COP16.2 : un plan mondial pour financer la nature

COP16.2 : un plan mondial pour financer la nature

Clap de fin (pour de vrai cette fois) pour la COP16. Face aux trop nombreuses questions sur le financement restées sans réponse en novembre dernier, les signataires de la Convention sur la diversité biologique se sont rassemblés pour quelques jours à Rome. À l’issue de cette réunion de prolongation dénommée COP16.2, les pays ont adopté un plan de travail sur cinq ans pour financer la nature et stopper sa destruction. 

En novembre dernier s’est tenue à Cali (Colombie) la COP16 de la Convention sur la diversité biologique. Les attentes étaient élevées, vu l’état préoccupant de la biodiversité aujourd’hui. Malgré quelques timides avancées, la COP16 avait tourné court, la moitié des participants ayant quitté la table des négociations avant la fin. Pour réamorcer les discussions cruciales autour du sujet critique du financement, une seconde « mini » COP16 s’est tenue à Rome du 25 au 27 février 2025.  

Les 154 pays représentés (sur 196 signataires) se sont accordés sur une feuille de route pour mettre en place un système efficace de financement de la biodiversité, en convenant d'une feuille de route d'ici à 2030, y compris une décision en 2028 sur la manière de faire fonctionner le mécanisme financier.  

Un pas dans la bonne direction

C’est donc cette piste concrète qui manquait au tableau en novembre, et qui permettra d’avancer sur les ambitieux engagements pris lors de la COP15 à Montréal, en 2022. Les 196 pays signataires avaient alors adopté l’Accord de Kunming-Montréal, ou « Global Biodiversity Framework ». Le cœur de cet accord est connu sous le nom de30x30. Ce qui signifie que d'ici 2030, le monde devrait protéger 30 % de toutes les terres, de l’océan et des eaux douces. À titre de comparaison, nous sommes aujourd’hui plutôt à environ 8 % de protection des terres et 17 % de protection des mers.  

Pour parvenir à grimper jusqu’à 30, les signataires s’étaient engagés à mobiliser 200 milliards de dollars par an à l’horizon 2030 pour sauver la biodiversité. L’accord conclu à Rome est un pas dans la bonne direction, mais pour atteindre ce montant nécessaire, il est urgent de mobiliser des fonds de toutes les sources - publiques, privées et philanthropiques. 

La COP16.2 à Rome a également marqué la création officielle du « Fonds de Cali ». Ce fonds oblige les entreprises qui utilisent des données génétiques issues de la nature dans leurs produits à y reverser une partie de leurs bénéfices. 50 % du fonds sera alloué aux peuples autochtones et aux communautés locales pour soutenir les actions de mise en œuvre du cadre mondial pour la biodiversité.

Rappel : pourquoi sauver la biodiversité est vital  

En 50 ans, nous avons connu une chute dramatique de 73 % de la taille moyenne des populations d’animaux sauvages dans le monde. La nature est proche d’un point de basculement qui plongerait les écosystèmes dans un état de dégradation irréversible. Et cela nous concerne toutes et tous.  

Moins médiatisée que le changement climatique notamment parce qu’elle est très complexe à résumer, la crise de la biodiversité menace pourtant directement l’humanité. La nature soutient notre santé, notre alimentation et notre bien-être. Par ailleurs, les deux crises sont non seulement liées, mais se renforcent. Et pourraient en entrainer une troisième : la crise économique. Car la moitié de l’économie mondiale dépend des services rendus par la nature. Ce qui signifie, en d’autres termes, qu’investir dans la nature n’est pas seulement vital : c’est aussi très rentable.  

Car tout est inextricablement interconnecté. Et la disparition d’une espèce peut avoir un effet cascade catastrophique qui menace la sécurité alimentaire humaine, par exemple.  

Mais il reste de l’espoir. Car quand on protège la nature, la nature nous le rend bien. On le voit : partout où l’on s’investit dans la protection de l’environnement, la nature nous montre sa résilience. Des espèces autrefois disparues reviennent, et la nature reprend ses droits. Mais pour cela, nous avons besoin d’un réveil mondial et des actions concrètes.