Le traité historique protégeant la haute mer entre bientôt en vigueur
Le traité historique protégeant la haute mer entre bientôt en vigueur
Excellente nouvelle pour l'océan ! Le traité mondial sur la haute mer, adopté en 2023, franchit enfin une étape décisive : le Maroc est devenu le 60e pays à le ratifier. De facto, il entrera officiellement en vigueur en janvier prochain. Une avancée historique qui permettra de s’approcher de l’objectif de protéger 30 % de l’océan d’ici 2030.
Le 4 mars 2023 à New York, les Nations Unies s’étaient accordées sur le texte d’un nouveau traité mondial sur la haute mer – ou, si vous souhaitez son nom complet, « Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale ». Cet accord a pour objectif de créer un cadre pour protéger cette partie vitale de notre océan, en conservant la vie marine et en y limitant les pratiques nuisibles.
La haute mer, ce sont ces eaux situées au-delà des juridictions nationales et qui représentent près de deux tiers de la superficie totale de l’océan de notre planète. Aujourd’hui, 8 % seulement de cette immense étendue est protégée. Et encore, avec une gestion peu efficace. Mais les choses vont enfin pouvoir changer : le 19 septembre 2025, soit plus d’un an et demi après l’accord, le Maroc a été le 60e pays à ratifier le traité à New-York. Dans l’intervalle, les États ont transformé les engagements en actions. Il entrera automatiquement en vigueur le 17 janvier 2026 (soit 120 jours après la ratification par le 60e pays). Autrement dit, c’est à ce moment qu’il deviendra contraignant.
Protéger la haute mer et diminuer l’impact des activités
L'accord devrait faciliter la création d'aires marines protégées en haute mer, amener une meilleure coopération entre États et diminuer l'impact néfaste des activités exercées en haute mer. En effet, l'impact de la surpêche, de la pêche illégale, de la pollution, du changement climatique et des menaces émergentes telles que l'exploitation minière des grands fonds marins sur la vie de l’océan ne peut être résolu par une seule nation - il était nécessaire d'y apporter des réponses mondiales coordonnées dans le cadre d'un traité international.

« La Belgique doit prendre les devants »
L'origine de ce traité remonte à 2022, lors de la COP15 à Montréal. Près de 200 pays s’étaient engagés à protéger et à conserver au moins 30 % de l’océan, et à veiller à ce que 30 % des zones dégradées soient en cours de restauration, d'ici 2030. La ratification du traité par 60 pays consistue un pas décisif vers la réalisation de cette promesse. Rappelons que la haute mer est l’héritage commun de toute l'humanité et, à ce titre, la responsabilité de chaque pays. Il faut donc désormais que les gouvernements assurent une mise en œuvre ambitieuse et efficace de ce traité. « En tant que Blue Leader, la Belgique a été l'un des premiers pays à approuver et à ratifier le texte. La Belgique est également candidate pour accueillir le siège du secrétariat de la Convention des Nations unies sur les océans. Si notre pays est sérieux, il doit poursuivre cette ambition dans notre propre mer du Nord en délimitant des réserves marines et en prenant les mesures appropriées contre la perturbation des fonds marins. C'est la seule façon de laisser nos fonds marins se reposer et de permettre aux réserves marines d'atteindre leur plein potentiel », explique Sarah Vanden Eede, notre experte océan.
La haute mer, précieuse alliée
L’entrée en vigueur prochaine arrive à un moment crucial. Selon l’ONU, moins d’une cible sur trois de l’objectif sur la préservation de l’océan est en bonne voie ou progresse modérément. 2024 a aussi connu le quatrième épisode massif de blanchiment des coraux, entraînant la mort de nombreuses espèces qu'abritent les récifs.

La haute mer joue un rôle essentiel pour de nombreuses espèces importantes de requins, de thons, de baleines et de tortues de mer. L’océan constitue aussi un allié crucial contre les effets du changement climatique : 23 % des émissions de carbone liées à l'activité humaine ont été absorbées par l'océan au cours des dix dernières années. Il absorbe également plus de 90 % de l'excès de chaleur mondial causé par le réchauffement climatique d'origine humaine.
L’entrée en vigueur n’est donc pas une fin en soi : c’est un nouveau point de départ. Tout dépendra désormais de la volonté des États à transformer ce texte en actions concrètes et ambitieuses. Au WWF, nous serons attentifs à ce que cette promesse devienne une réalité pour les générations futures.
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