Guépards sous haute surveillance en Zambie

Guépards sous haute surveillance en Zambie

À travers les plaines herbeuses du parc de Liuwa, une famille de guépards porte un immense espoir : celui de voir le félin le plus menacé d’Afrique retrouver sa juste place dans la savane. La population évolue sous le regard attentif des biologistes du Zambian Carnivore Programme, une ONG partenaire du WWF.

Difficile d’accès, le parc national de Liuwa est situé à l’ouest de la Zambie, près de la frontière angolaise. Important lieu de captation des eaux de pluie, ses vastes plaines disparaissent sous les eaux de décembre à avril, avant que leur sol sablonneux ne les redirige vers le fleuve du Zambèze. Ces plaines s’étendent à perte de vue sans qu’aucun arbre ne vienne briser leur étonnante monotonie, et accueillent des animaux spécialistes de ces terrains ouverts.

Aux côtés de la deuxième plus grande migration de gnous au monde, des zèbres et des antilopes côtoient des grands carnivores comme les lions, les lycaons, les hyènes… Et les guépards, félin qui a disparu de 13 pays en à peine 50 ans. Cette faune riche avait été presque décimée à la suite d'années de braconnage intensif et de guerre civile dans l'Angola voisin, mais elle connait depuis 2003 un rétablissement spectaculaire, au fil des réintroductions et des mesures de protection largement accrues.

Liuwa

Veiller sur une famille précieuse

Liuwa abrite notamment la deuxième plus grande population de guépards de Zambie. Sur les 20 guépards qui y vivent, 8 portent des colliers GPS, ce qui permet aux biologistes de notre partenaire Zambian Carnivore Programme (ZCP) de les surveiller et de les protéger. « Grâce aux informations émises par les colliers GPS, nos sept biologistes de terrain vont à la rencontre des guépards, recueillent des données sur leurs populations et vérifient s'ils ne sont pas pris dans des pièges à collets », explique Daan Smit, chef de projet de recherche du ZCP au Grand Liuwa.

Ces colliers GPS leur permettent aussi de suivre les mouvements des guépards qui quittent le parc. « Nous avons pu observer une première femelle guépard qui a franchi la frontière avec l'Angola, avant de retourner à Liuwa donner naissance en décembre 2022 à des guépardeaux. La population de guépards est si réduite que chaque naissance est précieuse ! Aujourd’hui cette femelle est la seule mère repérée dans le parc, et mérite donc toute notre attention. Nous partageons ses déplacements avec nos biologistes qui contrôlent son état chaque semaine. En veillant à sa sécurité, nous veillons aussi à celle des petits ».

guépard

Colliers GPS contre pièges à collets

Les pièges à collets, disposés par les irréductibles braconniers toujours actifs dans la région, sont l’une des principales menaces pour les guépards :« Ces pièges sont posés pour attraper les gnous ou les zèbres, mais ils font des victimes à l’aveugle, à l'intérieur comme à l'extérieur du parc. Nous partageons aussi nos données avec nos partenaires pour qu'ils déploient leurs patrouilles d’écogardes dans les zones où les animaux menacés se déplacent le plus ».

Lorsqu’un animal est pris dans un piège, les vétérinaires du ZCP sont prêts à intervenir. Un travail essentiel, que le ZCP effectue même en saison des pluies : « Il peut tomber 1 400 mm de pluie en quatre mois seulement, nous troquons alors nos véhicules habituels contre des motos, et utilisons même parfois des charrettes à bœufs quand l’eau est vraiment trop profonde ! »

De l’espoir pour les guépards de Liuwa

Jusqu'à présent, la précieuse famille de guépards de Liuwa se porte bien. « La mère est une maman extraordinaire, qui protège ses petits des lions et leur apprend patiemment à chasser : aujourd’hui on peut observer les jeunes participer à la chasse aux cotés de leur mère – d’égal à égal. Une autre tâche de la mère est de les emmener faire de grands tours pour découvrir la nature située en dehors de son territoire. Pendant ces tours, elle leur apprend à réagir lorsqu'ils voient des hyènes, des lions, mais aussi des humains ».

Aujourd'hui, les jumeaux sont techniquement en âge de se disperser, mais il est probable que leur mère reste encore quelques mois de plus à leurs côtés pour qu’ils perfectionnent leur technique de chasse. « C'est toujours la mère qui quitte les petits et non l'inverse : c’est la belle vie pour les jeunes de rester avec leur maman ! »

Lorsque leur mère les quittera, les jeunes resteront ensemble pendant quelques mois afin de s'entraider. En effet les jeunes ratent souvent leur proies, manquant d’expérience et de patience lorsqu’ils traquent. Ensuite ils partiront en exploration chacun de leur côté pour chercher un territoire. « Lorsqu'ils effectuent ces grandes tournées, ils sont vulnérables aux pièges, aux chiens dans les villages, mais aussi aux lions – leur principal prédateur naturel. Mais nous continuerons à veiller sur eux : ces guépards peuvent jouer un rôle important dans la reconstitution de la population de guépards à Liuwa ».

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