. Cela confirme la tendance relevée dans le dernier rapport Planète Vivante du WWF, où l’on constatait que les populations d’espèces d’eau douce payaient le plus lourd tribut parmi tous les groupes d’espèces, avec une chute de 83% en moyenne.  

Ce nouveau chiffre interpellant doit servir de signal d'alarme : il faut augmenter de toute urgence les investissements dans la protection et la restauration des rivières, des lacs et des zones humides. Les poissons d'eau douce sont affectés par le changement climatique (baisse du niveau des eaux, élévation du niveau des mers, changement des saisons), et les espèces migratrices sont également menacées par les obstacles qui coupent leur route - c'est notamment le cas des esturgeons.  

Les efforts de conservation fonctionnent 

L'esturgeon est la famille d’espèces la plus menacée au monde. « Pourtant, même dans une situation si désespérée, un engagement fort et une intervention adaptée peuvent conduire à des réussites. En octobre, le WWF a ainsi pu relâcher 2 500 jeunes esturgeons sterlets et esturgeons diamants dans la partie ukrainienne du Danube », explique Nicolas Tubbs, directeur des programmes internationaux au WWF-Belgique. 

La mise à jour de la Liste rouge de l'UICN publiée aujourd'hui montre heureusement aussi l'impact positif des efforts de conservation. Le retour de l’Oryx algazelle, par exemple – qui avait disparu à l’état sauvage – est un signe que les mesures de conversation fonctionnent. « Un autre exemple que je trouve parlant concernant notre capacité à ‘inverser les courbes’ du déclin des espèces est celui du rétablissement des gorilles de montagne » explique Nicolas Tubbs. 

Coexistence   

« Notre travail dans la région des Grands Lacs africains est axé sur la coexistence : nous nous efforçons de réduire les pressions exercées sur l’habitat de ces gorilles, dans une région où le contexte est très instable. Pourtant malgré tous ces défis, le nombre de gorilles de montagne continue d'augmenter d'année en année. Il y avait 400 individus, on en compte aujourd’hui plus de 1000 ! ». Avec les bons outils et les bonnes approches, appliqués à grande échelle, les actions de rétablissement des espèces fonctionnent et la faune peut à nouveau prospérer.  

Toutefois, pour que les résultats des actions de conservation soient durables, il est essentiel de s’attaquer résolument aux crises interdépendantes du climat et de la biodiversité. Une conclusion qui est également claire dans l'analyse de l'UICN. 

« Ensemble, nous pouvons inverser ces courbes et restaurer la nature de notre planète. Pour notre bien et celui des générations futures, » conclut Nicolas Tubbs.