Sauver des ours orphelins au-delà des frontières

Sauver des ours orphelins au-delà des frontières

En mai dernier, nous avons relâché Nikola, Mihail et Aneta dans les montagnes bulgares. Ces trois oursons ont été retrouvés seuls, sans leur mère alors qu'ils n'avaient que quelques mois. L'équipe du WWF-Bulgarie et des partenaires locaux ont sauvé les oursons et les ont emmenés au sanctuaire de la vie sauvage d'Arcturos en Grèce. Il s'agit du seul projet au monde dans lequel des animaux sont réhabilités dans un pays puis relâchés dans un autre. Alexandros Karamanlidis et Alexander Dutso, experts des ursidés, nous en disent plus sur cette merveilleuse collaboration.

L’objectif du WWF-Bulgarie est clair : réduire les conflits entre humains et animaux, et restaurer la nature bulgare. Le projet ours permet aussi de sensibiliser la population et donner un coup de pouce à la population d’ursidés sauvages.

Une collaboration unique 

Alexandros Karamanlidis est directeur général d'Arcturos Wildlife Sanctuary, , une ONG qui protège la faune, la flore et leurs habitats naturels en Grèce et à l'étranger depuis 1992. 

Dr. Alexandros Karamanlidis, Arcturos Wildlife Sanctuary

Le programme de réhabilitation des ours a vu le jour avec l'aide de la faculté de médecine vétérinaire de l'université Aristote de Thessalonique. "Nous avons sauvé les deux premiers oursons orphelins en 2011. Depuis, nous avons déjà réhabilité une vingtaine d'animaux. Entre-temps, nous travaillons depuis cinq ans avec le gouvernement bulgare et le WWF.”

Et cette approche fonctionne ! "La réhabilitation de Nikola, Mihail et Aneta était notre troisième projet commun. Les ours ont été trouvés en Bulgarie, ont repris des forces avec nous - en Grèce - et sont ensuite retournés dans la nature bulgare". Le programme affiche un taux de réussite de 100 % pour ce qui est du retour des ours en Bulgarie.

Les ours ne sont pas simplement relâchés : "Nous les équipons d'abord d'un collier GPS fourni par le gouvernement bulgare et le WWF-Bulgarie. Cela nous permet de les suivre pendant un an, après quoi le collier tombe de lui-même. De cette manière, nous contrôlons le taux de réussite de nos actions de relâchement."

Ours en Bulgarie, espèce clé d’une nature en bonne santé 

Pourquoi ce projet ? Nous avons posé la question à Alexander Dutso, dit Sasho, expert en faune sauvage au WWF-Bulgarie. "Malheureusement, si les ours perdent leur mère avant l'âge d'un an, leurs chances de survie diminuent considérablement. C'est la raison pour laquelle nous les aidons à reprendre des forces pendant la période de réhabilitation. Nous les relâchons ensuite dans la nature, où ils contribuent à restaurer la population d'ours du pays."  

Alexander Dutso, Sasho, WWF-Bulgarie

Or, les ours jouent un rôle important dans leur environnement. "Les ours bruns sont omnivores. Leur régime alimentaire est en fait composé à 80 % de plantes. Quand ils mangent de la viande, ils chassent rarement eux-mêmes leurs proies, mais mangent principalement des charognes.

Ils empêchent ainsi la propagation des maladies et éliminent les "déchets" de la nature.  En outre, ils contribuent à la dissémination des graines : en mangeant des fruits, puis en les digérant pour excréter les graines, ils permettent à de nouveaux arbres fruitiers de pousser. Enfin, l'ours brun est une espèce parapluie : il a besoin d'un vaste territoire pour se nourrir, se reproduire et vivre. Entre 50 et 700 kilomètres carrés ! En protégeant ces grands espaces, on protège donc aussi toutes les espèces qui y vivent".

Le WWF-Bulgarie veut également s'assurer que les humains et les ours puissent cohabiter pacifiquement. Car malgré les grandes étendues, cela reste un risque. "Lorsqu'un ours est repéré près d'un village, nous prenons des mesures préventives et informons les habitants.

L'avenir de l'ours brun 

Bien que l'ours brun soit le plus grand prédateur d'Europe, l'espèce est sous pression. "Nous ne le cachons pas, le changement climatique a un impact important sur la relation entre l’humain et l'ours", explique Sasho. "Comme leurs réserves de nourriture sont affectées, ils osent plus qu’avant se rapprocher des villages, à la recherche de nourriture, par exemple dans des poubelles mal fermées. Les températures plus chaudes peuvent également inciter les ours à ne pas hiverner et donc à chercher de la nourriture même en hiver."

Le WWF-Belgique collabore avec le WWF-Bulgarie pour sensibiliser le public aux ours bruns, à la fois à la contribution qu'ils apportent à leur écosystème et aux mesures de précaution.

Pour soutenir ce projet, vous pouvez adopter symboliquement un ours en faisant un don mensuel. D’avance, merci de participer au changement.