Les forêts, des alliées essentielles pour la préservation du climat

Les forêts, des alliées essentielles pour la préservation du climat

En marge du Sommet sur le climat qui se tient à Paris, Yolanda Kakabadse, la Présidente du WWF-International, est venue donner un avertissement ferme aux négociateurs : si rien n’est fait pour réellement stopper la déforestation et la dégradation des forêts dans le monde, nous ne parviendrons pas à maintenir l’élévation de la température mondiale à 1,5°C. La déforestation et la dégradation des forêts est responsable de 12% des émissions de CO2, d’après la revue Nature.

 

Le jour suivant, le WWF a publié un rapport démontrant que si l’on arrête la déforestation dans 12 pays qui ont des forêts tropicales, les émissions annuelles de CO2 diminueront de 4.8 Gigatonnes. Cela est équivalent aux émissions combinées de l’Inde, du Japon et de l’Australie. Cependant, les projets actuels de lutte contre la déforestation et de reboisement ne pourront se réaliser que si la communauté internationale leur accorde un soutien et un financement suffisant, prévient également le rapport.

Au côté de Yolanda Kakabadse, le WWF avait convié à cette conférence plusieurs orateurs spécialistes des zones naturelles protégées, issus du monde académique, politique et du réseau WWF. Tous étaient convaincus que la préservation et la restauration des écosystèmes sont essentiels pour préserver le climat. Ci-dessous, quelques extraits de cette conférence.

Notre assurance vie

D’après Braulio Dias, de la CDB (Convention sur la Diversité Biologique), la biodiversité est notre assurance vie. Au plus la biodiversité est riche, au plus les systèmes agricoles, forestiers et de pêche seront résistants au changement climatique et aux maladies. La perte en biodiversité rend nos écosystèmes plus vulnérables aux catastrophes naturelles. L’assèchement des zones humides et le déboisement contribuent aux émissions de gaz à effet de serre, qui renforcent le changement climatique. En conclusion, au mieux la biodiversité est préservée, au mieux les systèmes qui sous-tendent la vie humaine sur terre résisteront aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.

Flory Botamba du WWF-RDC a souligné l’importance de la forêt congolaise qui représente 10% de la surface forestière mondiale et a la capacité d’absorber trois ans d’émissions mondiales ! Un énorme enjeu pour la planète donc. Pourtant, ces forêts sont sous pression à cause des populations qui les utilisent pour manger, cuisiner, se chauffer, ou encore pour des besoins industriels, parfois de manière renforcée suite à des guerres ou des crises. Certains s’enrichissent grâce à l’exploitation des forêts, mais la majorité de la population est perdante face à la dégradation de celles-ci. Dans la province de Maï-Nbdombe, le WWF tente d’instaurer un cadre légal avec les autorités et de sensibiliser les populations à la préservation de leur nature, contre une compensation financière. Les gens sur place se rendent bien compte des effets du changement climatique : les saisons et les régimes de pluie qui changent, les cultures qui se comportent différemment,…

Oscar Guevarra du WWF-Colombie a expliqué que la protection de la nature il y a 20 ans était relativement facile. En tant que gestionnaire d’un parc naturel ou d’une zone protégée, la tâche principale était la conservation de la faune et la flore ainsi que la mise en place d’un tourisme durable. Mais cela a bien évolué : à présent il faut aussi gérer les différentes fonctions des écosystèmes et gérer des programmes comme le REDD (un programme de réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts via la rétribution des pays qui protègent leurs forêts) par exemple. Naturellement, pour avoir droit aux financements internationaux, un reporting complet doit avoir lieu. Cela signifie que la pression sur les gestionnaires a augmenté et qu’il y a un besoin de renforcement des capacités.

Guevarra a également confirmé que des zones protégées bien gérées jouent un rôle crucial pour nous protéger contre les conséquences du réchauffement climatique. Cela est particulièrement vrai pour les zones forestières qui captent le CO2. Lorsque les arbres sont abattus, non seulement ils ne le captent plus mais cela libère des émissions dans l’atmosphère lorsqu’ils sont brûlés ou qu’ils pourrissent et lorsque la matière organique du sol s’oxyde. La déforestation représente 12% des émissions de CO2, ce qui en fait la deuxième source d’émissions derrière la combustion des ressources fossiles.

Jusqu’à présent, l’importance de préserver l’intégrité des écosystèmes est encore mentionnée dans le préambule du texte officiel de l’accord climat dont les derniers points sont négociés en ce moment. En espérant que cela reste ainsi et surtout que cela soit mis en pratique concrètement sur le terrain.