La pollution plastique de l'océan va quadrupler d'ici à 2050

La pollution plastique de l'océan va quadrupler d'ici à 2050

Si la croissance actuelle de la pollution plastique se poursuit dans l’océan, celle-ci pourrait entraîner des risques écologiques importants. Certaines « pôles » de pollution plastique ont déjà dépassé le seuil écologiquement dangereux de concentration en microplastiques. Un risque pour les espèces, la productivité des écosystèmes marins, les récifs coralliens, les mangroves, et bien sûr pour la planète entière. Nous appelons les États à adopter au plus vite un traité mondial juridiquement contraignant contre la pollution plastique lors de l'Assemblée des Nations unies pour l'Environnement pour endiguer cette crise.

Une nouvelle étude commandée par le WWF fournit l’analyse la plus complète à ce jour de l’impact dramatique de la pollution plastique sur les espèces et les écosystèmes océaniques.

Si la croissance actuelle se poursuit, la pollution plastique entraînera bientôt des risques écologiques importants dans de nombreuses régions. Par ailleurs, elle nuira aux efforts actuels de protection de la biodiversité.

D’ici la fin du siècle, les zones marines dont la superficie est plus de deux fois et demie supérieure à celle du Groenland pourraient dépasser les seuils de concentration de microplastiques écologiquement dangereux. En effet, les calculs montrent que la quantité de microplastiques marins pourrait y être multipliée par 50 d’ici là.

Ces chiffres se fondent sur des projections selon lesquelles la production de plastique devrait plus que doubler d’ici à 2040, ce qui entraînerait un quadruplement des débris plastiques dans l’océan d’ici 2050.

Un dépassement du seuil de pollution plastique déjà atteint à plusieurs endroits

Des concentrations de microplastiques supérieures au « seuil critique » sont déjà été observées dans plusieurs régions du monde : comme la Méditerranée, la mer de Chine orientale, la mer Jaune et la banquise arctique. Au-delà de ce seuil critique, des risques écologiques importants et irrévocablespeuvent se produire pour les espèces et les écosystèmes.

« Tout porte à croire que la contamination de l’océan par le plastique est irréversible. Une fois répartis dans l’océan, les déchets plastiques sont presque impossibles à récupérer. Ils se dégradent régulièrement et la concentration de micro- et nano-plastiques continuera donc à augmenter pendant des décennies. Il est bien plus efficace de s’attaquer aux causes de la pollution plastique que de nettoyer après coup. Si les gouvernements, l’industrie et la société agissent à l’unisson dès maintenant, ils peuvent encore limiter la crise du plastique », a déclaré Heike Vesper, Directrice du programme marin du WWF-Allemagne.

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La pollution plastique, une menace qui s’accumule aux autres

Étant donné l’omniprésence de la pollution plastique, presque toutes les espèces ont probablement déjà rencontré du plastique. Cette pollution non maîtrisée devient aussi un facteur contribuant à la sixième extinction de masse en cours. Elle pourrait donc participer à un effondrement généralisé des écosystèmes.

Les effets négatifs de la pollution plastique sont déjà détectables dans la plupart des groupes d’espèces. Par exemple, la productivité de plusieurs des écosystèmes marins les plus importants au monde, comme les récifs coralliens et les mangroves, est déjà fortement menacée.

Sans oublier les autres menaces, qui se superposent à la pollution plastique : la surpêche, le réchauffement climatique, l’eutrophisation ou la navigation. Les effets négatifs sont donc amplifiés. Pour les espèces déjà menacées, dont certaines vivent dans ces pôles, comme les phoques moines ou les cachalots de la Méditerranée, la pollution plastique est une menace supplémentaire qui pousse ces populations vers l’extinction. Et nous ne sommes encore qu’au début des recherches.

« La recherche agit comme une lampe de poche avec laquelle nous lançons des rayons de lumière dans l’obscurité des océans. Seule une fraction des effets a été enregistrée et étudiée, mais les effets documentés causés par le plastique sont inquiétants et doivent être compris comme un signal d’alarme à une échelle beaucoup plus grande, surtout avec la croissance actuelle et prévue de la production de plastique », a déclaré le Dr Melanie Bergmann, biologiste marine à l’Institut Alfred Wegener Centre Helmholtz pour la recherche polaire et marine.

La longévité du plastique dans la nature signifie aussi que l’absorption de micro- et de nano-plastiques dans la chaîne alimentaire marine continuera à s’accumuler et à atteindre des niveaux dangereux. Nous devons donc réduire dès maintenant notre production et notre utilisation de plastique.

Un traité mondial, solution globale et systémique contre la pollution plastique

Cette menace omniprésente et croissante pour la vie de l’océan ne peut être combattue que par une solution globale et systémique efficace. Les États ont les cartes en mains : ils ont l’occasion d’adopter un traité mondial lors de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement (UNEA-5), prévue en février.

La pression s’accentue sur la communauté internationale en faveur d’un traité juridiquement contraignant. Plus de deux millions de personnes dans le monde ont signé la pétition du WWF, tandis que plus de 100 entreprises mondiales, plus de 700 organisations de la société civile et 156 pays, soit plus des trois quarts des États membres des Nations unies, ont également soutenu les appels en faveur d’un traité.

« Nous savons comment mettre fin à la pollution plastique et nous savons que le coût de l'inaction se fait au détriment de nos écosystèmes océaniques - il n'y a aucune excuse pour retarder un traité mondial sur la pollution plastique. Pour sortir de la crise du plastique, il faut que les pays s'accordent sur un traité contraignant à l'échelle mondiale qui prenne en compte toutes les étapes du cycle de vie du plastique et qui nous mette sur la voie de l'élimination de la pollution plastique marine d'ici 2030 », a déclaré Ghislaine Llewellyn, responsable adjointe des océans au WWF.

Lire l'étude complète (anglais)