L’Accord de Paris passe son premier test de résistance à la COP22

L’Accord de Paris passe son premier test de résistance à la COP22

Julie Vandenberghe, notre experte Climat & Énergie, s’est rendue à la COP22 de Marrakech. Elle nous fait part de ses impressions quant à cette conférence, qu’elle qualifie de COP de l’espoir.

 

« La grand-messe annuelle de la lutte contre le changement climatique, qui se tenait cette année à Marrakech, s’est achevée il y a quelques jours. La ‘COP de l’action’, la ‘COP du Sud’, la ‘COP africaine’ ; rarement une COP n’avait reçu autant de qualificatifs. C’est dire les attentes qui accompagnaient cette 22e Conférence des Parties sur le climat. L’année dernière, la conférence de Paris a débouché sur un important accord politique qui s’est révélé plus ambitieux que prévu. 195 pays se sont en effet engagés à limiter la hausse mondiale des températures sous la barre des 2 °C, voire 1,5 °C. Cet accord majeur, adopté plus rapidement que jamais, est officiellement entré en vigueur le 4 novembre 2016.

Mais en dépit de l'accord, il restait encore beaucoup à faire. Cette année, l’objectif principal de la COP était de donner forme aux détails techniques de l’accord. Des règles claires en matière de contrôle, de transparence et de financement sont en effet essentielles à la mise en œuvre de l'Accord de Paris. Bien que cet objectif n’ait pas été totalement atteint, la COP de Marrakech constitue tout de même une première étape importante dans la mise en œuvre de l'Accord de Paris. La prochaine étape cruciale aura lieu en 2018 et d’ici là, il est essentiel que l’ensemble des pays accélèrent le pas et proposent des plans climatiques nationaux encore plus ambitieux.

Toutefois, la COP de Marrakech aurait pu être plus productive. Les résultats des élections américaines ont en effet semé l'agitation parmi les signataires de l'Accord de Paris, le président élu n’ayant pas donné l’impression d’être très favorable à l'action climatique par le passé. Sans le soutien actif du plus grand pays émetteur de gaz à effet de serre, les États-Unis, il sera évidemment plus difficile de mettre en œuvre l’Accord de Paris. Mais malgré ces inquiétudes, les délégations de nombreux pays se sont engagées à poursuivre leur lutte pour atteindre les objectifs de Paris et ont appelé les États-Unis à ne pas se soustraire à leurs responsabilités. Les engagements de chaque pays figurent dans le Marrakech Action Proclamation, l'héritage politique de la COP22. On y décèle par ailleurs le caractère exceptionnel et irréversible de la dynamique climatique après Paris : ‘we have seen extraordinary momentum on climate change worldwide, and in many multilateral fora. This momentum is irreversible – it is being driven not only by governments, but by science, business and global action of all types at all levels.

Cette 22e conférence sur le climat était pour moi la COP de l'espoir. De nombreux communiqués de presse, événements et actions organisés dans le cadre de la conférence indiquent que l'évolution que nous connaissons ces dernières années est imparable. Les investisseurs américains présents à Marrakech ne semblaient pas intimidés par le résultat des élections : tandis que le changement climatique présente de nombreux risques pour l'investissement, les énergies renouvelables sont de moins en moins chères, contrairement aux combustibles fossiles. L'homme d'affaires qu’est le président élu ne pourra, à terme, que reconnaître cela. Bien sûr, de tels événements politiques peuvent influencer la transition que nous connaissons actuellement, mais ils ne pourront jamais entraîner une marche arrière. La direction dans laquelle nous allons est claire. Mais quand atteindrons-nous notre objectif ? Selon la science, mieux vaut tôt que tard.

Pas moins de 47 pays du ‘Climate Vulnerable Forum’ montrent déjà l’exemple. Ces pays, dont les Philippines, le Maroc et l'Afghanistan, qui sont durement touchés par les conséquences du changement climatique, se sont engagés à effectuer dans les plus brefs délais une transition vers 100 % d’énergie renouvelable et à intensifier leurs plans climatiques nationaux, ce qui était impensable il y a quelques années.

De telles actions seraient plus que bienvenues au sein de notre propre pays. Paru la semaine dernière, le nouveau rapport de l'Agence européenne pour l'Environnement montre que, sans mesures supplémentaires, la Belgique ne pourra pas atteindre ses objectifs climatiques d'ici à 2020. Notre pays a besoin de toute urgence d'un plan climat et énergie à long terme, qui soit à la fois cohérent et ambitieux. Nos ministres ont donc du pain sur la planche ! »