COP26 : un clap de fin décevant, mais qui laisse une étroite fenêtre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C

COP26 : un clap de fin décevant, mais qui laisse une étroite fenêtre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C

La COP26 s’est achevée ce samedi 13 novembre avec des décisions faibles dans un certain nombre de domaines importants, notamment l’adaptation au changement climatique, les pertes et dommages qu’il engendre et le financement climatique. Il existe toutefois quelques points importants dans le texte qui permettent aux pays d’augmenter leur ambition climatique à court terme et de mettre en œuvre des politiques climatiques contraignantes.

Nous sommes venu·es à Glasgow en espérant que les dirigeant·es de la planète s’accordent pour opérer un changement radical dans le rythme et l’échelle de l’action climatique. Bien que nous n’ayons pas obtenu ce changement radical et que le pacte final est loin d’être parfait, nous avançons dans la bonne direction. Décryptage des grands sujets :

L’Accord de Paris survit de justesse

Une victoire concerne l’accord trouvé sur des engagements à plus court terme en matière d’action climatique, parallèlement au rappel de l’urgence de réduire de moitié les émissions d’ici à 2030, en ligne avec l’objectif de maintenir le réchauffement à 1,5°C. « Nous sommes soulagés de voir que les engagements des Etats peuvent enfin se compter en années et non plus en décennies », déclare la Coalition Climat (La Coalition Climat est une asbl nationale qui réunit plus de 80 organisations de la société civile belge, dont le WWF-Belgique). « Après de longues années de léthargie, on peut enfin espérer voir apparaître un tremplin concret pour le rehaussement global de l’ambition. ».

Rappelons toutefois que malgré les progrès accomplis, les plans actuels nous mènent toujours sur une trajectoire d'augmentation désastreuse de plus de 2 degrés de réchauffement global. L’heure est donc aux actions et non aux discours : il est essentiel que l'ambition des contributions nationales soit considérablement renforcée dans les années à venir. 

Sortie des énergies fossiles

Pour la première fois dans l’histoire, les conclusions de la COP26 évoquent la fin du charbon et la disparition des subventions aux énergies fossiles. Cependant, nous avons été profondément déçus par la façon dont les termes ont été affaiblis en passant de « sortie du charbon » à « diminution du charbon ».

Les pays savent que la crise climatique ne pourra être résolue à moins que nous n’observions une décarbonisation profonde dans tous les secteurs, des actions concrètes pour arrêter la perte de nature, et une restauration de cette dernière à grande échelle.

Le rôle essentiel de la nature reconnu

Le texte final reconnaît le rôle essentiel de la nature dans la réalisation de l'objectif de 1,5 °C, encourage les gouvernements à intégrer la nature dans leurs plans climatiques nationaux et établit un dialogue annuel sur les océans pour des actions d'atténuation et d'adaptation basées sur les océans. 

« La nature est vraiment arrivée à la COP26. Les dirigeants reconnaissent enfin que l'action pour protéger et restaurer la nature doit être au cœur de notre réponse à la crise climatique, parallèlement à une transformation complète du système énergétique. La reconnaissance par la COP26 du rôle de la nature doit catalyser tous les pays pour augmenter la contribution de la nature dans leurs plans climatiques nationaux », affirme Manuel Pulgar-Vidal, directeur international Climat et Energie au WWF.

Inclure les solutions fondées sur la nature dans le prochain accord

Les solutions fondées sur la nature permettent aux plus vulnérables d’être plus résilients et rendent possible la réalisation des objectifs de développement durable. Tout cela doit être fait avec les garant·es de la nature au niveau local, en particulier les peuples autochtones et les communautés locales, à l'avant-plan de ce programme.

À notre grande déception, le concept de solutions basées sur la nature a été retiré du texte final à Glasgow. Il devra être repris lors du prochain sommet climatique, la COP27, qui se tiendra à Sharm El-Cheikh.

Timides avancées pour la solidarité internationale

Glasgow devait être un test de crédibilité pour les pays riches qui se sont engagés à verser 100 milliards d'euros par an pour le financement climat international.

« Le résultat est un progrès dans les procédures, mais pas dans les moyens fournis », déclare la Coalition Climat. « Point positif, les pays riches se sont engagés à doubler le financement de l'adaptation. Mais les engagements concrets pour combler le déficit de financement font encore défaut ».

Pertes et dommages causés par les catastrophes climatiques

« Cette question restée trop discrète pendant de longues années, devient enfin un point clé de l'agenda. Cependant, en termes de ressources, on ne compte malheureusement à ce stade que sur des engagements ponctuels. Les pays vulnérables au changement climatique ont droit à un financement structurel dans lequel la prévisibilité, l'accessibilité et la qualité sont centrales. Ce ne sont pas des questions de charité mais bien de justice et de responsabilité. », résume la Coalition Climat.

Par ailleurs, l'accord souligne également l'importance de la protection de la nature et des écosystèmes, de la participation des jeunes, des femmes et d'une transition juste. Des éléments cruciaux qui doivent encore être traduits en termes beaucoup plus concrets.

Une Belgique, deux visages

«La Belgique a montré une double image au cours de la COP26. « La délégation belge a joué un rôle constructif dans les négociations, et la Belgique a signé un certain nombre de déclarations importantes. Cependant, l'absence d'accord intra-belge sur la répartition des efforts climatiques continue de jouer des tours à la crédibilité de la Belgique », conclut la Coalition Climat.

Nous sortons de la COP26 avec un sentiment mitigé : il y a des progrès, grâce notamment aux mobilisations de masse et à la pression de la société civile. L'espoir de maintenir le réchauffement global à 1,5°C n'a pas disparu. Mais des progrès bien plus importants sont nécessaires.

Car la fenêtre se referme rapidement. Il est donc temps pour les dirigeant·es du monde entier de tenir toutes leurs promesses pour garantir l’avenir que nous voulons et méritons toutes et tous.

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