Nouveau rapport sur le financement de la biodiversité en Belgique

Nouveau rapport sur le financement de la biodiversité en Belgique

Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée internationale de la biodiversité, nous publions un nouveau rapport qui explore l'écart entre les ambitions de la Belgique en matière de biodiversité et les dépenses réelles consacrées à la nature, et présente également des pistes pour combler ce déficit. La nature est au centre des discussions politiques, les citoyen·nes lui donnent une voix de plus en plus puissante et, dans le monde entier, l'appel à des politiques décisives qui protègent notre environnement se fait de plus en plus pressant. Notre pays doit combler ce fossé financier pour réaliser les ambitions qu’elle a annoncées et les traduire en actions concrètes. 

Dans ce nouveau rapport, «Une nature qui vaut de l'or : investir dans la biodiversité, assurer notre avenir », nous calculons les montants que la Belgique doit dégager pour mettre en œuvre ses ambitions en matière de biodiversité. Il estime à 855,5 millions d’euros les dépenses des gouvernements de notre pays pour la politique de biodiversité en 2020.   

La Belgique a également investi dans l'adaptation au climat et la biodiversité en 2021 et 2022. De nombreux fonds ont alors été débloqués pour lutter contre la pénurie d'eau et la sécheresse, le Blue Deal flamand et la Stratégie intégrale sécheresse wallonne étant les exemples les plus connus. 

Quel est le coût d'une bonne politique de biodiversité ?  

Mais si notre pays veut honorer ses engagements et réaliser ses ambitions, il doit investir quelque 603 millions d'euros supplémentaires chaque année. Cela semble beaucoup, mais il faut placer cette somme dans un contexte global : elle représente 0,13 % du PIB de la Belgique ou 0,22 % du total des dépenses publiques belges en 2020.  

C’est aussi un montant largement inférieur aux subventions allouées par notre pays à des pratiques qui nuisent à la nature : en 2020, la Belgique a dépensé presque 13 milliards d'euros en subventions aux combustibles fossiles, ce qui va à l'encontre des ambitions de la Belgique en matière de climat et de biodiversité.  

La nature vaut l'investissement  

Investir dans la nature n’est pas un luxe. La perte de biodiversité et l'effondrement des écosystèmes et l'une des plus grandes menaces auxquelles l'humanité sera confrontée au cours de la prochaine décennie. En Belgique, seuls 4 % des espaces naturels sont en bon état écologique et, à l'échelle mondiale, la biodiversité diminue dans des proportions inquiétantes : 69 % des populations d'espèces ont disparu depuis 1970. Cela affecte directement l'approvisionnement en eau potable, le climat, notre sécurité alimentaire et notre bien-être.

« Les écosystèmes riches en biodiversité résistent mieux aux phénomènes météorologiques extrêmes et se rétablissent plus rapidement. Investir dans la biodiversité, c'est donc investir dans la préservation de la pureté de l'air, de l'eau et de la nourriture, et c'est contribuer à la lutte contre le changement climatique »

Laurence Drèze, chargée de plaidoyer biodiversité

Ne rien faire coûte plus cher : il est temps d’agir  

La production économique mondiale dépend largement de la nature. Elle représente une valeur de 44.000 milliards de dollars. La perte de biodiversité, la pollution de l'environnement, la surexploitation des ressources naturelles et le changement climatique constituent donc de graves menaces pour notre prospérité. Le secteur agricole en particulier en subit les conséquences, car plus de 75 % des récoltes mondiales destinées à notre consommation dépendent des pollinisateurs.   

Le changement climatique nous exposera de plus en plus à des phénomènes météorologiques extrêmes. Après les inondations de 2021 qui ont frappé notre pays, les dégâts matériels ont été estimés à 2,8 milliards d'euros pour la région wallonne. Si ce type de catastrophe se produisait en Flandre, le coût s'élèverait à plus de 8 milliards d'euros. De nombreuses rivières ont été modifiées de manière si radicale qu'elles ne peuvent plus absorber l'excès d'eau de pluie.   

La restauration des cours d'eau, comme dans la vallée limbourgeoise de la Meuse, où le fleuve retrouve la possibilité de serpenter et de déborder dans les plaines inondables, permet de capter d'énormes quantités d'eau lors de fortes pluies, protégeant ainsi les villages. Investir maintenant dans un environnement naturel résilient qui nous protège des pires impacts est un investissement intelligent pour notre prospérité et notre bien-être futurs.  

Les Belges veulent protéger la nature  

Le soutien à ces mesures existe déjà. Les citoyen·nes font entendre la voix de la nature de plus en plus fort : plus de 14.000 Belges ont déjà envoyé des messages directs aux ministres compétent·es et aux député·es européen·nes belges pour leur faire part de leur souhait d'une loi ambitieuse sur la restauration de la nature.  

Les citoyen·nes agissent également pour combler les lacunes politiques, en agissant localement, pour protéger la nature en Belgique. Pour ce faire, ils peuvent compter sur notre soutien. Nous lancons aujourd'hui la deuxième édition du "Fonds pour la nature d’ici". Lors de la première édition, 47 projets en faveur de la nature ont reçu un soutien financier pour planter des forêts comestibles, créer des jardins solidaires, se mobiliser pour la sauvegarde de nos abeilles, de nos crapauds ou de nos castors, dépolluer des canaux et rivières, ou encore aménager des mares naturelles.