Le crime contre la vie sauvage échappe-t-il au radar de l’Europe ?

Le crime contre la vie sauvage échappe-t-il au radar de l’Europe ?

Les crimes contre la vie sauvage ont un impact dévastateur sur les espèces indigènes, l’économie et la sécurité. Cependant, la plupart des affaires restent impunies, voire passent inaperçues. C'est ce qui ressort d'une nouvelle enquête de SWiPE (un projet « LIFE »), qui offre l’image la plus complète de la situation d’aujourd’hui.

Entre 2016 et 2020, des chercheurs et chercheuses ont analysé les informations de 87 institutions de 11 pays européens au sujet des crimes contre la vie sauvage. Dans la conclusion de l’enquête « Dévoiler l’invisible : succès et défis pour la poursuite judiciaire des crimes contre la vie sauvage en Europe », le groupe de recherche dénonce un manque criant de contrôle. Par conséquent, ce type de crimes reste impuni et échappe à tout radar.

Qu’est-ce que le crime contre la vie sauvage ?

En Europe, la plupart des cas de crime contre la vie sauvage sont liés au braconnage d'animaux sauvages (27 %), à l'utilisation d'appâts empoisonnés (16 %), à l'utilisation de méthodes et de matériels de chasse interdits (14 %) et au commerce illégal d'animaux sauvages (13 %).

Actuellement, il y a trop peu de surveillance et d'attention politique pour mettre fin à ce phénomène.

Aucune espèce animale n'est épargnée par cette tragédie. Dans le rapport, quelques exemples frappants sont énoncés.

L'espèce la plus ciblée par la criminalité de la vie sauvage en Europe est le chardonneret, selon le rapport – considéré comme une douceur en Italie, cible du tourisme de braconnage en Serbie, capturé comme animal de compagnie en Espagne et illégalement échangé vers le Moyen-Orient depuis l'Ukraine.

Plusieurs espèces de rapaces menacés et de grands carnivores tels que les ours, les loups et les lynx sont également souvent victimes de ces activités illégales.

Eurasian Lynx

Les animaux sauvages portés non-disparus, les criminels non poursuivis

« Le plus grand problème est que les animaux sauvages ne peuvent pas porter plainte ou être déclarés disparus. Par conséquent, la plupart des crimes passent inaperçus et les autorités ne sont pas informées », explique Roselina Stoeva, chef de projet de LIFE SWiPE au WWF-Bulgarie.

Selon le rapport, 60 % des signalements de crimes contre la vie sauvage ne conduisent pas à des poursuites judiciaires.

Comment faire mieux ?

Le rapport met en avant certaines mesures qui ont déjà contribué à détecter et à enquêter plus efficacement sur les crimes contre la vie sauvage. Il s'agit notamment de déployer des unités de police spécialisées, d'utiliser des technologies telles que les drones et le GPS pour suivre les espèces menacées, et de former des chiens détecteurs pour repérer les appâts empoisonnés.

Mais la liste des recommandations ne s’arrête pas là : pour bien faire, il faudrait établir une base de données centrale pour les crimes contre la vie sauvage, allouer plus de budget, définir des sanctions pour chaque type de crime, améliorer la coopération entre les pays et étendre les formations dans les secteurs pertinents.

Le Conseil européen inscrit la criminalité contre la vie sauvage dans le top 10 des priorités pour combattre le crime organisé. La révision de la Directive de l'UE sur les crimes environnementaux, actuellement sur la table des négociations, offre une opportunité unique pour mettre fin à cette menace pour la biodiversité.

Lisez ici le rapport complet