L’espoir d’un accord pour sauver la nature à la COP15

L’espoir d’un accord pour sauver la nature à la COP15

Ce mercredi 7 décembre démarre la COP15, la conférence des Nations unies sur la biodiversité (7-19 décembre) à Montréal. Alors que nous sommes en pleine période de perte de biodiversité et d'insécurité alimentaire croissante, nous exigeons un accord mondial ambitieux sur la nature, qui protège et restaure les éléments vitaux de notre planète.

La nature se détériore plus vite que jamais. Notre dernier rapport Planète vivante montre que l’abondance moyenne des populations de vertébrés sauvages a chuté de 69 % en à peine un demi-siècle. Et qu'un million d'espèces sont actuellement menacées d'extinction.

À l'instar du dernier sommet sur le climat COP27, les Nations unies organisent également une conférence mondiale sur la biodiversité. La 15e édition de la COP, Convention sur la diversité biologique (CDB) débute à Montréal le mercredi 7 décembre. Elle est présidée par la Chine, où la COP15 aurait normalement eu lieu en 2020. C'est une occasion unique de mettre le monde sur la voie de la restauration de la nature. Et c'est une urgence.  

COP15: la voie vers un monde respectueux de la nature d'ici 2030  

Le défi est énorme : nous devons stopper immédiatement la perte de biodiversité et inverser la tendance. L’objectif ? Qu’à la fin de cette décennie, il y ait plus de nature qu'aujourd'hui.

Pour cela, il faut à la COP15 un accord qui puisse correspondre à l'accord de Paris de 2015 sur le changement climatique. À l'époque, tous les pays ont fait preuve d'ambition et se sont engagés à stopper le changement climatique. Le précédent accord sur la biodiversité de 2010, dans lequel les "objectifs d'Aichi" ont été promulgués, a été révisé en 2020. Le résultat a été dramatique : aucun des objectifs de protection de la nature n'a été atteint au cours de la dernière décennie.   

Avec la COP15 dans le viseur, plus de 90 dirigeant·es mondiaux ont signé « l'Engagement des dirigeant·es en faveur de la nature ». Dans ce document, ils et elles s'engagent à mettre fin à la destruction de la nature d'ici à 2030.

La Belgique étant l'un des signataires, nous attendons également de notre délégation qu'elle plaide en faveur d'objectifs ambitieux.

  • Priorité 1 à la COP15 : 30 % des espaces naturels efficacement protégés

Les organisations de conservation et la communauté scientifique s’accordent à dire qu’au moins 30 % des terres, des océans et de l’eau douce de la planète, telles que les lacs et les rivières, doivent être protégés efficacement pour que les écosystèmes soient stables. Pour le WWF, cet objectif doit inclure la sauvegarde des droits des populations autochtones et des communautés locales.   

  • Priorité 2 à la COP15 : Gestion durable des terres exploitables

Dans le même temps, les 70 % restants de la planète doivent être gérés et restaurés de manière durable, en s'attaquant aux causes de la perte de biodiversité. La science s'accorde à dire que les modes de production et de consommation actuels sont parmi les pires menaces pour la planète. Et donc aussi pour les systèmes naturels qui nous fournissent l'air, l'eau et les terres fertiles.

Pour sauvegarder ces systèmes, il sera nécessaire de réduire de moitié l'empreinte de nos systèmes alimentaires d'ici la fin de la décennie.  

  • Priorité 3 à la COP15 : une mise en œuvre efficace

Ce que l’ancien traité a montré de manière douloureuse, c'est que sans un mécanisme de mise en œuvre convenu, un accord reste souvent vide de sens. Il s'agit donc d'une exigence pour le nouvel accord et pour le suivi des progrès réalisés.

  • Priorité 4 à la COP15 : un financement intelligent

Nous avons calculé qu'il existe actuellement un écart mondial de 700 milliards de dollars entre le budget actuellement consacré à la biodiversité et l’investissement nécessaire pour que la nature soit restaurée d’ici 2030.  

Ce montant n’est toutefois qu’une somme dérisoire par rapport au coût prévu des risques liés à l’inaction. Ces risques, nous les connaissons déjà en Belgique, tels que les sécheresses et les inondations.

  • Priorité 5 à la COP15 : promotion des solutions basées sur la nature

Les solutions pour rendre ces risques gérables sont souvent basées sur la nature. Par exemple, donner plus d'espace aux rivières en renaturant les berges et en élargissant leur lit est une excellente solution aux risques d'inondation. Les solutions fondées sur la nature sont une priorité. 

Une occasion rêvée de ramener la nature en Europe 

Au même moment que la COP15 au niveau mondial, a lieu une autre négociation, au niveau européen, cette fois.

En effet, un nouveau projet de législation sur la restauration de la nature, en cours actuellement, a aussi le potentiel d'avoir un réel impact.

La future loi propose des objectifs européens juridiquement contraignants pour restaurer la biodiversité et les écosystèmes dégradés (81 % des écosystèmes de l'UE le sont). C'est l'occasion rêvée de ramener la nature en Europe, au bénéfice de la biodiversité, du climat et des personnes. Nous espérons une loi européenne ambitieuse à ce sujet dans les prochains mois.

L'échec n'est pas une option  

 « La nature a des réponses à bon nombre des défis les plus pressants du monde. L'échec de la COP15 n'est pas une option. Elle nous exposerait à un risque accru de pandémies, aggraverait le changement climatique, rendant impossible de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, et entraverait la croissance économique, rendant les plus pauvres plus vulnérables à l'insécurité alimentaire et hydrique », insistait Antoine Lebrun, directeur général du WWF-Belgique.  

« Pour faire face à la crise de la nature, les pays doivent se mettre d'accord sur des objectifs bons pour la nature qui unissent le monde pour protéger et restaurer une plus grande partie de la nature sur Terre, et pour transformer notre production afin qu'elle fonctionne avec la nature, et non contre elle. Après de nombreux engagements et promesses, il est grand temps, à Montréal, que les dirigeant·es du monde entier agissent en faveur des personnes et de la planète », conclut Antoine Lebrun. 

Nous vous tiendrons informés des avancées de la COP15 sur nos canaux !

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