Apprendre à connaitre les jaguars du Suriname
Apprendre à connaitre les jaguars du Suriname
Le Suriname est couvert à environ 93 % de forêt tropicale. Il capte donc plus de gaz à effet de serre qu’il n’en émet ! Cela en fait aussi un habitat essentiel pour de nombreuses espèces animales, dont le jaguar. Mais on sait encore bien peu de choses sur les jaguars du Suriname… Le WWF y a donc mis sur pied un projet de recherche.
« Le jaguar est une espèce très importante pour le Suriname. » explique Vanessa. « Il contribue à la préservation des forêts et des écosystèmes naturels en général. Les jaguars ne vivent que dans des habitats de qualité où ils trouvent suffisamment de proies. Là où l'on trouve des jaguars, c'est donc que l'environnement est en bon état. »
Cela fait du jaguar une espèce parapluie : à travers les mesures que le WWF prend pour le protéger, ce sont de vastes zones forestières qui sont maintenues en bon état. Cela profite à de nombreuses autres espèces sauvages – ocelots, pumas, cerfs élaphes... – ainsi qu'aux communautés locales !
Raison pour laquelle il est crucial de connaître l'état de la population dans le pays. Pour étudier les jaguars du Suriname, le WWF collabore avec l’université AdeKUS, l’ONG ACT-Suriname (Amazon Conservation Team) et l’ONG NeoWild.
Au sommet de la chaîne alimentaire
« Le jaguar est un prédateur pour 85 espèces », précise Vanessa. Cela le situe au sommet de la chaîne alimentaire, où il joue un rôle clé : en chassant, le jaguar maintient sous contrôle les populations d'herbivores comme les agoutis, les acouchis rouges, les tapirs, les pacas... Et c'est un point positif pour les communautés locales, car lorsque les troupeaux d'herbivores deviennent trop importants, ils viennent dévorer les cultures des Surinamien·nes.
En diffusant des informations comme celle-ci, nous pouvons apaiser les craintes à l'égard du jaguar et mettre en évidence les avantages de sa présence. En effet, les communautés locales considèrent encore souvent le jaguar comme une menace, notamment pour leur bétail.
L’être humain, ce terrible prédateur
Malgré sa position au sommet de la chaîne alimentaire, le jaguar n'est pas en sécurité. Car il a un prédateur plus terrible encore : l’être humain. Sa superbe fourrure et ses dents puissantes font du jaguar une proie convoitée par les braconniers. Le commerce illégal de produits issus du jaguar s’est développé rapidement au Suriname. Le WWF et le groupe de travail national sur le jaguar veulent donc lutter contre ce phénomène, notamment par le biais de campagnes de sensibilisation.
Les êtres humains rendent également de plus en plus difficiles les déplacements du jaguar à travers son royaume. Au nord, la forêt tropicale recule devant l'urbanisation. Dans d'autres régions, la vie sauvage cède du terrain face à l’exploitation forestière et à l’extraction illégale de l'or. L'orpaillage illégal est également à la source d'autres problèmes, comme l'empoisonnement au mercure – qui touche aussi les communautés locales. Le mercure est très polluant : il affecte toute la chaîne alimentaire et constitue une menace sur des centaines de kilomètres de distance.
Épier les jaguars dans leur habitat
Pour protéger le jaguar des nombreuses menaces qui l’entourent, le WWF a lancé un projet national de monitoring. « Avec cette étude, nous voulons savoir combien de jaguars vivent au Suriname, » explique Vanessa. « Sont-ils menacés ? Leur population est-elle en recul ? Pour en avoir le cœur net, nous devons mener des recherches dans différents territoires, sur des durées aussi longues que possible. Nous voulons obtenir ainsi une vue d’ensemble claire sur la densité de la population de jaguars. »
À l’aide de pièges photographiques, le WWF collecte de précieuses images sur six sites pilotes (voir illustration). Nous comptons non seulement les jaguars, mais aussi leurs proies, et nous cartographions en parallèle la végétation et les habitats. Pour toutes ces actions, le WWF peut compter sur l’aide des Amazon Conservation Rangers. Ces écogardes locaux reçoivent des formations pour le placement et l’entretien des appareils photographiques, ainsi que pour la transmission les images aux partenaires du projet. Il est logique que les communautés locales jouent un rôle important dans ce projet de suivi : elles connaissent la forêt mieux que quiconque.
L’objectif d’une stratégie nationale
Ce projet national de monitoring est le premier du genre au Suriname. Les mesures que le WWF effectue actuellement devraient fournir un référentiel pour de futurs projets de monitoring. Cela permettra d’évaluer l’évolution de la population de jaguars et l'impact des activités humaines sur son habitat. Par la suite, notre objectif ultime est la mise sur pied d’une stratégie nationale pour le jaguar, qui devrait conduire à la création de zones protégées et à l’établissement d’une réglementation claire pour la protection du jaguar.
Main dans la main avec les communautés locales
Au fil de l’étude, le WWF a discuté avec les membres des communautés locales de leur expérience des conflits avec les jaguars. Il en est ressorti que la cohabitation était difficile à certains endroits, par exemple à Peperpot, où les jaguars attaquent parfois le bétail.
À l’inverse, des réactions positives sont venues de Sipaliwini et de Coronie, où les communautés ont demandé à recevoir davantage d’information pour mieux protéger le jaguar. À Bigi Poika, la communauté entretient encore un lien culturel et spirituel fort avec le jaguar, à travers des récits et des chants, et les habitants sont prêts à s’engager pour que cette espèce emblématique prospère. Ensemble, tout est possible !
Que puis-je faire pour aider le jaguar ?
Vous souhaitez aider le WWF à protéger le jaguar ? Vous pouvez symboliquement adopter un jaguar et ainsi soutenir nos projets !