Faites la connaissance des gorilles du clan des Susa

Faites la connaissance des gorilles du clan des Susa

Au sud-ouest du massif des Virunga, au Rwanda, se dresse le mont Karisimbi, dominant du haut de ses 4507 mètres d’altitude les autres volcans de la chaine montagneuse. Les forêts luxuriantes qui recouvrent ses pentes abritent l’un des plus anciens groupes de gorilles de montagne étudiés : le clan des Susa. Le WWF-Belgique soutient l’International Gorilla Conservation Programme (IGCP) qui protège et suit de près l’état de santé de ce célèbre groupe de grands singes.

Formé en 1974 et étudié par Dian Fossey, le clan des Susa était jusqu’en 2009 le deuxième plus grand groupe de gorilles de montagne jamais observé avec 41 primates. À la suite de plusieurs scissions, le clan compte aujourd’hui 19 gorilles : un mâle « dos argenté » nommé « Impuzamahanga », huit femelles, trois jeunes mâles et sept petits. Le clan est également connu pour avoir donné en 2004 naissance à des jumeaux, « Impano » qui signifie « cadeau » et « Byishimo » signifiant « bonheur ».

Une paix toute relative

Tout ce petit monde vit dans une paix relative au cœur du Parc national des Volcans. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Dans les années 1980, seuls 400 gorilles des montagnes subsistaient au monde. Parmi eux, le clan des Susa survivait tant bien que mal dans la région touchée par les multiples conflits armés et où sévissait le braconnage.

Tandis que les gorilles adultes étaient victimes de la chasse aux trophées et que des parties de leur corps étaient transformées en colifichets pour touristes, les jeunes gorilles étaient quant à eux capturés pour être revendus sur le marché noir. En 2002, deux femelles gorilles du clan des Susa qui tentaient de protéger leurs petits ont été abattues par des braconniers. Malgré cette tragédie, le célèbre groupe de gorilles a traversé les années, surveillé de près par les équipes du terrain, l’IGCP, le WWF et les partenaires.

Les divisions du clan des Susa

Le clan des Susa initial a connu plusieurs séparations, plus ou moins importantes, au cours des années. Au fil du temps, le groupe de gorilles s’est agrandi avec plusieurs naissances. Le maintien de l’équilibre et de la cohésion du groupe par le mâle dominant devenait de plus en plus précaire. Le clan des Susa comptait en effet de nombreux jeunes mâles, potentiels concurrents pour le mâle dos argenté.

Habituellement, le mâle dominant limite l'accès des plus jeunes mâles aux femelles, ignorant leur contribution à la protection des membres du groupe. En 2014, le jeune mâle Igisha, lassé d’être tenu à l’écart des femelles par Kurira, le mâle dominant de l’époque, avait quitté le clan en emmenant avec lui 23 autres gorilles. Aujourd’hui, trois groupes de gorilles de montagne sont issus des divisions du clan des Susa.

Une dynamique sociale naturelle à double tranchant

Les séparations de groupes de gorilles sont normales et bénéfiques pour la diversité génétique de l'espèce. De plus, en partant à la recherche d’un territoire, un nouveau clan de gorilles agrandit l’aire de répartition de l’espèce. Il peut occuper une zone de la forêt jusque-là inutilisée, ce qui est bon aussi pour la biodiversité locale. En se déplaçant et en dispersant les graines de fruits qu’il consomme, le gorille participe en effet à la régénération des forêts !

Mais les séparations de groupes peuvent également être à l’origine de tensions. « Les scissions entraînent parfois un chevauchement de territoires de plusieurs clans différents, ce qui augmente les risques d'interactions violentes pouvant entraîner des blessures ou la mort des gorilles de montagne », explique Elisabeth Nyirakaragire, médecin vétérinaire au Parc national des Volcans.

Par ailleurs, les scissions peuvent également affecter la gestion des parcs. L'augmentation du nombre de clans de gorilles signifie qu’il faut un plus grand nombre de pisteurs, de vétérinaires et d’écogardes pour pouvoir continuer à les surveiller, suivre leur état de santé et les protéger de la menace du braconnage.

Les gorilles de montagne sont-ils menacés par l’éruption du volcan Nyiragongo en RDC ?

Les gorilles de montagnes ne vivent pas sur les pentes du volcan Nyiragongo. Ils n’ont donc pas été directement touchés par l’éruption et ne sont donc pas directement menacés. « En revanche, explique Anna Behm Masozera, directrice de l’IGCP, il y aura indirectement un impact – l’écotourisme à petite échelle qui redémarrait doucement dans le parc, apportant des revenus bien nécessaires, sera perturbé. On s'inquiète également de la situation sanitaire, avec l'interruption de l'électricité et de l'eau dans certaines parties de Goma et le risque de contamination que cela implique pour les gorilles de montagne. »

En 2020, 24 naissances ont été observées chez les gorilles de montagne. L’espoir pour que leur avenir soit placé sous de bonnes augures est permis, pourvu qu’ensemble, nous continuions de mettre tout en œuvre pour protéger l’espèce.