234 nouvelles espèces découvertes en Asie du Sud-Est
234 nouvelles espèces découvertes en Asie du Sud-Est
Un lézard dont le nom semble sorti de Game of Thrones, un triton crocodile de haute altitude, un poisson d'eau douce déjà bien connu des aquariophiles et une vipère à cils ne sont que quelques-unes des 234 espèces décrites en 2023 par les scientifiques dans la région du Grand Mékong, en Asie du Sud-Est. L’étude de la biodiversité des zones où nous opérons est un élément clé d'un travail de conservation réussi, merci de votre soutien !
Il y a deux semaines à peine, nous vous parlions des 742 nouvelles espèces découvertes dans le Bassin du Congo. Aujourd’hui, c’est une nouvelle tout aussi réjouissante, qui nous vient la région du Grand-Mékong, cette fois.
Il est de notoriété publique que cette région d’Asie du Sud-Est (qui comprend le Cambodge, le Laos, le Myanmar, la Thaïlande et le Vietnam), est également un haut lieu de la biodiversité mondiale. Parmi les espèces les plus iconiques qui y trouvent refuge, citons l’éléphant d’Asie, le tigre ou encore la raie géante d’eau douce (googlez, vous ne serez pas déçu·e).
Mais certains lieux restent très reculés de toute installation humaine ; une mine d’or pour les scientifiques en quête d’espèces à découvrir. Chaque année, des expéditions et autres méthodes permettent ainsi de faire avancer nos connaissances sur cette région. En 2023, ce sont encore 234 nouvelles espèces de plantes et d’animaux qui s’ajoutent au palmarès : 173 espèces de plantes vasculaires, 26 reptiles, 17 amphibiens, 15 poissons et trois mammifères. Notre rapport qui sort aujourd’hui documente le travail de centaines de scientifiques d'universités, d'organisations de conservation et d'instituts de recherche du monde entier.
Comment sont découvertes ces espèces ?
Les espèces décrites dans ce rapport sont découvertes de différentes manières.
Certaines sont collectées lors de missions sur le terrain et peuvent rester des années, voire des décennies, dans des musées d’histoire naturelle et des jardins botaniques avant d’être identifiées.
Ensuite, des espèces sont découvertes dans le cadre du commerce, comme c’est le cas de nombreuses espèces d’orchidées et de poissons d’aquarium. « Nous devons nous assurer que ces espèces sont décrites et comprises afin de ne pas les perdre à cause de la surexploitation avant même qu’elles ne soient identifiées dans la nature », explique Jedsada Taweekan, responsable régional du programme sur le commerce illégal d’espèces sauvages pour le WWF-Grand-Mékong.
Enfin, des citoyen·nes passionné·es découvrent aussi des espèces. Au Myanmar, par exemple, une nouvelle espèce de bégonia (B. kayinensis) a été identifiée grâce à des photos envoyées par un amateur local, Paing C.S..
Vous l’aurez compris : ces découvertes sont le fruit d’efforts collectifs qui allient outils conventionnels et non conventionnels, prouvant que la description des nouvelles espèces n’est pas l’apanage de l’élite scientifique.
Quelques exemples
Toutes les espèces nouvellement décrites s’accompagnent d’une histoire passionnante. En voici quelques-unes pour vous donner un avant-goût.
Une biodiversité riche et en péril
Depuis 1997, 3 624 nouvelles espèces ont été documentées dans le Grand Mékong, témoignant de la richesse exceptionnelle de cette région. Mais cette abondance s'accompagne d'une responsabilité : protéger ces trésors naturels face aux menaces humaines, comme la perte d’habitats, la surexploitation ou le changement climatique.
« Bien que ces espèces n’aient été décrites par la science que l’année dernière, elles vivent dans les habitats uniques de notre région depuis des millénaires », rappelait Chris Hallam, responsable régional de la faune pour le WWF-Asie Pacifique. « Chacune de ces espèces est une pièce essentielle d’un écosystème sain et fonctionnel, ainsi qu’un joyau du riche patrimoine naturel de la région. »
Pourtant, nombre d’entre elles disparaissent avant même d’être découvertes. Ou figurent, aussitôt décrites, sur la liste rouge des espèces menacées.
Or, au-delà de l’intérêt intrinsèque de la recherche scientifique, ces nouvelles espèces pourraient détenir des solutions inédites, notamment dans le domaine pharmaceutique. Car, rappelons-le, l’énorme majorité de nos médicaments sont issus de la nature.
Pour enrayer ces pertes, le WWF collabore avec des communautés locales, des scientifiques, des gouvernements et des partenaires afin de mieux comprendre et protéger ces espèces, tout en luttant contre les menaces critiques, comme la criminalité liée aux espèces sauvages et la surexploitation.