Rapport déforestation du WWF : 14 fois la Belgique disparue en 13 ans

Rapport déforestation du WWF : 14 fois la Belgique disparue en 13 ans

Un nouveau rapport du WWF analyse 24 fronts de déforestation en Amérique Latine, Asie et Afrique et constate que plus de 43 millions d’hectares de forêts tropicales et subtropicales ont été déboisés dans ces régions entre 2004 et 2017, soit une superficie équivalente à 14 fois la Belgique. Notre pays a une lourde empreinte en raison de ses importations de matières premières. Le WWF appelle les autorités à soutenir une législation européenne forte en 2021 pour garantir que les produits qui arrivent sur le marché ne contribuent pas à la destruction des forêts et écosystèmes naturels.


 


Fronts et facteurs de déforestation


Le rapport du WWF analyse 24 fronts de déforestation dans des régions tropicales et subtropicales entre 2004 et 2017, couvrant une superficie de 710 millions d'hectares. Neuf fronts de déforestation se trouvent en Amérique latine - une région qui connait un déclin dramatique (-94%) des populations d'animaux sauvages - , huit se trouvent en Afrique et sept en Asie-Pacifique. Selon le rapport, les lieux où la déforestation se produit le plus rapidement sont : l'Amazonie au Brésil et en Bolivie, Madagascar, Sumatra et Bornéo en Indonésie et Malaisie et les savanes du Cerrado au Brésil et du Gran Chaco en Argentine et au Paraguay.


L'agriculture commerciale est la principale cause de déforestation dans le monde, avec des zones boisées défrichées pour créer de l'espace pour le bétail et pour faire pousser des cultures. D'autres facteurs importants sont le développement des infrastructures, des exploitations minières, et la spéculation foncière.


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La Belgique peut réduire sa lourde empreinte en 2021


La Belgique a une lourde empreinte en matière de déforestation. Une surface agricole de 10,4 millions d’hectares est nécessaire pour l’importation de 7 matières premières comme le


soja, cacao, bœuf et cuir, huile de palme, café, hévéa, bois et papier. 40% de cette superficie se trouve dans des pays à haut risque de déforestation comme le Brésil, la Côte d’Ivoire, l’Argentine, l’Indonésie et la Malaisie.


Dans sa stratégie biodiversité 2030, la Commission Européenne prévoit d’élaborer une loi en 2021 pour s’attaquer à l’empreinte déforestation de l’Union Européenne (10% de la déforestation mondiale). La campagne Together4Forests, menée par plus de 160 ONG a mobilisé près de 1,2 millions de citoyens, dont plus de 87.000 Belges. Les signataires exigent que leurs achats ne soient pas responsables de la destruction des forêts et d’autres écosystèmes naturels et de violations des droits humains. La loi européenne devrait par ailleurs obliger les entreprises à examiner leur chaîne d’approvisionnement pour vérifier qu’elle est libre de déforestation, destruction d’écosystèmes naturels et violations de droits humains.


Béatrice Wedeux, Responsable des Politiques Forestières au WWF-Belgique :


« A l’instar de l’Europe, la Belgique doit cesser de faire partie du problème et gommer son empreinte déforestation. Le WWF demande aux gouvernement fédéral et régionaux, de soutenir une loi européenne forte contre la déforestation et de développer une stratégie Beyond Food ambitieuse pour des filières d’importations responsables. Cette stratégie doit être cohérente et coordonnée entre les différentes compétences politiques : environnement, climat, coopération internationale, finances et agriculture. »


La destruction des forêts pèse lourdement sur la lutte contre le changement climatique et participe au déclin dramatique de la biodiversité. L'agriculture, la sylviculture et l'exploitation des terres représentent environ 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La perte d'habitat, à travers l'utilisation non durable des terres et la déforestation, est l'une des principales causes du déclin des populations d'animaux sauvages et du changement climatique. C'est également le plus grand facteur de risque pour la santé humaine concernant les maladies infectieuses émergentes. Préserver les forêts, savanes et prairies et privilégier des systèmes alimentaires plus durables, nous permettra de réduire nos émissions et de prévenir une prochaine pandémie.