8 animaux qui utilisent des outils de façon très ingénieuse

8 animaux qui utilisent des outils de façon très ingénieuse

L’utilisation d’outils est souvent perçue à tort comme une caractéristique spécifique aux hominidés. Pourtant, des éléphants jusqu’aux escargots, un nombre incalculable d’espèces en utilisent, parfois pour 20 fonctions différentes. Voici un palmarès tout à fait subjectif d’exemples impressionnants.

Dans le règne animal, oiseaux, mammifères, cétacés, poissons, reptiles ou encore insectes se servent d’objets pour accomplir tout un éventail de tâches. Ce n’est pas toujours lié aux capacités cognitives de l’espèce ; beaucoup en utilisent d’ailleurs de façon instinctive. Pour d’autres, c’est par l’observation de ses pairs, parents ou même humains qu’ils acquièrent ces compétences bien utiles.

Quelle qu’en soit l’origine, réfléchie ou non, les exemples remarquables ne manquent pas. Il serait impossible de faire le tour de toute l’inventivité de la faune, mais voici un petit aperçu pour tordre le cou aux vieux préjugés.

Qu’est-ce qu’un outil ?

Pour savoir de quoi on parle, mettons-nous rapidement d’accord sur trois conditions : les scientifiques considèrent comme outil un objet détaché et extérieur au corps de l’espèce ; il doit être tenu ou porté pendant ou après l’utilisation, et doit servir à modifier la position ou l’état d’un autre objet, d’un autre organisme ou de l’individu lui-même. Un nid d’oiseau ou sa fabrication, par exemple, n’est pas considéré comme un outil.

L’orang-outan

Les singes, outillés de mains comme nous, ont évidemment un physique approprié pour agripper des objets. Ils demeurent donc les animaux qui manipulent des outils dans le plus de situations différentes. Que ce soit pour colmater, lancer, appâter, contenir, arracher, gratter, creuser, marteler, insérer, essuyer, couper grimper et même symboliser, ils ont des solutions logistiques pour presque tout. Les orangs-outans, par exemple, peuvent tenir une feuille devant leur bouche pour modifier le son de leur voix. Ils peuvent aussi agiter des rameaux pour se débarrasser d’insectes ou assommer des poissons à coup de massue dans des eaux peu profondes.

Le gorille

Faute d’observation suffisante, les scientifiques ont longtemps cru que les gorilles faisaient partie des grands singes qui, à l’état sauvage du moins, n’utilisaient pas d’outil. Depuis 2005, on sait que cette présomption était fausse. Il s’avère que les gorilles aussi sont ingénieux et débrouillards. En République du Congo par exemple, des scientifiques ont notamment observé une femelle gorille devant un marécage. Après avoir marché quelques pas dans l’eau, elle a fait demi-tour jusqu’à ce que l’eau ne lui arrive plus qu’à la taille. Elle s’est ensuite emparée d’un long bâton et l’a enfoncé dans l’eau à plusieurs reprises, sans doute pour tester la profondeur de l’eau ou la stabilité du fond. Elle a ensuite avancé bâton à la main, pour sécuriser et stabiliser son avancée, telle une canne.

Le Grand Dauphin

L’utilisation d’outils chez les cétacés est assez rarement observée. Et pour cause : leurs nageoires ne sont pas l’atout idéal pour tenir quoi que ce soit. Cependant, à Shark Bay, en Australie, les Grands Dauphins sont connus pour faire preuve d’une ingéniosité exceptionnelle : ils protègent leur rostre (leur museau) à l’aide d’une éponge de mer pour explorer les fonds marins sablonneux en quête de nourriture. Une invention qu’ils transmettent de génération en génération, et qui leur permet un accès inédit à certains aliments sans risque de se blesser.

Le poulpe

Là encore, les méconnaissances scientifiques ont longtemps laissé penser que les invertébrés ne disposaient pas des capacités cognitives suffisantes pour se servir d’outils. On sait aujourd’hui, au contraire, que les poulpes font partie des espèces les plus ingénieuses et créatives. Ils peuvent par exemple se saisir de bouts de noix de coco et les assembler pour s’en faire une armure. Et leur utilisation n’est pas unique : ils les transportent pour s’en resservir plus tard.

L’éléphant d’Asie

Les éléphants utilisent des outils dans de nombreuses situations. On pense notamment aux « bains » : à l’aide de leur trompe, ils prennent de l’eau, de la boue ou de la poussière pour s’en asperger le dos. Il leur arrive aussi, lorsqu’ils adoptent un comportement agressif, de lancer des projectiles. Il y a seulement quelques mois, nous en avons appris plus sur les rites funéraires pour éléphanteaux en Asie. À chaque fois, le troupeau a d’abord creusé un trou pour y placer le petit défunt. Ensuite, tous les membres du troupeau se sont servis de terre pour le recouvrir, chacun à leur tour.

Les corvidés

Assembler plusieurs objets pour créer de nouveaux outils demande des capacités de modélisation peu connues chez les animaux, en dehors des grands singes. Chez les oiseaux, les corvidés semblent faire partie des champions dans le domaine. Ils sont capables d’assembler plusieurs bâtonnets afin de créer un outil adéquat (une perche, une lance ou un crochet, par exemple) pour atteindre de la nourriture difficilement accessible. Cela signifie qu’ils sont capables de prévoir, telle une partie d’échecs, un scénario et se projeter mentalement dans leurs actions futures en fonction du résultat qu’ils veulent obtenir. Il arrive aussi que les corvidés, une fois satisfaits de leur outil, le cachent pour une utilisation ultérieure.

L’araignée corolle

L’araignée corolle utilise des petits cristaux de quartz comme piège mortel. En effet, elle creuse un trou autour duquel elle installe ces petits cristaux, reliés chacun à un fil. Il suffit alors qu’une proie l’effleure pour que l’araignée sente la vibration et s’empare de sa victime.

La fourmi

Last but not least, les fourmis se servent parfois de grains de sable ou autres éléments végétaux pour imprégner un liquide comestible (par exemple du miel) et le ramener dans leur colonie ! En effet, elles ont été observées ramasser un objet éponge dans leurs mandibules, le déplacer jusque sur le liquide, le laisser s’en imprégner avant de le rapporter chez elles.

Même au sein des espèces citées ici, gardez à l’esprit que ce ne sont qu’un ou deux exemples ; souvent, un animal qui utilise des outils en fait usage pour de multiples raisons. Et c’est passionnant !

Nos connaissances en la matière ne font que croître à mesure que l’on accumule les observations scientifiques. Ce qui laisse entendre que nous ne sommes probablement qu’aux prémices de nos découvertes. Le sujet est passionnant : nous pouvons en apprendre énormément sur les animaux grâce aux outils qu’ils utilisent… Et améliorer notre compréhension de leurs capacités cognitives, surtout si leur utilisation est planifiée et flexible.

Nous le répétons souvent : nous ne pouvons protéger que ce que nous connaissons. Cette compréhension fait partie des outils indispensables qui nous permettent, à nous, humains, de mieux sauvegarder l’incroyable diversité ingénieuse qui peuple notre planète.