Inondations, un an après : la restauration de la nature n’a jamais été aussi cruciale

Inondations, un an après : la restauration de la nature n’a jamais été aussi cruciale

Il y a un an, l’Europe de l’Ouest était frappée par d’intenses précipitations, faisant plus de 200 victimes et détruisant des dizaines de milliers d’habitations. Les inondations de juillet 2021 constituent la catastrophe naturelle la plus meurtrière que la Belgique ait jamais connue. Dans un contexte de réchauffement de la planète, à l’avenir, les épisodes de précipitations auront tendance à s’intensifier et se répéter davantage. Il est temps de construire des solutions adaptées et durables, en faisant de la nature notre meilleure alliée pour nous protéger. Cela tombe bien : une proposition de loi qui vient d’être publiée par la Commission européenne a un potentiel inédit d'améliorer l'état de la nature à grande échelle.

Il y a un an, la Belgique était touchée par de terribles inondations. Les intempéries avaient causé la mort de 39 personnes et fait de lourds dégâts dans notre pays. Les pluies diluviennes du 14 et du 15 juillet 2021 avaient également durement frappé l’Allemagne, qui a dénombré 190 victimes. Cette semaine, l’heure est à l’hommage aux victimes et à leurs familles. Mais le souvenir de cette catastrophe rappelle aussi l’urgence d’agir face aux effets dévastateurs du changement climatique. Selon les scientifiques, celui-ci a rendu les précipitations extrêmes de l’été dernier dans notre région jusqu’à 9 fois plus susceptibles de se produire[1].

A l’échelle mondiale, les épisodes de fortes précipitations devraient devenir plus fréquents et plus intenses à l’avenir[2]. En d’autres termes, nous devons nous préparer à faire face à ce type d’événements météorologiques extrêmes, partout dans le monde, mais aussi chez nous.

Restaurer la nature pour nous protéger

Pour atténuer les effets extrêmes du réchauffement global, il est urgent d’accélérer et d’accroître les moyens alloués à la protection et la restauration de la nature. Par exemple, les tourbières, les zones humides ou les forêts naturelles peuvent réellement nous aider à nous adapter au dérèglement du climat. Ces écosystèmes agissent comme des éponges, en améliorant la rétention de l'eau, ce qui est utile tant en cas de fortes pluies qu’en vue d’épisodes de sécheresse. La nature atténue aussi la chaleur, et nous offre une précieuse protection contre les érosions et les glissements de terrain.

La nature comme alliée face aux effets du changement climatique

Dans la foulée des inondations de l’été dernier, le WWF-Belgique, Inter-Environnement Wallonie et Natagora adressaient, ensemble, le manifeste « No Nature No Future » à l’encontre du gouvernement wallon. Ce plaidoyer pour se servir de la nature comme alliée face au changement climatique avait été signé par plus de 25.000 Belges. La Flandre est également très vulnérable à de tels phénomènes météorologiques. Le WWF-Belgique, Bond Beter Leefmilieu et Natuurpunt ont également rédigé un mémorandum à l’encontre du gouvernement flamand, avec 31 mesures pour rendre la région plus résistante aux aléas du climat, et ce de toute urgence.

Se préparer et se protéger, dès maintenant

Pour faire face aux futurs événements climatiques extrêmes, le Parlement wallon adoptait, il y a quelques mois, 161 recommandations de la Commission d’enquête parlementaire chargée d'examiner les causes et d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie. Le rapport le soulignait : les inondations mettent en relief la nécessité de renforcer et accélérer, d’une part, la lutte contre le dérèglement climatique par la réduction des émissions de gaz à effets de serre et, d’autre part, l’adaptation de nos territoires, nos infrastructures, nos institutions, nos systèmes et notre société pour protéger la population des dérèglements climatiques en cours et à venir. Les recommandations prenaient en compte le rôle de la nature et de ses fonctions régulatrices, mais il y avait encore de la marge pour que la nature puisse jouer pleinement son rôle face aux événements climatiques extrêmes, selon notre analyse.

Avec une autre approche du paysage, on peut redonner à la nature sa capacité de rétention d‘eau.    C’est ce que montre une récente étude commandée par le WWF Pays-Bas, selon laquelle l’utilisation des terres situées en amont d’une partie du bassin versant du Rhin peut contribuer de manière décisive à réduire les inondations. La restauration des zones humides, par exemple, permet de ralentir considérablement l'écoulement. La méthode naturelle de « l'éponge » consiste ainsi à retenir l'eau à un stade très précoce, avant qu'elle n'atteigne le cours d'eau, ce qui peut diminuer significativement l’ampleur des inondations

Une loi européenne prometteuse

Au niveau européen, une opportunité unique se présente à nous pour développer considérablement la restauration de la nature, y compris dans notre pays, et pour en faire notre alliée pour mieux nous protéger des évènements climatiques extrêmes. Le 22 juin dernier, la Commission a présenté sa proposition de loi sur la restauration de la nature. Le texte comprend des éléments forts, tels que l'objectif contraignant de restauration de 20 % en 2030 des terres et mers européennes, décliné dans des plans nationaux obligatoires. Le WWF appelle les États membres à soutenir une loi forte et ambitieuse et à l’adopter et la mettre en œuvre en priorité.

[1] https://www.worldweatherattribution.org/heavy-rainfall-which-led-to-severe-flooding-in-western-europe-made-more-likely-by-climate-change/

[2] https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM.pdf